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Réhabilitation des jeunes délinquants: les conditions de vie dans les centres de correction mises à l’index

Rita Venkatasawmy (au centre) lors d’une conférence de presse le jeudi 21 avril.
Rita Venkatasawmy n’y va pas avec le dos de la cuillère. L’Ombusperson for Children a mis à l’index les conditions de vie aux Rehabilitation Youth Centers et Correctional Youth Centers, après une enquête au sein de ces institutions. Elle réclame que les droits fondamentaux de ces enfants soient respectés. «Les conditions de vie des enfants vivant dans les centres de détentions pour mineurs sont extrêmement déplorables », souligne Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children. Celle qui assume ce poste depuis décembre n’y est pas allée de main morte. Elle a présenté à la presse le jeudi 21 avril 2016, les premiers relevés d’une enquête menée par son bureau auprès des Rehabilitation Youth Centers (RYC) et Correctional Youth Centers (CYC) du pays. Cette enquête, initiée le 13 janvier dernier, avait pour but de jauger à quel degré les droits de ces enfants étaient respectés et les conditions d’hébergement. L’exercice visait surtout à leur donner la parole. « Ces enfants sont en conflit avec les lois, mais cela ne veut pas dire qu’ils devraient être privés de leurs droits », a fait ressortir Rita Venkatasawmy. Selon les conclusions de cette enquête, ces jeunes détenus n’ont pas accès aux toilettes la nuit, vivent dans des chambres qui ressemblent à des cellules, les toilettes sont souvent hors d’usage. Un manque de loisirs et d’activités sportives a aussi été noté. Hormis les conditions de vie déplorables, l’Ombudsperson for Children regrette aussi le fait que ces mineurs soient privés d’une éducation de qualité. Selon cette dernière, la scolarité de ces détenus se résume à une demi-journée de classe par semaine. Elle avance que tout enfant à droit à l’éducation et que dans des conditions pareilles, toute tentative de réhabilitation serait vaine. L’Ombudsperson for Children affirme que ces enfants vivent en permanence avec un sentiment de frustration qui pourrait expliquer leur comportement agressif.

Recommandations

Pour Rita Venkatasawmy, l’état mauricien devrait se ressaisir car, dit-elle, il n’a pas su mettre en pratique les recommandations de la United Nations Convention on the Rights of the Child (UNCRC) pour ce qui est des jeunes détenus. « Depuis 2006, l’UNCRC a préconisé plusieurs recommandations concernant la détention de mineurs. Par exemple, l’amendement de la Juvenile Offenders Act de 1935, la mise en place de mesures alternatives quand un mineur commet une offense ou encore la formation de ceux qui s’occupent de ces mineurs. Il y a eu plusieurs autres rapports de différents experts dans ce domaine, mais il n’y a eu aucun changement», note Rita Venkatasawmy. Le bureau de l’Ombudsperson for Children a lui-aussi dressé une liste de recommandations. Les jeunes sont généralement impliqués dans trois types de délits: vol, agression et possession de drogue. L’Ombudsperson for Children recommande donc que l’accent soit mis sur ces délits. Elle insiste aussi sur la formation poussée des cadres et propose la mise en place des unités d’intervention spécialisées pour venir en aide aux jeunes individuellement. Autres recommandations : la présentation d’un projet de loi intitulé Juvenile Justice Act ou encore définir l’âge de la responsabilité criminelle. Autre point soulevé par Rita Venkatasawmy : la détention d’un mineur doit être considérée en dernier recours et l’adolescent doit absolument avoir accès à l’éducation.

Le commissaire des prisons par intérim parle de confusion

Jaganadand Rungadoo, commissaire des prisons par intérim, a lui aussi pris la parole au cours de cette fonction. Il est devenu difficile pour lui de prendre des décisions en ce qui concerne les RYCs du pays. Il soutient que c’est dû au fait que ces institutions sont passées sous l’égide du ministère de la Sécurité sociale depuis 2005. « Comment puis-je m’immiscer dans le travail de ces institutions alors qu’elles sont dirigées par le ministère de la Sécurité sociale ? C’est une situation qui apporte beaucoup de confusion. Aujourd’hui, l’Ombudsperson for Children a parlé de cela et les choses semblent être plus claires maintenant », souligne-t-il avant d’ajouter que le fonctionnement de ces institutions ne peuvent se faire de la même manière que les prisons pour adultes.

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