Rentrée parlementaire : Nouvelle configuration aux multiples enjeux 

La rentrée parlementaire de ce vendredi 29 novembre 2024 marque un tournant avec l’élection de nouveaux dirigeants à l’Assemblée nationale et la prestation de serment des députés. L’élection du Speaker et du Deputy Speaker aura aussi lieu, symbole d’une page qui se tourne sur les cinq années controversées de Sooroojdev Phokeer. 

Les yeux rivés vers Shirin Aumeeruddy-Cziffra 

Après une pause de trois mois, le Parlement reprend ses travaux, ce vendredi 29 novembre 2024, avec la cérémonie officielle d’ouverture de la huitième Assemblée nationale. Les députés, qu’ils soient issus du gouvernement ou de l’opposition, prêteront serment, une étape essentielle avant le début des travaux parlementaires.

La séance de vendredi sera marquée par d’autres élections. La désignation du président de l’Assemblée nationale. Shirin Aumeeruddy-Cziffra, figure de proue, devrait sans surprise être élue à ce poste stratégique. L’élection du Deputy Speaker, poste qui devrait, selon les prévisions, être attribué à Veda Baloomoody, élu de la circonscription n° 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes). Le Deputy Chairperson of Committees sera nommé par la suite.

La séance devrait se conclure par les interventions de plusieurs ministres. Parmi les annonces attendues, un point sur la situation liée à l’incendie à Mare-Chicose pourrait figurer à l’ordre du jour. 

Une opposition inédite 

L’Assemblée nationale voit émerger une configuration politique sans précédent : l’opposition parlementaire ne compte que deux députés, Joe Lesjongard et Adrien Duval, tous deux élus de la circonscription n° 4 (Port-Louis Nord/Montagne-Longue). Ce sera leur première apparition publique depuis les élections générales du 10 novembre, qui ont conduit à une débâcle retentissante pour L’Alliance Lepep, réduisant l’opposition parlementaire à sa plus faible représentation.

Depuis leur élection, les deux élus se sont montrés particulièrement discrets. Leurs premières déclarations publiques seront donc suivies de près. C’est Joe Lesjongard qui assumera le rôle de leader de l’opposition, tandis qu’Adrien Duval devrait occuper le poste de Whip de l’opposition. Ce duo aura la lourde tâche de représenter une opposition fragmentée face à une majorité écrasante, avec des marges de manœuvre très limitées.

Un casse-tête pour le PAC 

L’attention portera également sur le fonctionnement du Public Accounts Committee (PAC), traditionnellement composé de neuf membres, dont cinq issus de l’opposition. Avec seulement deux élus opposants, la composition de ce comité pose une problématique inédite. 

Tous les indices laissent à penser qu’Adrien Duval sera appelé à en assurer la présidence. Mais il reste à voir comment le comité pourra opérer dans cette configuration restreinte. 

Cette rentrée parlementaire marquera donc un véritable test pour Joe Lesjongard et Adrien Duval, à qui revient la responsabilité de maintenir une opposition audible et efficace dans un cadre institutionnel profondément déséquilibré. 

Révision des « rulings » controversés de Phokeer ? 

Il sera également intéressant d’observer la position que le gouvernement adoptera concernant les « rulings » controversés de l’ancien Speaker, Sooroojdev Phokeer, largement critiqués pour leur non-conformité aux Standing Orders. Le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, avait d’ailleurs déclaré, alors qu’il siégeait au sein de l’opposition, que ces décisions controversées seraient retirées du Hansard de l’Assemblée nationale en cas de victoire aux élections générales.

Cette rentrée parlementaire inaugure une ère marquée par de nombreux défis : reconstruire la confiance institutionnelle, gérer une opposition minimaliste et répondre aux attentes élevées des électeurs. Le gouvernement devra naviguer avec habileté entre symbolisme et actions concrètes pour affirmer sa vision d’une gouvernance renouvelée.