Le soleil a repointé le bout de son nez et les scènes de désolation de ces derniers jours disparaissent graduellement. Pourtant, pour certaines familles, rien n’est rose et les rayons de soleil n’arrivent pas à ramener le sourire. à Résidence Mère Teresa, Rosemonde Aurélien a failli perdre la vie lors des récentes inondations. Alitée depuis trois ans, elle a pu être sauvée de justesse. Mais que se passera-t-il lors des prochaines intempéries ?
Il est 14 heures. Le soleil brille de mille feux. Nous sommes à Résidence Mère Teresa. Les murs sont colorés. Ces couleurs cachent cependant la situation dans laquelle de nombreuses familles vivent. Nombreuses d’entre elles profitent du soleil pour faire sécher vêtements, draps, matelas et des appareils électroménagers, qu’ils espèrent fonctionneront toujours. Dans une ruelle, des maisonnettes en blocs sous tôle sont alignées l’une à côté de l’autre. Difficile de se prononcer sur leur nombre.
Depuis quelques jours, soit depuis les grosses pluies qui se sont abattues sur l’île, une femme, jusqu’ici inconnue, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Alitée depuis trois ans, on la voit, sur une photo partagée sur Facebook, alongée sur un lit, alors que l’eau a déjà envahi sa chambre à coucher. Il s’agit de Rosemonde Aurélien. Cette photo a été postée par sa petite fille, qui affirme qu’ils sont des oubliés des autorités. « Lapli, divan, inondasion, kan nou telefone pou gagn led, personn pa vini. Nou pa dimoun non ? Dilo ariv ziska zenou, ou rod enn sekour ou res sone mem », affirme le gendre de Rosemonde. Il explique que c’est difficile de faire un peu de progrès quand à chaque averse, il faut jeter une bonne partie de leurs affaires et recommencer presque à zéro.
Rosemonde ajoute qu’elle a cru qu’elle allait mourir ce jour-là. « Cela fait trois ans que je ne peux plus marcher à cause de plusieurs complications de santé. Sak fwa kan lapli tombe mo avoy mo lame anba mo gete si delo pe monte. Sann fwa la mo lame dan delo net, mo senti delo la pe kontign monte mem. Lerla monn kriye. »
Heureusement que ses enfants et petits-enfants étaient tous là. Ensemble, ils l’ont soutenue et l’ont emmenée dans une autre pièce. C’est là que nous la rencontrons. Dans la pièce, il n’y a qu’une vieille armoire, un lit qui appartient à sa fille, son fauteuil roulant, qui est dans un état déplorable, et une petite table pour ses affaires. Afin de pouvoir dormir confortablement, la famille a dû emprunter un matelas à un voisin.
Autour de nous, tout est encore dans un sale état. Le sol de la cour et même des maisons est toujours boueux. L’odeur de moisi est omniprésente.
Rosemonde a du mal à accepter ces conditions difficiles. Elle nous raconte qu’elle a travaillé toute sa vie et qu’elle aspirait à quelque chose de meilleur. « Je travaille depuis l’âge de 12 ans. Sa lepok la nou ti al lav linz kot dimoun, fer enn ti louvraz, travay dan karo », dit-elle. Et elle l’a fait jusqu’à ce que son corps s’use. C’est ainsi que depuis trois ans, elle ne peut plus marcher. De temps en temps, ses enfants la placent sur le fauteuil roulant, sinon elle reste allongée toute la journée. Ses moments préférés sont ceux partagés avec ses petits-enfants, qui viennent lui parler de leurs journées. Veuve depuis plus de 20 ans, elle a eu 10 enfants, dont 5 sont déjà décédés. « J’avais une fille qui est morte il y a 15 jours. On ne sait même pas ce qu’elle a eu. Elle a ressenti des douleurs et avant que les secours n’arrivent, elle a rendu l’âme. C’est principalement elle qui s’occupait de moi et c’est dur sans elle », raconte-t-elle tristement.
Aujourd’hui, Rosemonde continue à vivre dans ces conditions déplorables. Et si on la soulageait un peu ? Pour cela, il lui faudrait un lit (de préférence un lit médical, un bon matelas, quelques draps, deux oreillers, une armoire, un bon fauteuil roulant, des provisions et, pourquoi pas, une télé afin qu’elle puisse avoir de quoi se distraire au moins pendant la journée. « Mem si monn travay toutolon mo lavi, zordi enn televizion mo pa kapav aste. Mo res dan nwar enn zourne ziska ki zot met mwa inpe dan sa fotey la pou mo get par lafnet », avance-t-elle amèrement. Toute personne qui souhaiterait lui venir en aide peut contacter la rédaction au 208 6002 ou par SMS/ WhatsAPP au 5256 5154.
Quid des autorités ? Les habitants de Résidence Mère Teresa n’ont qu’une demande : « Qu’on nous rende visite pour voir dans quelles conditions on vit, que l’on installe des drains. C’est urgent, sinon un jour quelqu’un finira par y perdre la vie. »
En attendant, ils se relèvent tout doucement, lentement, en priant que Mère Nature ne fasse pas d’autres caprices…
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