
La FFC riposte aux propos d’Ashik Jagai
Tournant majeur dans l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) sur un vaste réseau de blanchiment d’argent. Mercredi, les enquêteurs ont arrêté Wendip Appaya, directeur de sociétés soupçonné d’avoir dépensé
Rs 79 millions en l’espace de cinq ans pour l’acquisition de voitures de luxe. L’homme de 42 ans est également cité dans des liens financiers suspects avec Ally Jagai, le fils du surintendant de police (SP) Ashik Jagai (voir en page 4), et Steeven Mootoocurpen, deux figures déjà ciblées par la FCC.

Selon la FCC, Wendip Appaya aurait acquis plusieurs véhicules haut de gamme entre janvier 2020 et mars 2025. Ces transactions, sont évaluées à Rs 79 millions. Une McLaren Artura, estimée à Rs 12 millions, une BMW M8 du même montant et un Range Rover SUV de Rs 9 millions figurent parmi les voitures saisies. Toutes portaient des plaques personnalisées, WA8, W8 et WW8.
La FCC estime que le financement de ces véhicules pourrait provenir, en partie ou en totalité, de « proceeds of crime ». Un exercice de « money trail » a permis de retracer les flux financiers suspects aboutissant à ces acquisitions.
L’arrestation de Wendip Appaya est intervenue après une séance d’interrogatoire prolongée dans les locaux de la FCC et des perquisitions menées à son domicile ainsi qu’au siège de ses sociétés à Port-Louis. Assisté par son avocat, Yash Bhadain, il a été de nouveau entendu mercredi soir.


Wendip Appaya a nié catégoriquement les accusations de blanchiment, expliquant que ses revenus provenaient de ses activités dans le secteur du nettoyage. Ses déclarations n’ont cependant pas convaincu la FCC, qui l’a placé en état d’arrestation. Il doit être traduit devant le tribunal de Port-Louis ce jeudi sous des accusations formelles de blanchiment d’argent en vertu des articles 3 et 36 du FIAMLA et du FCC Act.
La thèse du « stage show » d’Ashik Jagai démontée
L’affaire Appaya survient alors que la FCC répondait encore aux critiques émises par le surintendant de police Ashik Jagai. Mardi, lors de l’arrestation de son fils Ally, le SP avait dénoncé les opérations de la Commission comme un simple « stage show ».
L’évolution de l’enquête semble pourtant contredire cette affirmation. Des cadres de la FCC affirment que les faits établis démontrent des connexions directes entre les principaux suspects.
« Maintenant, on laisse le soin au public de juger s’il s’agit d’un ‘stage show’ », confient-ils dans les couloirs du siège de l’institution.
L’enquête financière a, en effet, mis en évidence des relations étroites entre Wendip Appaya, Ally Jagai et Steeven Mootoocurpen. Ce dernier, déjà sous le coup d’accusations de blanchiment ayant conduit à la saisie de plusieurs véhicules, est considéré comme un acteur central dans le dispositif.
Toujours selon la FCC, ces trois hommes auraient contribué à faire transiter d’importantes sommes via des structures commerciales pour masquer leur provenance. Des noms déjà connus des services de l’Adsu, notamment celui de Muzzafar Lallmohamed - entendu puis relâché mardi -, apparaissent également dans ce réseau.
L’affaire met ainsi en lumière des connexions entre certains présumés barons de la drogue et leurs hommes de confiance, ainsi que des liens troublants entre des représentants de l’ordre et des circuits de blanchiment.
La méthode de la FCC
La FCC s’appuie sur des enquêtes croisées et la traçabilité des fonds pour établir ses dossiers. Dans le cas de Wendip Appaya, l’utilisation du « money trail » a permis de relier directement ses acquisitions de luxe à des flux financiers jugés suspects.
Des enquêteurs soulignent que l’objectif n’est pas seulement la saisie de biens, mais aussi de démonter des réseaux structurés qui alimentent le blanchiment et, par extension, le trafic de drogue.
Wendip Appaya : parcours d’un cleaner pas comme les autres
Son nom et ses signes extérieurs de richesse circulaient ces derniers temps sur Facebook et TikTok, suscitant de vives interrogations sur la source de ses revenus. Mercredi, la FCC a saisi plusieurs de ses voitures de luxe.
Originaire de Castel, Wendip Appaya a commencé sa carrière en 2006 comme préposé au nettoyage. Installé ensuite à Tranquebar, il fonde en 2007 sa propre société, Dynapro Cleaning Services. L’entreprise connaît une croissance rapide, décroche des contrats pour l’entretien des plus hauts bâtiments de l’île et se spécialise dans le nettoyage en hauteur grâce à une équipe de cordistes.
Aujourd’hui, Dynapro Cleaning Services est reconnue dans le secteur du nettoyage et de la maintenance, notamment de bureaux, appartements et centres commerciaux. La société dispose également de plateformes élévatrices à ciseaux, adaptées à l’entretien de grandes structures.

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