Réintroduction de la méthadone : une travailleuse sociale crie victoire

L’Equal Opportunities Commission a décidé, le jeudi 13 avril, de ne pas donner suite à la plainte déposée par Rubby Lieutier contre le ministre Anil Gayan après la suppression du traitement à la méthadone. Cela en raison de sa réintroduction par le ministère de la Santé.

Rubby Lieutier, une travailleuse sociale de 48 ans et habitant Rose-Hill, avait porté plainte à l’Equal Opportunities Commission (EOC) après qu’Anil Gayan, alors ministre de la Santé, avait fait un rapprochement entre l’arrêt du traitement à la méthadone et les votes obtenus par son adversaire Rajesh Bhagwan, du Mouvement millitant mauricien (MMM).

Ces arguments avaient poussé Rubby Lieutier à agir. Sur les conseils de son avocate, Me Melany Nagen et avec l’aide du Dr Maharajah Madhewoo et d’Eddy Sadien du Regrupma travayer sosyal, elle porte plainte à l’EOC. Étant elle-même une ancienne toxicomane et actuellement sous traitement, elle explique que cette plainte était une façon de militer pour la réintroduction du traitement à la méthadone.

Horaires rigides

« La méthadone a fait ses preuves et c’était une très mauvaise idée de la remplacer par le Suboxone, d’autant que le mode de distribution et les horaires avaient changé, déplore Rubby Lieutier, générant des conséquences néfastes. » Elle ajoute que les horaires étaient plus flexibles par le passé alors que les changements apportés par le ministère de la Santé, en 2015, les ont rendus plus rigides. « Presque la moitié des patients toxicomanes ont abandonné le traitement car la distribution se faisait dans les postes de police et uniquement de 6 à 8 heures et cela leur empêchait de mener une vie normale, soutient la travailleuse sociale. Environ 2 000 patients ont abandonné le traitement uniquement parce qu’ils ne pouvaient respecter les nouveaux horaires. »

Rubby Lieutier se réjouit donc qu’Anwar Husnoo,  le nouveau ministre de la Santé, a annoncé le retour de la méthadone. En effet, il a indiqué, le jeudi 13 avril, lors de la marche organisée par Radio Plus à l’occasion de son 15e anniversaire, qu’une étude est actuellement en cours en vue de rétablir le traitement à la méthadone.

Drogue et prostitution

L’histoire de Rubby Lieutier a été rapportée à maintes reprises, mais elle vaut la peine d’en parler à nouveau. Elle rejoint sa mère en Belgique à l’âge de 12 ans. À 22 ans, elle abandonne ses études de droit pour épouser un homme d’affaires bruxellois. Mais le couple bat de l’aile.

Elle rentre à Maurice avec ses deux enfants et refait sa vie avec un ami d’enfance. Cependant, lorsque les enfants rejoignent définitivement leur père en Belgique, Rubby craque. Son compagnon lui fait alors goûter à la drogue. Et l’enfer lui ouvre ses portes. Rubby s’y engouffre au point où elle est réduite à se prostituer pour se payer ses doses quotidiennes.

« Je veux que mon histoire serve d’exemple à ceux qui sont prisonniers du monde infernal de la drogue. Il m’a fallu beaucoup de volonté et le soutien de mon entourage pour m’en sortir, confie Rubby. Beaucoup de toxicomanes rechutent parce qu’ils n’ont pas d’endroit où aller après une cure et ils n’ont d’autre recours que d’être hébergés par des amis toxicomanes. C’est un cercle vicieux. »

Rubby Lieutier propose que l’État mette sur pied des centres d’hébergement pour les toxicomanes afin qu’ils soient mieux encadrés après une cure ou un traitement.