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Répartition des tickets - Alliance Lepep : entre force et fragilité

L’Alliance Lepep a dévoilé le 16 octobre, au Sun Trust, ses soixante candidats pour les législatives du 10 novembre. Le Mouvement socialiste militant s’est attribué la part du lion avec 40 des 60 tickets, soit plus de 66 % des investitures. 

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Cette forte présence du Mouvement socialiste militant (MSM) illustre sa domination au sein de l’alliance en tant que locomotive. Le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) a reçu dix tickets, le Muvman Liberater (ML) en a obtenu cinq, tandis que le Mouvement patriotique mauricien (MPM) et la Plateforme militante (PM) ont respectivement trois et deux candidats.

Ce renouvellement partiel des candidats est marqué par l’entrée en lice de dix-sept novices, soit près d’un tiers des candidats alignés. De plus, la présence de onze femmes candidates, représentant 18 % du total, montre un effort en matière de diversité, même si ce chiffre reste en deçà des attentes pour une véritable parité. En parallèle, douze députés sortants, dont six ministres, n’ont pas eu d’investiture. Certains élus écartés dans un premier temps ont finalement été réintégrés après une révision de la liste.

Les enjeux d’une telle répartition

L’historien et observateur Jocelyn Chan Low se dit quelque peu surpris par cette présentation, surtout après ce qu’il décrit comme un « démarrage manqué » de la campagne. Selon lui, malgré la création d’un comité chargé de scruter minutieusement le profil de chaque candidat potentiel, des tergiversations et des désistements inattendus ont entaché le processus. « Cette situation a donné l’image d’une alliance tâtonnante, peinant à galvaniser ses troupes », a-t-il déclaré. Un constat qui, selon lui, soulève des interrogations sur la manière dont l’Alliance Lepep compte maintenir la cohésion et l’enthousiasme au sein de son électorat.

Fezal Jeerooburkhan, observateur de la scène politique, analyse la situation sous un autre angle. Selon lui, cette liste révèle une volonté de l’alliance de mettre à l’écart les ministres et Parliamentary Private Secretaries (PPS) qui ont été au centre de polémiques ou dont la performance a été jugée décevante par l’électorat. « Plusieurs députés sortants et des ministres ont été déplacés de circonscriptions. Ce qui pourrait être perçu comme un signe d’impopularité dans leurs anciennes bases », explique-t-il.

Stratégie électorale : rural contre urbain ?

L’autre point clé, selon Fezal Jeerooburkhan, réside dans la répartition géographique des tickets. Il note que le MSM semble s’être concentré sur les circonscriptions rurales, en gardant la majorité de ses candidats dans les circonscriptions numérotées de quatre à quatorze, avec quelques exceptions. « C’est une stratégie assumée : le MSM se considère plus fort dans ces régions et laisse davantage de place à ses partenaires pour les zones urbaines et semi-urbaines, là où le terrain électoral peut être plus compétitif », estime-t-il.

Cependant, malgré ces manœuvres stratégiques, Jocelyn Chan Low reste prudent quant à l’efficacité de ces choix. Il rappelle que, dans le passé, des candidats que peu de gens auraient imaginé capables de l’emporter ont pourtant fait basculer des figures majeures de la politique mauricienne. « Prenons le cas de Sharvanand Ramkaun ou de Zahid Nazurally. Qui aurait cru qu’ils battraient l’ancien Premier ministre  Navin Ramgoolam dans les circonscriptions n° 5 et n° 10 ? », souligne-t-il.

Pour Fezal Jeerooburkhan, l’alliance pourrait néanmoins tirer son épingle du jeu grâce à son expérience de travail en commun et à son « chapelet de promesses » destiné à séduire l’électorat. « Les partenaires de l’alliance ont prouvé leur capacité à collaborer efficacement. Ce qui pourrait leur donner un avantage sur leurs adversaires », affirme-t-il.

Controverses

Malgré cet optimisme, les noms de certains candidats alignés par l’Alliance Lepep sont associés à des controverses qui pourraient représenter un handicap majeur. Fezal Jeerooburkhan mentionne notamment le cas de Xavier-Luc Duval, dont le retournement de veste à l’égard du gouvernement pourrait être mal perçu par une partie de l’électorat. « D’autres figures, comme Kavi Ramano ou Steven Obeegadoo, ont également fait l’objet de polémiques. Ce dernier a dû se défendre dans l’affaire du bail octroyé à sa mère. Sans oublier l’ombre de l’affaire Saint-Louis, qui continue de planer sur Ivan Collendavelloo et son colistier Seety Naidoo », évoque-t-il. 

Cependant, Jocelyn Chan Low tempère ces affirmations en soulignant que toutes les allégations portées contre ces candidats ne sont pas nécessairement fondées. « Tant qu’une accusation n’a pas été prouvée devant une cour de justice, on ne peut pas considérer une personne comme coupable. » Certaines attaques contre les candidats de l’alliance pourraient être purement stratégiques, venant de leurs adversaires.

Parité

Enfin, un autre sujet sensible est la sous-représentation des femmes dans les investitures. Avec seulement 18 % de femmes sur la liste de l’Alliance Lepep, Jocelyn Chan Low constate que cette tendance n’est pas propre à cette alliance. Et elle risque fort de se reproduire au sein des autres partis. « Nous sommes loin de la parité homme-femme en politique », déplore-t-il. Et il insiste sur le fait qu’une meilleure représentation féminine est nécessaire pour refléter une démocratie véritablement inclusive.

Fezal Jeerooburkhan partage cette préoccupation, ajoutant que les femmes n’obtiennent pas encore la considération qu’elles méritent dans la sphère politique mauricienne. « Lors de chaque élection, les partis promettent davantage d’investitures pour les femmes. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Une parité totale est difficile à atteindre, mais avoir au moins 35 % à 40 % de femmes serait un progrès significatif », conclut-il.

 

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