En réaction au rapport critique « State of the economy », publié en décembre dernier par le nouveau gouvernement, le MSM a souligné que l’économie du pays reste en bonne santé, en se basant principalement sur l’augmentation des réserves.
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Les réserves du pays passent de Rs 321,4 milliards en décembre 2023 à Rs 402,7 milliards un an plus tard, soit de quoi couvrir 13,3 mois d’importations. C’est ce qui ressort du rapport « Gross Official International Reserves : End-December 2024 », publié le 7 janvier par la Banque de Maurice (BoM). Le Mouvement socialiste militant (MSM) n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué en date du 8 janvier, le parti de Pravind Jugnauth déclare accueillir positivement ces données : « Les chiffres officiels de la Banque de Maurice indiquent que l’économie du pays est en bonne santé. »
Mais la question se pose : le niveau des réserves est-il un indicateur clé de la santé économique d’un pays ? Le Dr Chandan Jankee, économiste, est d’avis que les réserves sous forme de mois d’importations sont une indication positive, surtout lorsqu’elles sont en hausse. Cependant, nuance-t-il, cela ne signifie pas forcément que l’économie est en parfaite santé.
Pour sa part, l’économiste Sameer Sharma considère que les réserves ne sont pas un élément clé pour cerner l’état de l’économie. Si l’on se base uniquement sur le montant brut, nul doute qu’il a augmenté. Il est important, néanmoins, selon Sameer Sharma d’étudier le « Foreign Currency Liquidity Template » publié par la BoM, qui détaille les réserves. « Il faut retirer l’argent qui n’appartient pas à la Banque centrale pour obtenir la valeur nette des réserves », précise l’économiste.
En décembre dernier, le gouverneur de la Banque centrale indiquait que le niveau des réserves, quoi qu’en baisse, était bon. « Il faut le consolider. Il y a suffisamment de devises pour tout le monde. Cependant, il faut s’assurer de retirer les distorsions, d’où la prise de mesures. Nous essayons d’enlever le biais de dépréciation », faisait ressortir le Dr Rama Sithanen.
Une source au ministère des Finances rappelle, pour sa part, que dans le rapport « State of the economy » publié en décembre dernier, il est précisé que la marge de manœuvre de la BoM en matière de réserves internationales est limitée. Le chiffre des réserves internationales officielles brutes publié par la BoM (8,4 milliards dollars à la fin novembre 2024) comprend des soldes qu’elle ne détient pas directement, comme les soldes de change des banques commerciales et les prêts contractés par la Banque centrale auprès de banques commerciales internationales.
« Dans la méthodologie, on ne peut pas compter le montant brut des réserves comme un indicateur fiable et encore moins de la performance du pays. Il faudrait le calculer en net. Le MSM se base sur un indicateur erroné », soutient la source.
Des solutions pour consolider les réserves
Le Fonds monétaire international (FMI), avait dans son dernier Article IV, préconisé la poursuite de la flexibilité du taux de change et des achats de devises lorsque des opportunités se présentent - conformément au cadre de politique monétaire. Cela devrait contribuer à renforcer les réserves de change et se prémunir contre les chocs extérieurs. Sameer Sharma explique qu’une façon de consolider les réserves est que la BoM achète des dollars sur le marché. Cependant, cela risque d’aggraver la situation en raison de l’absence de dollars sur le marché. Selon lui, la solution réside plutôt dans le renforcement des fondamentaux économiques, tels que la balance commerciale. « Il faut booster les exportations de biens et services et une consolidation fiscale. Ce sont des mesures dont les résultats se verront dans le long terme », indique l’économiste.
Le calcul du FMI
L’Article IV du FMI sur Maurice, en date de mai 2024, précise que les réserves officielles brutes sont tombées à 7,3 milliards de dollars (environ 9,7 mois d’importations) à la fin de 2023, contre 7,7 milliards de dollars à la fin de 2022. Si l’on utilise une mesure modifiée de l’adéquation des réserves du FMI (ARA), les réserves officielles brutes à la fin de 2023 représentaient 97,9 % de la mesure, soit près de la limite inférieure de la fourchette recommandée de 100 à 150 % (annexe III).
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