La première de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition a coïncidé avec les débuts de la retransmission en direct des travaux parlementaires. Un changement dont il a fait un usage optimal.
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La retransmission en direct des travaux parlementaires a changé la donne et cela s’est ressenti lors de la reprise le mardi 28 mars. Le nouveau leader de l’opposition Xavier-Luc Duval a affiché un style très différent de son prédécesseur, Paul Bérenger. Cette différence était motivée par le fait que le public pouvait le voir ou l’entendre en action, en direct et il n’a eu de cesse de le rappeler. À Nando Bodha, qui répondait à sa première Private Notice Question (PNQ), il a fait remarquer, à plusieurs reprises, qu’il devait fournir des réponses claires non pas au leader de l’opposition, mais au peuple. Le tout, en direct.
Pourtant, Xavier-Luc Duval avait démarré sur une fausse note. Succédant au Premier ministre Pravind Jugnauth, qui avait rendu hommage à l’ex-député Anand Choolun, le leader de l’opposition a pris la parole pour présenter ses condoléances à la famille du défunt. Sauf qu’il s’est trompé et a rendu hommage à Balkrish Gokulsing. « Cela doit être le stress du premier jour », a-t-il lancé en guise d’excuse. Mais ce premier faux pas sera vite oublié.
« Point of order » soulevé
Pendant que Nando Bodha se lançait dans sa réponse et surtout, durant les questions supplémentaires, Xavier-Luc Duval a fait son show. « Je suis tellement content que ceci soit télévisé », a-t-il déclaré, à la suite d’une énième non-réponse de Nando Bodha. « Il répond au peuple de Maurice. » Un rappel que Xavier-Luc Duval fera à plusieurs reprises, notamment en établissant un lien avec la récente déclaration du Mentor Minister sir Anerood Jugnauth, sur ses velléités urinaires : « Le ministre est en train de fuir la question. Si je voulais être désagréable, je dirais qu’il urine sur l’opinion publique. Mais je ne vais pas dire cela. »
Pendant toute la séance, Xavier-Luc Duval gardera un ton agressif, se montrant impatient face aux longues réponses de Nando Bodha. « Reponn kestyon la », lance-t-il à un moment. Plus tard, Xavier-Luc Duval jouera de nouveau dans le registre de la prétérition : « Je ne voudrais pas répéter le terme concernant ce qu’il fait à l’opinion publique. Il a uriné. Je l’ai dit. » Il se permet même de soulever un Point of Order auprès de la Speaker concernant les réponses évasives du ministre des Infrastructures publiques : « Personne n’a posé de questions sur les gares urbaines ! »
Face à l’évocation du devoir d’un ministre de la République d’être attentif à l’opinion publique, Nando Bodha a eu bien du mal à donner la réplique. On l’aura rarement vu aussi énervé, élevant autant la voix. Bien vite, il montre des signes d’impatience et hausse le ton face aux attaques et interruptions répétées de son adversaire du jour. Sa tactique : rappeler les faits d’armes de Xavier-Luc Duval durant ces dernières années. « Qui était le ministre des Finances pour Terre-Rouge–Verdun », a-t-il notamment lancé. S’il se vante du fait qu’il n’y ait pas eu de dépenses additionnelles sur aucun de ses projets, l’opposition lui rappelle que « c’est parce qu’il n’en a lancé aucun ».
Nando Bodha a amené les débats sur le transport gratuit en 2005 et sur les Rs 25 millions qu’a coûté la campagne « Mauritius, c’est un plaisir » ou encore s’est référé au discours tenu par Xavier-Luc Duval au Parlement, en 2013, sur le métro léger. « Li lor la defensiv », lancera Adrien Duval, venant au secours de son père. « To metro inn deraye twa », ajoutera Rajesh Bhagwan.
Ses camarades de parti viendront lui prêter main-forte. Notamment Pravind Jugnauth, qui lance plusieurs commentaires en direction du leader de l’opposition. Le Premier ministre glissera même quelques directives à son ministre et même sir Anerood Jugnauth affichera son agacement. Il demandera à Nando Bodha de regarder la Speaker au moment de donner sa réponse plutôt que le leader de l’opposition. « He’s making a speech », s’énervera même sir Anerood Jugnauth, face à une dernière question particulièrement longue de Xavier-Luc Duval.
Sanjeev Teeluckdharry nommé « Deputy Speaker »
Le député du Mouvement socialiste militant (MSM) Sanjeev Teeluckdharry a été nommé Deputy Speaker, le mardi 28 mars, à la suite d’une motion présentée par le Premier ministre Pravind Jugnauth. Après cette nomination, il s’est engagé à « maintenir le décorum de l’Assemblée nationale ». Il succède à Adrien Duval qui a quitté le gouvernement en décembre pour rejoindre les rangs de l’opposition.
Bashir Jahangeer, élu du MSM, a été désigné Deputy Chairman of Committees, par le biais d’une motion. Il remplace Bobby Hurreeram qui a été nommé Parliamentary Private Secretary. Le Committee of Selection a également accueilli quelques nouveaux membres. Il est dorénavant composé de Maneesh Gobin (MSM), Marie Claire Monty (MSM), Zouberr Joomaye (MSM) et Sanjeev Teeluckdharry (MSM). Le Public Accounts Committee est présidé par Aurore Perraud (PMSD), et a comme membres Maneesh Gobin (MSM), Zouberr Joomaye (MSM), et Sudhir Rughoobur (MSM).
