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Relâchement des Mauriciens lors du dernier long week-end : hausse exponentielle de cas et de morts en perspective

Même sur la plage, on peut contracter le virus, surtout si on passe beaucoup de temps avec des personnes infectées.
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Un relâchement des Mauriciens au niveau des gestes barrières a été noté, depuis le week-end dernier, largement contribué par l’ambiance festive qui régnait dans le pays et les jours fériés, durant lesquels de nombreuses personnes en ont profité pour se détendre. Or, cela ne sera pas sans conséquences. Les professionnels de santé prévoient une croissance exponentielle du nombre de cas de la Covid-19. Le taux de décès va aussi s’alourdir, avec le Delta qui est dominant dans la communauté. 

Flambée de cas

Le pire est à venir, avec le pic du nombre de cas positifs qui est attendu en ce mois de novembre. Ce n’est pas le doctorant en virologie et en épidémiologie, le Dr Shameem Jaumdally, qui dira le contraire. Selon lui, une montée exponentielle des cas, où le nombre de reproduction de base (R0 - paramètre permettant de modéliser l’évolution d’une épidémie au fil du temps) doublera chaque semaine. « Une montée parallèle des cas d’hospitalisation arrivera deux semaines après une augmentation des cas d’infection », souligne le virologue. 

Excess Death 

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Dr Shameem Jaumdally

Le Dr Shameem Jaumdally avance que le nombre de décès continuera à fléchir, surtout parmi les non-vaccinés. Il soutient que des personnes vont être malades, malgré leur jeune âge ou l’absence de comorbidités. « Il y aura une augmentation dans la Excess Death, qui compare le nombre de décès pour une période actuelle à une période pré-Covid. Par exemple, comparer le nombre de décès pour le mois d’octobre cette année à octobre 2019 (avant la Covid-19). L’Excess Death est due à la mortalité directement liée au virus, mais qui n’a pas été répertoriée officiellement, ou un décès dû à des soucis de santé pour lesquels les gens n’ont pu être traités à cause des restrictions d’accès aux soins », explique-t-il. 

Une montée parallèle des cas d’hospitalisation arrivera deux semaines après une augmentation des cas d’infection»

Le doctorant en virologie et épidémiologie dit « anticiper une augmentation de cas au sein du personnel soignant ». En particulier, les infirmiers et les auxiliaires de santé qui sont en contact avec les patients. « Possiblement, il y aura plus d’hospitalisation de ces employés. Au final, les services de santé vont être bondés à la fin du mois », prévoit le Dr Shameem Jaumdally.  

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Dr Vasantrao Gujadhur

Le Dr Vasantrao Gujadhur dresse, lui, un tableau sombre de la situation, avec preuves à l’appui. « Le 22 octobre dernier, le National Communication Committee (NCC) annonçait 408 cas par semaine. Le 26 octobre au Parlement, le ministre de la Santé annonçait 12 000 cas en 24 jours. Ce qui fait une moyenne de 500 cas par jour. Le 4 novembre, on a enregistré 705 cas. Ce qui démontre que le nombre de cas augmente et continuera à prendre l’ascenseur », prévient le professionnel de santé. 

L’ancien directeur des services de santé souligne de plus qu’on a quelque 1 000 cas qui sont détectés à travers les tests rapides antigéniques, outre une moyenne de 90 cas par le test PCR. « On a des cas positifs partout. Le nombre est peut-être plus élevé. La Covid-19 est une notifiable disease. Or, il se peut que des 1 000 cas détectés par les tests rapides, 200 à 300 n’informent pas les autorités », estime le Dr Gujadhur, mettant l’accent sur le fait que « les cas répertoriés suite aux tests rapides ne sont pas comptabilisés ».  

Le Dr Vasantrao Gujadhur indique que le variant Delta qui gagnait du terrain, il y a deux semaines, est désormais le variant prédominant. « Le 23 septembre, on avait trois cas sur 32 échantillons (9,3 %). Du 28 septembre au 8 octobre, on a eu 16 cas sur 23 échantillons (69,5 %) et le vendredi 5 novembre, 25 cas sur 33 échantillons (75 %). Cela démontre que le Delta domine. J’avais d’ailleurs affirmé qu’il serait prédominant. Si on comptabilisait les tests rapides en sus des tests PCR, on aurait atteint les 80-85 %. » 

La situation n’est pas plus reluisante avec le nombre de décès qui ne cesse d’augmenter. Le Dr Vasantrao Gujadhur ne cache pas son inquiétude. « On avait 17 morts la semaine dernière. Cette semaine, on a 42 morts. Ce qui représente une hausse de 140 % en l’espace d’une semaine. Parmi, 22 sont vaccinés (52 %). Au Parlement, on annonçait 295 décès de patients positifs. Ce qui démontre qu’on a au total 354 décès. Je pense que le chiffre est encore plus énorme et qu’il continuera à augmenter », ajoute le médecin. 

Crise sanitaire

Il ne mâche pas ses mots. Selon lui, on est « en pleine crise sanitaire ». « Le gouvernement ne donne pas les vrais chiffres par rapport au nombre de décès et de cas positifs. Reste à savoir combien de personnes ont fait un test rapide et sont mortes en auto-isolement. Voilà ce qui arrive quand on dit que tout est sous contrôle et que 65 % de la population est vaccinée. Il a suffi qu’on ait un long week-end pour voir comment les gens ont fait preuve de relâchement et n’ont pas respecté les gestes sanitaires », s’indigne le Dr Vasantrao Gujadhur.

 

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