Sharmila Sing Dookhee est fière de son diplôme en « Soft Engineering ». Il ne lui sert pourtant pas à grand-chose. Sans travail et rejetée par sa belle-famille, elle vit avec ses deux enfants sous un auvent dans la cour de son compagnon, James Jaunki. C’est tous ensemble qu’ils affrontent le froid qui s’est installé depuis peu. Récit.
« Ma famille m’aime mais elle ne veut pas accepter ma compagne », confie James Jaunki, 41 ans. Lui est autorisé à aller dans la maison familiale à Sainte-Croix quand il veut, mais pas Sharmila Sing Dookhee,
32 ans, la mère de ses deux enfants en bas âge. Ils sont en couple depuis quatre ans.
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« On ne veut absolument pas d’elle. Ni ma mère, ni mes frères, ni mes huit sœurs ne sont en faveur de notre union. Ce n’est pas possible pour moi d’aller chez mes parents pour y vivre et laisser ma compagne et nos enfants dehors, dans la fraîcheur de la nuit. Si au moins ils laissaient les enfants dormir dans la maison… » dit le quadragénaire.
Alors, comme il ne peut pas forcer sa famille à accepter sa compagne et ses enfants, il a fabriqué un abri sommaire sous un auvent avec quelques planches pour y vivre. Ils y affrontent le froid hivernal qui s’est installé.
Pourquoi le couple ne loue-t-il pas une maison ? Il s’avère que les deux conjoints ne travaillent pas. Sharmila Sing Dookhee a, certes, fait des études supérieures. Elle possède même un diplôme dans la filière de son choix. Elle a postulé plusieurs emplois, en vain jusqu’ici.
Ma famille ne veut pas d’elle (...) si au moins ils laissaient les enfants dormir dans la maison... "
« À chaque fois, on me demande si j’ai de l’expérience, mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs, comment faire pour acquérir de l’expérience si dans un premier temps je ne décroche pas d’emploi ? C’est une situation paradoxale », explique-t-elle. La mère de famille est tellement désespérée qu’elle se dit prête à accepter n’importe quel travail, qu’importe son statut de diplômée.
James Jaunki, orphelin de père depuis l’âge de 16 ans, est monteur de panneaux publicitaires et également soudeur. Cependant, il n’arrive pas à trouver du travail à une fréquence régulière. Pour nourrir sa famille, il se tourne vers le système D. « Je dois tracer, je me débrouille. »
Le père de famille confie qu’il aurait pu avoir de l’argent facilement, mais de manière malhonnête, par son ancien cercle d’amis. « Avant de faire la connaissance de Sharmila, j’ai purgé une peine de trois ans de prison pour une affaire de drogue. Quand j’ai été libéré, j’avais tout perdu », révèle-t-il.
À l’époque, sa propre famille lui avait tourné le dos. « La femme avec laquelle j’étais marié m’a aussi quitté avec nos quatre enfants. J’étais très découragé et des pensées sombres ont commencé à m’envahir. »
Son salut, il le doit à Sharmila Sing Dookhee. « Quand j’ai rencontré Sharmila, je me suis juré de ne pas retourner en arrière et de devenir honnête. Cependant, marcher dans le droit chemin a un prix », fait-il ressortir.
Le malheur n’est jamais loin
Ils se sont rencontrés par l’intermédiaire d’une amie commune qui les a présentés. « À cette époque, quand nous nous sommes croisés, elle vivait séparée de son époux après dix ans de vie commune. Elle a eu deux enfants avec lui. Ils sont aujourd’hui âgés de 7 et 5 ans et ils vivent avec leur grand-mère. C’est à cause de cela que ma famille ne l’accepte pas », relate James Jaunki.
« La dernière fois que j’ai vu ma petite fille, elle avait six mois », confie, elle, sa compagne qui n’est pas autorisée à voir ses deux premiers enfants.
Ironiquement, c’est la mère de Sharmila Sing Dookhee qui n’avait pas approuvé son premier mariage avec un serveur. « Je n’étais pas l’enfant préférée de ma mère. Quand je me suis mariée, nos relations se sont dégradées. Heureusement que j’avais le soutien de mon père qui, hélas, n’est plus de ce monde. »
Après son mariage, poursuit-elle, mon mari et elle n’ont pas habité ensemble tout de suite car il leur fallait trouver une maison. « C’est à partir de là que les disputes ont débuté. Il était impatient d’avoir une maison, mais nous n’avions pas assez d’argent. Lorsque nous avons trouvé une maison à louer, c’est mon père qui s’acquittait du loyer », raconte-t-elle.
Par la suite, ils se séparent et elle retourne, bien malgré elle, chez ses parents. Cependant, sa mère lui fait sentir que sa présence n’est pas la bienvenue.Tant et si bien qu’elle décide de quitter la maison familiale dans laquelle vivent aussi sa sœur aînée et son petit frère. Pendant cinq mois, elle trouve refuge chez une amie à Surinam qui la présente un jour à James Jaunki durant une sortie à Port-Louis.
C’est le coup de foudre. Trois semaines après leur rencontre, les deux tourtereaux décident de s’installer ensemble, loin de se douter que leur amour sera parsemé d’embûches.
Pourtant, comme tous les couples, ils aspirent eux aussi au bonheur. Jamais Sharmila Sing Dookhee n’aurait imaginé qu’en tant que diplômée et mère, elle se retrouverait sans emploi et sans toit. James Jaunki, de son côté, n’aurait jamais pensé offrir une telle vie à la femme de sa vie.
Toutefois, dans son malheur, Sharmila Sing Dookhee a le bonheur d’avoir le soutien indéfectible de son compagnon qui est passionné par l’artisanat. S'il pouvait trouver un emploi dans l’artisanat, ce serait une lueur d’espoir pour sa famille et lui.
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