Live News

Résistance aux antibiotiques : L’OMS s’inquiète, Maurice renforce la prévention

Contact:

Face à la hausse de la résistance bactérienne aux antibiotiques, l’OMS alerte sur un risque sanitaire mondial. À Maurice, le ministère de la Santé annonce des campagnes de sensibilisation et des actions pour encadrer l’usage de ces médicaments essentiels.

Publicité

Une infection bactérienne sur six dans le monde résiste désormais aux antibiotiques courants, compromettant l’efficacité des traitements essentiels et menaçant la santé de la population mondiale. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme et appelle à un usage plus responsable des antibiotiques. 

« Nous devons utiliser les antibiotiques de manière responsable et veiller à ce que chacun ait accès aux bons médicaments, à des outils de diagnostic fiables et à des vaccins », a avancé le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, le lundi 13 octobre. Selon l’organisation, la résistance aux antimicrobiens (RAM) a été directement responsable de 1,27 million de décès en 2019 et a contribué à près de cinq millions de décès dans le monde. Sans action, les infections résistantes pourraient entraîner jusqu’à 3 000 milliards de dollars de pertes annuelles de PIB mondial d’ici 2030.

Face à cette menace croissante, le ministère de la Santé mauricien prévoit plusieurs mesures pour lutter contre l’usage abusif des antibiotiques. « Des campagnes de sensibilisation sont prévues auprès des médecins, des pharmaciens et du grand public », annonce le Dr Aswamed Dinassing, directeur général par intérim des services de santé. L’objectif : renforcer la prise de conscience sur des risques liés à la résistance bactérienne.

Dr Dooshanveer Nuckchady, infectiologue au ministère de la Santé, explique que deux documents-cadres sont déjà en place : le National Action Plan on Antimicrobial Resistance (avril 2024 – mars 2029) et les National Antibiotics Guidelines 2024. Selon lui, ces outils doivent être davantage vulgarisés afin de modifier les habitudes d’utilisation des antibiotiques. « Le protocole existe dans les hôpitaux, mais il faut poursuivre les séances de formation avec les médecins. » Ces formations, déjà amorcées depuis un an, se poursuivent de manière continue.

Le mercredi 15 octobre, un Medical Update consacré à la RAM , réservé aux médecins et aux spécialistes, se tient à l’Université de Maurice. En novembre, d’autres activités sont prévues dans le cadre de la Semaine mondiale de sensibilisation sur la résistance aux antimicrobiens, notamment des campagnes dans les hôpitaux publics et les médias.

Pour le Dr Nuckchady, le problème découle en grande partie des comportements. « Certains prennent encore des antibiotiques pour une fièvre, une toux ou une gastroentérite. Cette perception, valable il y a des décennies, a conduit à la résistance actuelle. Il faut changer les mentalités », indique-t-il. L’infectiologue estime qu’une meilleure vigilance est également nécessaire dans les pharmacies, où des antibiotiques continuent parfois d’être vendus sans ordonnance. Il pointe aussi du doigt certains médecins qui prescrivent trop facilement ces médicaments sans attendre les résultats d’analyses. « Ce problème n’est pas propre à Maurice. Il s’agit d’un enjeu mondial sur lequel l’OMS concentre ses efforts. »

De son côté, le Dr Dinassing précise que le ministère de la Santé entend limiter l’accessibilité des antibiotiques sans prescription. Des actions seront prises contre les pharmaciens fautifs, tandis que des campagnes de sensibilisation visent aussi bien les médecins du service public que ceux du privé. Il rappelle que les antibiotiques doivent être prescrits uniquement lorsque les traitements antiviraux n’ont pas donné les résultats escomptés, et dans les cas graves.

Hausse de 40 % de la résistance aux antimicrobiens

Selon un rapport de l’OMS fondé sur les données du Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de leur usage (GLASS), la résistance a augmenté dans plus de 40 % des associations agent pathogène-antibiotique surveillées de 2018 à 2023, avec une progression annuelle moyenne de 5 à 15 %. « La résistance aux antimicrobiens (RAM) progresse plus vite que les avancées de la médecine moderne et menace la santé des familles dans le monde entier », déplore le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La résistance est particulièrement élevée en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale, où une infection sur trois signalée était résistante, contre une sur cinq en Afrique. Le rapport évalue la résistance à 22 antibiotiques utilisés contre les infections urinaires, gastro-intestinales, sanguines et la gonorrhée. Huit bactéries pathogènes courantes sont suivies, dont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Acinetobacter spp. et Staphylococcus aureus.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !