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Relocalisation controversée de la station de transfert des déchets : Baie-du-Tombeau au cœur d’un bras de fer

Lettre du ministère du Logement et des Terres dans le cadre d’une procédure d’acquisition obligatoire à Baie-du-Tombeau, datée du 15 mai 2025. Marie Wong Charlotte, membre du Mouvement antipollution de Baie-du-Tombeau, critique l’opacité du projet.

Une lettre du ministère du Logement, imposant un délai serré pour l’achat d’un terrain destiné à la relocalisation de la station de transfert des déchets de Roche-Bois à Baie-du-Tombeau, attise les inquiétudes et la colère des riverains face à un manque de dialogue et de transparence.

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La récente diffusion d’une lettre datée du 15 mai 2025, émanant du ministère du Logement et des Terres, a ravivé la polémique autour du projet de transfert de la station de déchets de Roche-Bois vers Baie-du-Tombeau. Dans ce courrier adressé à un propriétaire foncier, un ultimatum est posé : 14 jours pour accepter une offre d’acquisition, sous peine de voir s’engager une procédure d’expropriation, conformément au Land Acquisition Act. Une démarche qui n’a pas manqué de déclencher une vague d’indignation parmi les acteurs locaux, dénonçant un processus opaque et dénué de dialogue.

Parmi les voix critiques, Rajen Valayden, ancien journaliste et militant écologiste, tire la sonnette d’alarme sur les risques environnementaux. Il pointe du doigt la fragilité de l’approvisionnement en eau dans la région et insiste sur l’importance cruciale de la nappe phréatique pour les habitants. « Il est inconcevable d’implanter une station de transfert de déchets dans une zone où la nappe phréatique est vitale », martèle-t-il. 

Il questionne également le flou dans la coordination entre les ministères : alors que le ministère de l’Environnement nie toute prise de décision, celui du Logement et des Terres poursuit les démarches d’acquisition, renforçant le sentiment d’un dossier mal ficelé.

Une source interne au ministère du Logement et des Terres nuance toutefois ce tableau : selon elle, la compétence revient en réalité au ministère de l’Environnement, tandis que le rôle du Logement se limite à fournir les terrains requis sur demande, sans implication dans les choix stratégiques. Une déclaration qui entre en contradiction avec la lettre officielle envoyée au propriétaire, signée par le ministère du Logement, nourrissant la confusion ambiante.

Côté riverains, Marie Wong Charlotte, membre active du Mouvement antipollution de Baie-du-Tombeau, fait part de son exaspération. Elle déplore que la région soit à chaque fois sacrifiée au profit de projets polluants. « Dès qu’il s’agit d’un gros projet à impact environnemental, c’est toujours Baie-du-Tombeau qui trinque », souligne-t-elle. 

Elle dénonce aussi les revirements des autorités, rappelant que le ministre de l’Environnement avait d’abord confirmé la concrétisation du projet avant de changer de ton : « On nage dans l’incertitude, mais nous ne lâcherons pas prise. »

Le Mouvement antipollution de Baie-du-Tombeau est connu pour ses combats contre des projets controversés. Il s’est notamment opposé à l’incinérateur de Veolia à Riche-Terre ainsi qu’à l’usine de matériaux pour batteries de NextSource Materials dans la zone franche de Port-Louis. Des combats marqués par des inquiétudes similaires sur l’environnement et la consultation publique.

Lors d’une réunion récente avec les habitants, Marie Wong Charlotte a ressenti une forte opposition populaire. « Les tensions montent, certains menacent de descendre dans la rue si rien n’est fait », rapporte-t-elle. Une réunion était prévue le 2 juin, réunissant représentants des quartiers et élus locaux, pour tenter d’apaiser les esprits. Elle dénonce également l’attitude inégale de certains politiques : « Joanna Bérenger manifestait bruyamment contre le projet à Roches-Noires, mais quand il s’agit de Baie-du-Tombeau, c’est le silence total. »

Du côté gouvernemental, Rajesh Bhagwan, ministre de l’Environnement, tente de calmer le jeu. Il affirme qu’aucune décision finale n’a été prise, rappelant que le transfert du dépotoir avait été évoqué en 2023, avec l’envoi d’une lettre au ministère du Logement pour identifier des terrains à Baie-du-Tombeau. Mais il insiste sur la nécessité d’un processus consultatif. « Rien n’est acté. J’ai demandé au ministère du Logement et des Terres de revoir le dossier et d’explorer d’autres options », assure-t-il.

 

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