Relogement au Victoria Urban Terminal : le mécontentement des marchands du Ruisseau du Pouce

Tous les marchands qui travaillent à l’emplacement aménagé sur le Ruisseau du Pouce près du Jardin de la Compagnie seront relogés au Victoria Urban Terminal. Cette perspective ne les enchante guère et ce, pour plusieurs raisons.

Ils sont 113. Ces marchands du Ruisseau du Pouce devront bientôt quitter les lieux pour s’installer au Victoria Urban Terminal à la suite d’un tirage au sort. Une décision de la mairie de Port-Louis qu’ils contestent vivement, estimant que les conditions relatives à ce relogement ne leur sont pas favorables. Le lord-maire, Mahfooz Moussa Cader Saib, campe, lui, sur ses positions. 

Bilall, la quarantaine, qui travaille au Ruisseau du Pouce depuis 13 ans, s’est fait le porte-parole de ces marchands. Il précise d’emblée qu’ils sont des « vendors of market fair » et non des marchands ambulants. D’ajouter qu’ils opèrent dans la légalité et s’acquittent d’une mensualité de Rs 500 pour pouvoir travailler au Ruisseau du Pouce.

« Nous sommes installés ici depuis tellement d’années et nous nous sommes fait une clientèle. Maintenant, il va falloir tout recommencer à zéro après avoir investi des dizaines de milliers de roupies dans ce business », fait valoir Bilall. « Les structures ont été érigées à nos propres frais et nous avons installé des réfrigérateurs. Nous avons presque tout financé, maintenant il va falloir tout quitter et partir » poursuit-il avec dépit. 

Au dire de Bilall, les 113 marchands vont devoir tout recommencer à zéro au Victoria Urban Terminal. La mensualité passera à Rs 4 000. Sans compter que la superficie des nouveaux emplacements est plus petite qu’au Ruisseau du Pouce, soit 6 pieds x 3 pieds contre 8 pieds x 8 pieds. « Ce que la mairie compte faire est dénué d’humanisme », lâche-t-il. 

Les quelque 113 « vendors » préfèrent rester sur place si aller travailler ailleurs se ferait dans des conditions défavorables, insiste-t-il. Il ajoute qu’il n’y a jamais eu aucun problème, qu’il n’y a jamais eu de plainte que ce soit au niveau de la vente des aliments ou des vêtements.

Quid du fait que la mairie agit selon les recommandations de la Cour suprême après les inondations meurtrières de 2013 ? Il a, en effet, été conseillé aux autorités d’enlever la dalle qui couvre le Ruisseau du Pouce. « S’il faut enlever la dalle, il ne faut pas le faire seulement là où nous sommes logés actuellement. Il y a d’autres endroits qui bloquent le passage naturel de l’eau comme aux parkings de deux grands bâtiments bien connus », réplique Bilall.

Sollicité pour une réaction, le lord-maire Mahfooz Moussa Cader Saib évoque le rapport soumis après les inondations meurtrières de 2013. « Il y est indiqué que la partie couverte du Ruisseau du Pouce doit être démolie. » Ainsi, pour lui, « le ‘pull down’ de la structure recouvrant le ruisseau et la relocalisation des marchands au Victoria Urban Terminal sont pour des raisons de sécurité ».

Du reste, dit Mahfooz Moussa Cader Saib, « lors du tirage au sort effectué le 25 octobre de l’année dernière (NdlR, pour un emplacement au Victoria Urban Terminal), nous avons annoncé que notre priorité serait de relocaliser tous les marchands basés sur le Ruisseau du Pouce traversant le Jardin de la Compagnie. D’ailleurs, on leur a accordé la priorité pour le tirage au sort ».

Selon le lord-maire, le bâtiment qui accueillera les marchands est moderne et doté de toutes les structures et aménités voulues, offrant de surcroît une parfaite sécurité. « 150 000 visiteurs défileront par là tous les jours. » Avec toutes les facilités dont disposeront les marchands, une location de Rs 4 000 est justifiée, fait-il ressortir.