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Relations commerciales Maurice-États-Unis : Washington tranchera sur les tarifs douaniers d’ici le 1er août

Maurice attend un retour des États-Unis pour connaître le sort de ses exportations vers le pays dirigé par Donald Trump.

À quelques jours d’une échéance cruciale, Maurice attend la décision des États-Unis sur les droits de douane. Une mesure qui pourrait profondément affecter ses exportations et ses relations commerciales.

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À deux jours de l’échéance fixée par les autorités américaines, Maurice se retrouve dans une position d’attente. Le pays espère une réponse de la part de Washington concernant la révision des tarifs douaniers sur ses exportations vers les États-Unis, dans un contexte commercial de plus en plus tendu.

La décision américaine, attendue au plus tard le 1er août, s’inscrit dans le prolongement de discussions entamées depuis plusieurs mois avec l’Office du Représentant américain au Commerce (USTR). L’enjeu pour Maurice est considérable. En effet, en l’absence d’un accord, des droits de douane pouvant atteindre 40 % pourraient être appliqués à ses exportations à destination du marché américain.

Un accord avec l’UE

Le 27 juillet dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le président américain, Donald Trump ont annoncé un accord sur les tarifs douaniers entre l’Union européenne et les États-Unis. Ce compromis, scellé à l’issue de discussions qualifiées de difficiles, intervient à un moment crucial pour les autres partenaires commerciaux de Washington.

« Nous avons conclu un accord avantageux pour tous », a déclaré le président Trump. De son côté, Ursula von der Leyen a évoqué un accord « bon » et porteur de « stabilité ». L’entente prévoit un ajustement des droits à hauteur de 15 %, niveau présenté comme étant le maximum obtenu dans les circonstances actuelles. Les précisions sur le contenu de cet accord devraient être communiquées dans les prochaines semaines.

L’Europe rejoint ainsi le Royaume-Uni et le Vietnam, les deux seuls pays ayant déjà sécurisé un accord tarifaire avec les États-Unis avant la date butoir du 1er août.

Les discussions se poursuivent entre Maurice et Washington

À Maurice, le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful avait confirmé au début de juillet que les pourparlers sont à un stade avancé. Il espère qu’une réponse sera transmise dans les prochains jours. « Le Premier ministre avait reçu une lettre du président Trump lorsque les discussions avaient été initiées. Depuis, les développements autour des tarifs américains évoluent presque quotidiennement », indique-t-il.

Le gouvernement mauricien a proposé d’augmenter les importations de certains produits américains, tels que le coton et le maïs, afin de rééquilibrer la balance commerciale bilatérale. Cette proposition fait partie d’un ensemble de mesures soumises à l’USTR pour démontrer la volonté de coopération de Maurice.

Toutefois, le pays demeure dans l’incertitude. Aucun signal clair n’a été donné concernant la manière dont les États-Unis traiteront les pays bénéficiaires de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un programme préférentiel qui doit arriver à échéance le 30 septembre prochain.

L’AGOA en ligne de mire

Dans ce contexte, Maurice a également sollicité une extension de l’AGOA. Une lettre officielle a été adressée au représentant américain au commerce pour plaider cette prolongation, en attendant une issue sur le dossier tarifaire.

Une réunion des pays bénéficiaires de l’AGOA est prévue le 31 juillet. Elle se tiendra virtuellement, à la veille de la décision américaine sur les tarifs. À ce jour, il reste incertain si la réponse attendue eu égard des tarifs américains concernera Maurice uniquement ou un groupe de pays relevant de ce dispositif commercial.

Le secteur privé mauricien, à travers un conseiller, mène également un travail de plaidoyer auprès des autorités américaines. L’objectif est d’alerter sur les conséquences économiques possibles d’un relèvement tarifaire.

Conséquences 

Les États-Unis figurent parmi les principales destinations des exportations mauriciennes en 2024, comptant pour 9,1 % du total. Pour les entreprises mauriciennes tournées vers l’exportation, l’attente est teintée d’inquiétude. Ajay Beedassy, président de la SME Chambers, souligne que l’absence d’un accord ou d’une extension de l’AGOA pourrait compromettre davantage un secteur déjà fragilisé. Il estime que dans le scénario le plus défavorable, les tarifs américains pourraient atteindre 10 %, ce qui poserait des difficultés en matière de compétitivité.

Il ajoute que les exportations mauriciennes sont en recul depuis le début de l’année, en partie à cause de l’introduction de barrières tarifaires. Il déplore également le manque de présence des petites et moyennes entreprises mauriciennes dans les foires internationales, facteur limitant pour la visibilité des produits locaux.

Ajay Beedassy affirme : « L’absence de promotion à l’étranger rend les produits moins visibles. Même si nous obtenons une extension de l’AGOA, cette invisibilité pourrait rester un handicap ». Il appelle à une mobilisation accrue de l’Economic Development Board (EDB) pour soutenir la diversification des marchés d’exportation.

Vers un sommet économique à Maurice ?

En parallèle, Maurice a proposé d’accueillir le prochain United States-Africa Business Summit, un événement phare du partenariat économique entre les États-Unis et le continent africain. Cette demande s’inscrit dans une démarche diplomatique plus large pour renforcer les relations bilatérales.

Deux autres pays africains sont également candidats à l’organisation de ce sommet. La décision finale sera rendue en août. Si celle de Maurice est retenue, l’organisation de l’événement se fera en collaboration avec le secteur privé, a indiqué le ministre Ramful. Il a notamment évoqué des échanges en ce sens avec Business Mauritius.

« Ce serait une opportunité d’ouvrir davantage notre économie aux investisseurs américains », soutient-il, en soulignant les retombées potentielles pour le tissu économique local.

Une diplomatie économique active

Maurice tend à consolider ses relations commerciales avec les États-Unis. Début juillet, le ministre de l’Industrie, des PME et des Coopératives a participé au 17ᵉ Sommet commercial États-Unis-Afrique à Luanda, en Angola. L’événement, organisé par le Corporate Council on Africa (CCA), a été l’occasion pour la délégation mauricienne de rappeler l’importance d’un partenariat renforcé dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine.

Lors de la table ronde intitulée « Les voies vers la prospérité », le ministre a plaidé pour une intensification des échanges économiques et pour une reconnaissance accrue du rôle des PME, notamment celles dirigées par des femmes, dans l’intégration commerciale régionale et transatlantique.

 

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