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Réseau démantelé par les services de l’immigration : falsification de la carte d’identité nationale par des Congolais

Congolais Les deux cerveaux du réseau congolais.

Un réseau de ressortissants congolais, basé à Maurice, est derrière la falsification de la carte d’identité nationale. Cela dans le but d'obtenir le passeport mauricien. Ce sont les officiers de la section Production du Passport and Immigration Office (PIO) qui ont décelé la fraude. Les deux cerveaux du réseau et leur complice local ont été arrêtés jeudi.

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Des Congolais qui s’adonnent à la falsification de documents de l’état civil opèrent à Chemin-Grenier. Les cerveaux du réseau, qui ont débarqué à Maurice avec un visa touriste, ont été arrêtés par les services de l’Immigration. Ils détiennent des cartes d’identité et des passeports falsifiés, et séjournent « légalement » dans le pays depuis trois ans. Ils sont soupçonnés d’avoir falsifié des documents du gouvernement congolais pour permettre à leurs compatriotes d’obtenir par descendance une carte d’identité mauricienne, et ensuite le passeport mauricien en toute « légalité ».

Une vingtaine de Congolais, éparpillés à travers le pays, font également partie du réseau bien ficelé. Ils bénéficient du coup de main d’un contact local. Celui-ci a pour tâche de collecter les copies des passeports des femmes dans la soixantaine contre une somme de Rs 3 000. Le tout se déroule sans que les sexagénaires ne soient au courant de rien. Les copies des passeports sont ensuite remises au cerveau du réseau et c’est ainsi que débute la falsification des documents.

C’est au domicile des Congolais que se déroule la falsification des actes de mariage, des actes de naissance attestant que les « enfants » sont nés en République démocratique du Congo (RDC). Papier, encre, machines à écrire, sceaux portant l’emblème des autorités congolaises : les faussaires  possèdent les appareils visant à reproduire les documents en copie conforme.

Une fois les copies des passeports en main, les Congolais procèdent à la réalisation de faux papiers attestant que les sexagénaires seraient mariées à des ressortissants congolais. Les attestations démontrent que la sexagénaire a aussi séjourné en RDC.

L'intermédiaire du réseau.

Mauriciens à 90 %

La réalisation de faux actes de naissance « d'enfants nés de l’union » s’ensuit. Ces enfants, qui ont la double nationalité, débarquent à Maurice peu après. Ils entament les démarches nécessaires pour l’obtention de leur carte d’identité nationale biométrique et résident pendant quelque temps à Maurice avec  un visa touriste. Les faux documents sont soumis aux autorités locales et c’est ainsi que, par descendance, ils obtiennent leur carte d’identité attestant qu’ils sont citoyens mauriciens à 90 %.

Selon des recoupements, le montant réclamé par le cerveau du réseau serait de Rs 300 000 par personne. Dans la pratique, les cartes d’identité mauriciennes distribuées sont authentiques et « légales ». Mais la falsification se trouve au niveau des actes de naissance des Congolais réalisés par le réseau des trafiquants.

La falsification de ces documents a été décelée, il y a deux semaines par le sergent Ajay Joyeprakash, responsable de la section Production du PIO. Les faussaires s’étaient rendus au PIO dans le but d’entreprendre des démarches pour l'obtention de « leurs passeports mauriciens ». Selon des recoupements, deux anomalies ont été notées dans les documents des Congolais : (i) le fait qu’ils soient de la même tranche d’âge, soit entre 25 et 30 ans, intriguait et (ii) le fait qu'il y ait au moins sept individus qui prétendaient être des frères.

Selon les officiers basés à la section Production du PIO, la majorité des ressortissants congolais ayant bénéficié de la carte d’identité nationale et du passeport mauricien travaillent déjà dans des pays européens ou ailleurs.


Le sergent Roveendradev Jayeprokash, responsable de la section Production : «Nous allons remonter la filière»

Sollicité par Le Défi Plus, le sergent Roveendradev Joyeprakash explique que c’est par « descendance » que les enfants congolais ont bénéficié de la nationalité mauricienne. Il souligne que les officiers des services de l’Immigration envisagent d’interpeller les personnes qui ont remis leur carte d’identité pour la falsification de ces documents.

« Nous allons remonter la filière, car il est important de savoir comment les cartes d’identité des locaux ont atterri entre les mains de ce réseau congolais », déclare-t-il. Le sergent Jayeprokash est le responsable de l’opération ayant mené à l’arrestation de deux Congolais, vendredi après-midi à Chemin-Grenier.

« Ces derniers jours, nous avons réceptionné plusieurs demande avec lieu de résidence le Congo. C’est lors de la vérification des documents que nous avons décelé  la falsification. Une enquête a immédiatement été initiée », explique le sergent Jayeprokash.


Narendrakumar Boodhram, responsable du Passport and Immigration Office : «Les passeports livrés seront étudiés au cas par cas»

Le Passport and Imigration Office envisage de frapper un coup après le démantèlement du réseau des trafiquants de faux actes de naissance.

Les Congolais ayant bénéficié du passeport mauricien seront retracés. Des enquêtes seront initiées afin de vérifier l’authenticité des documents fournis par le PIO lors de la réalisation des passeports.

« Les passeports qui ont été livrés aux Congolais seront étudiés au cas par cas. Qu’ils soient en Europe ou ailleurs, nous les traquerons. Dans un premier temps, les services de l’Immigration envisagent dès maintenant d’enclencher les démarches nécessaires en vue de rendre les passeports invalides à travers le monde », soutient Narendrakumar Boodhram, du PIO.


Le PMO alerté

Le Bureau du Premier ministre a été alerté de l’opération menée par les hommes du sergent Roveendradev Jayeprokash depuis jeudi après-midi. L’une des recommandations du PIO est l’introduction d’un certificat de nationalité distribué aux ressortissants congolais lorsque ces derniers enclencheront des démarches pour l’octroi d'un passeport mauricien.

Ce que dit la loi

La loi est claire. Ceux trouvés coupables de falsification ou de modification de documents de l’État commettent est un délit grave sous l'article 66 de la Civil Status Act. Notre source policière explique que les contrevenants sont passibles d’une peine n’excédant pas 30 ans d’emprisonnement. Ceux qui sont trouvés coupables de modification de passeports commettent également un délit sous l'article 114 du Code pénal et risquent une réclusion criminelle n’excédant pas 10 ans.

 

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