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Relations Grande-Bretagne /Maurice : what next ?

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Le froid diplomatique entre Maurice et la Grande-Bretagne bat son plein. Pas plus tard que la semaine dernière, le Haut-commissariat britannique a décidé d’annuler la réception pour les célébrations de l’anniversaire de la Reine Elizabeth II. Ce qui a envenimé les choses : la déclaration du Premier ministre Pravind Jugnauth à l’effet que la Grande-Bretagne a commis un crime contre l’humanité avec le déracinement des Chagossiens. Quelles seront les conséquences de ce froid ? 


Jean Claude de l'estrac
Selon Jean Claude de l'Estrac, Maurice a raison de se battre.

Jean Claude de L’Estrac : « On peut toujours négocier »

Le contentieux entre Maurice et la Grande-Bretagne perdure depuis 50 ans. Ensuite, ce qui s’est passé a provoqué un sérieux refroidissement. C’est du moins l’analyse de l’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, Jean Claude de l’Estrac. « Après la séquence de s'en va-t-en guerre, on ne pouvait espérer de cadeau de la Grande-Bretagne et encore moins des États-Unis », lance notre interlocuteur.

Bien que Maurice ait raison de se battre pour faire valoir ses droits, d'autant que le pays s'appuie sur le droit public international, Jean Claude de l’Estrac affirme que quand il y a contentieux entre deux pays amis ayant une aussi longue histoire commune, « le principe est de savoir jusqu’où l’un et l’autre peuvent aller. » De ce fait, il soutient que l’annulation des célébrations de l’anniversaire de la Reine Elizabeth II est la « réponse du berger à la bergère. » et « qu’il faut craindre que ce ne soit pas un signal isolé. »

« On se croit le nombril du monde alors qu’on n'est qu'un vaisseau perdu au cœur des conflits du monde qui nous dépassent. On a déclaré la guerre à la Grande-Bretagne et à la superpuissance américaine et on ne peut ne pas subir les conséquences », déplore-t-il. L’ancien ministre des Affaires étrangères met l’accent encore une fois sur le fait qu’il faut savoir où s’arrêter.

Pour Jean Claude de l’Estrac, toutes les démarches de Maurice ressemblent plus à des coups d’épée dans l’eau. Maurice accumule des victoires « politiques et symboliques » mais il n'atteint aucun résultat concret si l'objectif est le retour de la souveraineté mauricienne sur les Chagos et le rétablissement des Chagossiens dans leur droit de retour dans leurs îles. « Je ne vois pas la conclusion de cette affaire. On n’a eu qu’une demi-victoire. Depuis le début, ma proposition c’est qu’on négocie. Les Chagossiens eux-mêmes doivent s’intéresser à cette formule. On peut négocier sur les autres îles », espère-t-il. 

D’ailleurs, il souligne que Maurice peut s’appuyer sur le cas des Seychelles qui ont pu récupérer leurs îles des Britanniques. « Appuyons-nous sur ce précédent pour négocier. Les voies politiques et juridiques ont été épuisées mais sans résultat, car l’avis obtenu est non contraignant », souligne-t-il.

En sus, Jean Claude de l’Estrac dit trouver maladroit le libellé de la résolution qui fixe une date butoir pour le retrait des Britanniques, car il ne se passera rien.   « La Grande-Bretagne et les États-Unis ne vont pas rester inertes », avertit notre interlocuteur. 

Il est même convaincu que ce dossier a été abordé par Donald Trump et Theresa May lors de leur rencontre la semaine dernière. « Je suis persuadé que le président américain a cherché auprès des Britanniques l’assurance que la dernière résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU ne changera rien à la position et je suis certain que les Britanniques ont rassuré les Américains », déclare Jean Claude de l’Estrac. 


Milan
La question de souveraineté n'a pas de prix.   

Milan Meetarbhan : « Il ne faut pas courber l’échine »

Si la Grande-Bretagne a adopté cette position, c’est principalement en raison de la déclaration du chef du gouvernement. C’est l’avis exprimé par l’ancien ambassadeur à l'Organisation des Nations unies et le constitutionnaliste, Milan Meetarbhan. « L’ampleur de la réaction ne vient pas nécessairement de notre action concernant la souveraineté de Maurice mais c’est plutôt la déclaration du Premier ministre qui a accéléré les choses », affirme notre interlocuteur.

Ainsi, il y a eu un changement drastique et un signal fort a été envoyé à travers l’annulation des célébrations de l’anniversaire de la Reine Elizabeth II. « Même avant la première résolution en 2017, il y a eu des menaces mais là, la Grande-Bretagne est montée d’un cran », précise Milan Meetarbhan qui ajoute que la démarche de Maurice a pris une autre dimension.

Même si la Grande-Bretagne est un partenaire économique important et que Maurice a un lien historique avec la blonde Albion, on ne doit pas se laisser faire. « Maurice ne doit pas courber l’échine pour des raisons commerciales », estime le constitutionnaliste. 

Précisant que « la question de souveraineté n’a pas de prix », Milan Meetarbhan dit espérer que Maurice maintiendra sa démarche et fera ce qu’il faut pour obtenir sa souveraineté sur les Chagos. « Toutefois, il faut savoir que porter des accusations est une autre paire de manches », ajoute-t-il en faisant référence à la déclaration du Premier ministre.


Vijay Makhan
Maurice a fait ce qu'il fallait faire.

Vijay Makhan : « Tout se sait »

L’ancien diplomate, Vijay Makhan, souligne que depuis plus de deux ans, les relations entre Maurice et la Grande-Bretagne ne sont pas au beau fixe. Selon lui, il faut préciser que depuis l’excision d’une partie de ses territoires par la Grande-Bretagne, les choses ne sont pas roses. « Depuis deux ans, nos relations étatiques ne sont pas exceptionnelles. Ce qui s’est passé aux Nations unies n’a nullement arrangé les choses. C’était prévisible.» 
Toutefois, l’ancien diplomate dit croire que Maurice a fait ce qu’il fallait surtout après avoir été berné pendant des années et épuisé toutes les avenues. Pour lui, il n’y a pas de doute que l’annulation de la fête d’anniversaire de la Reine est « un ordre venu de plus haut niveau », car les cartes d’invitation étaient déjà lancées. 

Pour lui, cette situation entre Maurice et la Grande-Bretagne, c'est comme David contre Goliath. « Si la Grande-Bretagne lance les hostilités, c’est son image qui prendra un sale coup sur la scène internationale car les représailles seront au vu et au su de tous », déclare Vijay Makhan. Il soutient que le dossier Brexit plane aussi sur l’avenir de la Grande-Bretagne et que des représailles contre Maurice ne seront pas dans son intérêt dans une telle conjoncture.

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