L’alliance PTr/MMM/PMSD, avec des leaders qui sont en désaccord sur le partage de tickets 35/17/8, va-t-elle imploser ? C’était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » de jeudi animée par Prem Sewpaul. Ce dernier avait sur le plateau Subash Gobine, consultant à La Sentinelle Ltée, et l’ancien ministre Dharam Gokhool. Jean Claude de l’Estrac, ex-ministre et ancien rédacteur en chef de l’express, est intervenu par téléphone.
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Est-ce une vraie crise ?
« Si vraiment il y a un problème de répartition des candidatures au sein de l’alliance PTr/MMM/PMSD et si la solution est que le PTr devra se contenter de moins de 30 tickets, cela jouera en faveur de Pravind Jugnauth. Si l’alliance veut être crédible, il faut que Navin Ramgoolam émerge comme challenger. Pour cela, il doit avoir définitivement plus de 30 candidatures », observe Subash Gobine.
Pour Dharam Gokhool, parler de crise est largement prématuré. « Dans cette alliance, il y a quand même deux anciens Premiers ministres. Systématiquement dans leurs déclarations publiques, ils ont mis l’accent sur le fait que le pays a besoin de patriotes pour le sauver du désastre. Le bon sens de ces trois leaders doit prévaloir. Ils sont face à leur destin et ont la volonté de laisser leurs empreintes pour les générations futures. C’est un problème conjoncturel. J’espère que les événements ne vont pas me donner tort », dit-il.
Jean Claude de l’Estrac abonde dans son sens. « Il n’y a pas de crise, mais des difficultés réelles, car pour la première fois de notre Histoire, trois partis majeurs essaient de trouver un accord. Je suis persuadé qu’ils arriveront au bout de leurs difficultés. Le problème de répartition des tickets est, pour moi, un vrai faux problème, car il faut analyser cette question avec le positionnement des candidats dans la hiérarchie de l’alliance. Il faut, d’une part, avoir une répartition qui reconnaît le rapport de forces qui existe entre les trois partis, mais en même temps il faut une répartition pour faire élire le maximum de candidats dans les circonscriptions. »
Il soutient que le PTr doit, en tant que locomotive, avoir une majorité confortable. « Il est possible pour lui de céder encore deux ou trois tickets sans prendre de risque politique. Allons dire qu’il accepte de donner deux tickets au MMM. Sur 19 candidats pour le MMM, combien seront élus ? Dans le meilleur des cas entre 12 et 15. Si le PMSD obtient encore un ticket pour porter son nombre à neuf, il arrivera à faire élire cinq ou six candidats. Navin Ramgoolam reste nettement majoritaire dans ce cas-là. »
Jean Claude de l’Estrac estime que cette tentative de Navin Ramgoolam de mettre ses partenaires devant le fait accompli est « de très mauvais goût », car ce genre d’alliance « doit être basé sur le compromis et la confiance. Personne ne peut imposer quoi que ce soit sinon ça ne marchera pas. Plus vite ils tombent d’accord, mieux c’est, car sinon ils donnent l’impression à l’électorat que c’est une alliance fragile ».
La question du « front bench »
Un autre sujet de préoccupation est le « front bench » que présentera l’alliance rouge, mauve et bleue. « C’est un sujet assez complexe, car nous sommes tous d’accord qu’il doit refléter un certain mélange au niveau des communautés. Avec un ‘front bench’ composé de Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et un représentant de la communauté musulmane, connaissant la région rurale, cela peut poser un problème qui pourra être exploité par le MSM. Mais sans cette représentation sur le ‘front bench’, cela peut avoir une répercussion sur les composantes de la société mauricienne. Étant donné le mood de l’électorat, les composantes autres qu’hindoue sont plus convaincues qu’il faut aller vers le changement. »
Jean Claude de l’Estrac souligne aussi que la représentation ethnique est capitale. « Le principe même de l’alliance est de brasser le plus large possible et d’assurer la représentation de l’ensemble de la population. Mais Navin Ramgoolam et le PTr mènent le combat plus que les autres au front car c’est lui qui affronte directement le MSM dans le ‘hindu belt’ où le MSM tire la majorité de sa force. »
Subash Gobine estime que le « front bench » de l’alliance parlementaire peut être « un point vulnérable » pour celle-ci. Il plaide pour un système plus linéaire à l’Assemblée nationale comme en Grande-Bretagne où le Premier ministre s’assoit parmi les autres ministres et non dans une rangée de quatre comme dans l’hémicycle mauricien.
Le PMSD peut-il s’allier avec le MSM ?
« Je ne trouve pas ça crédible, car Xavier-Luc Duval devra alors venir justifier devant la population qu’il avait fait une erreur en quittant le gouvernement il y a quelques années à cause d’un désaccord sur le Prosecution Commission Bill et dire qu’il est d’accord avec la Financial Crimes Commission Act. Je pense que Xavier-Luc Duval est une personne bien plus intelligente que ça pour entrer dans un tel piège », affirme Subash Gobine, même s’il reconnaît que le MSM peut offrir beaucoup plus au PMSD en termes de responsabilité et de tickets.
Même scepticisme du côté de Dharam Gokhool. « Jusqu’à l’heure, Xavier-Luc Duval assume ses responsabilités correctement comme leader de l’opposition et il ne s’est pas encore prononcé publiquement sur la question des tickets. Même Paul Bérenger n’a pas remis en cause l’alliance. Les discussions continuent donc. En partant avec le MSM, il perdrait toute crédibilité. »
Quoi qu’il en soit, pour Jean Claude de l’Estrac, les élections ne sauraient tarder, car il ne croit résolument pas en une élection partielle au n° 10 (Montagne-Blanche/GRSE) après la démission de Vikram Hurdoyal. « Je pense que les élections sont pour le mois d’août », tranche-t-il.
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