Maya Hanoomanjee répond à ses détracteurs
La Speaker de l’Assemblée nationale Maya Hanoomanjee a tenu à remettre les pendules à l’heure, en début de la séance des travaux parlementaires mardi. « Je me tiens à ce que j’ai dis à ma prestation de serment », a-t-elle déclaré, donnant la réplique au leader du Reform Party Roshi Bhadain après les propos qu’il a tenus la veille lors d’une conférence de presse.
Le député avait allégué que Maya Hanoomanjee n’aurait pas accepté de le placer à côté du leader de l’opposition Xavier-Luc Duval parce qu’il s’était attaqué à Sheila Hanoomanjee, la fille de la Speaker, dans l’affaire des biscuits à la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP).
Roshi Bhadain avait affirmé tenir cette information du Whip de l’opposition Dan Baboo. Affirmation que nie avec véhémence la Speaker qui a précisé : « J’ai usé de mes prérogatives concernant l’allocation des sièges. Aucune autre considération n’a influencé ma prise de décision. »
Dans les travées
Quand l’opposition boycotte la Speaker
Outre les piques de Xavier-Luc Duval concernant le biscuit business, l’opposition a trouvé un autre moyen pour exprimer son mécontentement à l’égard de la Speaker Maya Hanoomanjee. La tradition parlementaire veut que tous les députés se mettent debout, en signe de respect, au moment où le Speaker fait son entrée dans l’hémicycle. Or, à l’ouverture de la séance parlementaire mardi, les députés du Parti travailliste, du Parti mauricien social-démocrate et Roshi Bhadain sont tous restés assis.
Ils ne se sont levés qu’au moment où l’hymne national a retenti. Les députés du Mouvement militant mauricien n’étaient visiblement pas au courant de la démarche et se sont mis debout à l’arrivée de Maya Hanoomanjee. Mais ils ont suivi le mouvement de boycott quand la Speaker s’est levée pour suspendre la séance pour la pause déjeuner.
Jahangeer bâillonné par sa promotion
On n’entendra pas d’aussitôt les questions embarrassantes de Bashir Jahangeer, backbencher de la majorité. La désignation de ce dernier au poste de Deputy Chairman of Committees, mardi, l’empêche de poser des questions aussi longtemps qu’il occupera cette fonction.
C’est ce que des membres de l’opposition n’ont pas manqué de souligner lorsque la Speaker a annoncé la composition des divers comités parlementaires. « La sansir lor twa ! » lui a lancé Rajesh Bhagwan, suivi d’un « gard to bann kestyon lor CEB la ! » de Veda Baloomoody. Les questions du député sur le CEB avaient effectivement le don de faire le ministre de tutelle, Ivan Collendavelloo, sortir de ses gonds.
Questions parlementaires
L’opposition s’intéresse au frère d’un Senior Advisor du PMO
Le frère d’un Senior Advisor intéresse l’opposition. Répondant au député Rajesh Bhagwan au sujet de l’Integrity Reporting Agency (IRA), le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance Sudhir Sesungkur a expliqué qu’aucun cas n’a été référé au conseil d’administration de l’IRA.
Roshi Bhadain a, lui, posé une question sur les Rs 110 millions que le frère d’un Senior Advisor du bureau du Premier ministre aurait placées dans la Super Cash Back Gold (SCBG). Le ministre a maintenu que l’IRA agit en toute indépendance. Il a ajouté que l’IRA a identifié 33 cas douteux liés à la SCBG.
L’IRA s’est intéressé à sept cas et aucune action n’a été prise. Cinq enquêtes sont en cours alors que 21 autres attendent. Le conseil d’administration se rencontrera une fois par mois. Il comprend Lord Philips qui perçoit £ 50 000 par an, l’ancien juge Bhushan Domah et Dev Phokeer qui touchent Rs 90 000 par mois.
Les comptes de la NIC pas publiés
Sudhir Sesungkur a aussi répondu à une question sur la National Insurance Company (NIC). Il a affirmé que la NIC s’est stabilisée en réglant ses retards avec 97 % de ses clients. Il a aussi soutenu que 18 000 nouveaux clients se sont enregistrés et qu’elle a payé Rs 1,1 milliard à ses clients dont la police d’assurance était arrivée à maturité. Toutefois, il affirme que les comptes de la NIC tardent à être publiés, car l’auditeur rencontre des problèmes techniques. Le député Reza Uteem a alors fait comprendre au ministre que la publication des comptes a été retardée. « Nous sommes en mars et la publication aurait dû se faire en novembre 2016. »
L’opposition interpelle SAJ au sujet de policiers violents
Le député Aadil Ameer Meea a attiré l’attention sur la Tornado Squad de la police. Selon lui, cette unité agit avec violence, d’où la plainte faite par un commerçant le 29 décembre 2016. L’incident s’est produit lors d’une descente dans les rues de Port-Louis pour déloger les marchands ambulants
Le député Shakeel Mohamed a même fait comprendre au Mentor Minister sir Anerood Jugnauth que des vidéos attestent de cette violence et que les policiers doivent être sanctionnés. Le ministre a répondu que le dossier est devant la Police Complaints Division.
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