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Réhabilitation après un séjour en prison - Silas : «Je veux, reprendre ma vie en main»

silas Silas et Nathalie veulent vivre leur amour au grand jour.

Silas a 19 ans lorsque la misère le force à faire un choix qui le conduit derrière les barreaux. À sa sortie de prison en 2010, où il a passé cinq années, il veut se reprendre en main. Mais vouloir n’est pas forcément pouvoir. L’habitant de Quatre-Bornes peine à se défaire d’un concours de circonstances.

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Silas (prénom modifié) est originaire de Résidences Kennedy à Quatre-Bornes. Après la séparation de ses parents, il habite avec sa mère. Ayant échoué deux fois aux examens du Certificate of Primary School, il quitte les bancs de l’école. Son âge lui faisant défaut, il entame de petits boulots en tant que nettoyeur, histoire de gagner une poignée de roupies, afin d’aider sa mère. La majeure partie de son salaire sert à payer le loyer d’une maison à Vacoas. Il se fait de nouveaux amis, mais ils l’entraînent dans le trafic de drogue.

Vivant dans la précarité, il se laisse tenter par l’argent facile en revendant de la drogue. Sa première transaction : vingt doses d’héroïne à Rs 200 l’unité. Pour les écouler, il sympathise avec des gens de tous âges en quête de plaisir. Si le dealer touche un sacré pactole, Silas, qui est revendeur, ne perçoit que Rs 800.

Remords pour sa mère

Pour sa deuxième vente, le jeune homme se retrouve avec 60 doses, mais il n’a pas le temps de les refourguer, car la police débarque chez lui. Alors qu’il est aux toilettes, Marie, qui a des soupçons sur les activités illicites de son fils, se rue dans sa chambre pour se débarrasser de la drogue. Trop tard.

Mère et fils sont embarqués par les agents de police. Après quelques jours en cellule policière, ils atterrissent à la prison de Beau-Bassin où ils séjourneront pendant cinq ans. Lorsque la porte du centre pénitentiaire se referme sur lui, Silas a des remords. Il explique : « Mo mama ti pe zis rod protez mwa ».

Même s’ils ne partagent pas la même religion, les proches de Silas et de Nathalie ne s’opposent pas à leur relation.

Dans sa cellule, Silas cohabite avec trois autres détenus incarcérés pour vols et de meurtres. Au bout de trois semaines, il parvient à briser la glace. Chaque matin, le jeune homme a pour tâche de nettoyer un bloc de la prison. À 10 h 30, il fait une pause pour manger un morceau de pain. Le reste de l’après-midi, il regarde la télé ou il prend l’air dans la cour. Lorsqu’il regagne sa cellule, Silas en profite pour faire une introspection ou alors il suit des formations devant lui permettre de réintégrer la société.

Après 1 825 jours de patience, Silas recouvre la liberté. Il retrouve sa mère, qui a déjà purgé sa peine, à leur domicile à Quatre-Bornes. Silas est décidé à se reprendre en main, mais il éprouve des difficultés à décrocher du travail à cause de son casier judiciaire. Lui vient alors l’idée de se mettre à son compte en exerçant comme peintre décorateur. « Parfwa ena travay, parfwa pena. Pa ti fasil ».

Une autre source de motivation pour qu’il change du tout au tout : sa rencontre avec Nathalie. Trois mois suffiront pour qu’ils se mettent en couple. Même s’ils ne partagent pas la même religion, les proches de Silas et de Nathalie ne s’opposent pas à leur relation. Ce qui est loin d’être le cas d’Anil, un habitant de la localité âgé d’une soixantaine d’années.

Les brimades pleuvent lorsque Silas marche dans la rue. « Bann la ziz mwa akoz mo laparans. Zot koz kontrer parski mo enn zanfan site », raconte le jeune homme. Il garde son calme et poursuit sa route. Un jour, alors qu’il transporte un banc avec l’aide de deux amis, Silas se fait attaquer en pleine rue par Anil. Le sexagénaire lui assène un coup de tuyau dans le dos.

« Pa kone ki linn gagne. Me mo pa finn kit li. Apre linn sove linn ale. Me linn fer mwa konpran ki li ena so prop manier pou regle mo kont. ».

De retour à la maison, Silas se remet de ses émotions. Par peur de représailles au vu des fréquentations d’Anil, Marie se rend chez ce dernier pour mettre un terme au conflit. Trois jours plus tard, sentant que sa vie est en danger, Silas se décide enfin à quitter sa chambre pour se rendre au poste de police pour porter plainte contre Anil. Il ne le fait pas à Quatre-Bornes, mais aux Casernes centrales. Il obtient une Precautionary Measure.

En juin 2018, il reçoit une visite de la police qui le menotte et fouille sa chambre. Un sachet en plastique est découvert sur l’armoire. Silas est embarqué pour un interrogatoire à Rose-Hill avant d’être placé en détention.

Il est libéré après avoir fourni une caution de Rs 20 000. En attendant que cette affaire soit tirée au clair, il avoue devoir encore supporter des brimades dans la localité. « Tout ce que je veux, c’est vivre en paix avec ma compagne et fonder une famille. Je veux reprendre ma vie en main–– », indique-t-il, l’air pensif.

 

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