La Résidence Argy est devenue le repaire des toxicomanes. Et la situation empire chaque jour, selon les habitants las de cette situation. On peut y acheter de la drogue 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Le trafic se fait ouvertement, dans un chemin dont l’accès est rigoureusement contrôlé. Nul, hormis les clients toxicomanes, ne s’y aventure, de peur de se faire agresser…
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Résidence Argy semble peu à peu s’être transformée en ghetto. Certains considèrent ce quartier comme le fournisseur de drogues par excellence de l’Est de l’île. Ici, tout se vend : héroïne, cannabis, drogues synthétiques, etc. Un véritable fléau qui gangrène ce quartier où vivent plusieurs familles. Las de cette situation, les habitants ont dressé une liste de trafiquants qu’ils ont remise aux autorités concernées en 2017. Ils attendent désespérément des solutions pour endiguer la prolifération de la drogue.
Selon eux, une vingtaine de personnes font du trafic de drogues à Résidence Argy. Et pas moins de cinq gros dealers contrôleraient la région. « Depi 6 zer gramatin ziska for tar dan la nwit, a part zoure ou pa tann nanie. Isi nou bizin pa sorti. Nou nek res dan lakaz avek bann zanfan. P a kapav sorti parski ena vatevyen dan kartye par bann toksikomann ki vinn dan site pou aste ladrog », explique une mère de famille.
Comme un malheur ne vient jamais seul, ce fléau touche de plus en plus d’adolescents qui se sont transformés en véritables trafiquants. Leur terrain de jeu : le chemin Rail dont l’accès est rigoureusement contrôlé. Tout a été pensé. Une voiture de couleur blanche a été mise à la disposition des toxicomanes venus acheter leur dose. Le véhicule se trouve dans un champ de cannes à sucre en face du chemin Rail. Les clients se shootent à l’abri des regards.
Overdose
Un adolescent, connu sous le sobriquet de Tiboss, fait partie des dealers. Du haut de ses 15 ans, il supervise une dizaine de jeunes qui travaillent pour lui et qui contrôlent l’accès au chemin Rail. « Zot anpes taxi ou bann loto pas dan sa simin-la. Seki pa konn sa landrwa-la zot rantre, me apre zot gagn bate. Bann abitan bizin servi enn lot larout, apel simin Bomore, pou rant kote zot. Railway inn vinn zis pou trafikan ek droge », raconte un habitant.
La voiture blanche dans laquelle se shootent les clients toxicomanes a une autre utilisation. Elle fait aussi office de bordel pour que des jeunes filles de 15 à 18 ans qui se prostituent passent du bon temps avec leurs clients. « Depi nou lakaz nou tann trafikan dir zot bann zoke donn li enn rouz, enn ble ou enn ver, setadir sintetik. Pou leroinn zot dir enn blan. Kan lapolis vini, zot krye : ‘Krapo pe vini’. Pou l’ADSU, zot dir : ‘Krapo nwar pe vini’. Zot fini organize pou larout vinn kler. Zot pike kot larivier ou dan kartie tou. Tou lezour ou trouv bann zenn fer overdose ek tonbe », déclare un habitant.
Dès l’aube, soit à partir de 6 heures, les jurons pleuvent dans le quartier. Les bagarres entre toxicomanes sont devenues monnaie courante. Les habitants craignent pour leur sécurité et celle de leurs enfants. « Nos enfants n’ont d’autre choix que de rester à la maison pour ne pas courir le risque de se faire piquer par une seringue usagée. Nous avons vu des enfants de sept à huit ans jouer avec des seringues », indique un habitant.
Afin de se sentir plus en sécurité, les habitants ont érigé de grands murs en béton pour clôturer leur cour et sécuriser leur domicile. Ils disent avoir maintes fois téléphoné sur la hotline 148 pour demander de l’aide. Ils concèdent que des interventions ont eu lieu.
Mais ils déplorent le fait que les trafiquants parviennent à savoir à l’avance quand auront lieu les descentes de la police. Y aurait-il une taupe ? C’est ce que se demandent les habitants. « Pa kapav ki sak fwa nou telefonn lapolis bann-la krye : ‘Pran kont, krapo nwar pou vini la’. Nou lans enn appel a nou Premie minis pou ki li vinn ed nou e soulaz nou avek sa problem ladrog-la », lancent les habitants.
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