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Regressive mark-up : risque de fermeture et de pertes d’emplois dans de nombreuses pharmacies

Après avoir déposé une demande de révision judiciaire, les pharmaciens sont dans l’attente. Ils espèrent une révision du « regressive mark-up », qui pèse comme une épée de Damoclès sur de nombreuses officines.

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La révision des marges n’a pas eu l’effet escompté, les prix ayant pris l’ascenseur, estime Chetan Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Depuis l’introduction des Consumer Protection (Pharmaceutical Products) (Maximum Mark-Up) Regulations le 1er juin 2023, les pharmaciens se trouvent dans une situation difficile. Ils déplorent une réduction de leur marge de profit, ce qui pourrait mettre en péril leurs activités, comme le souligne une étude de la firme KPMG.

Le président de la PAM est d’avis que le « regressive mark-up » de 26 à 35 % n’a pas entraîné la baisse des prix des médicaments escomptée par les autorités. Bien que certains prix aient effectivement baissé, d’autres ont au contraire augmenté. Ce constat est partagé par Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim). Il explique que si les consommateurs ont bénéficié de la baisse du prix de certains médicaments, ils ont subi la hausse d’autres produits pharmaceutiques. Il ajoute que les prix connaissent des fluctuations non pas en raison du mécanisme de « regressive mark-up », mais en raison des variations du dollar. C’est pourquoi un produit peut être vendu plus ou moins cher d’une période à l’autre.

Pour les pharmaciens, cet ajustement des marges a bouleversé toutes leurs prévisions. « Il sera difficile de joindre les deux bouts dans de telles conditions. Comment les pharmaciens vont-ils faire face à la baisse des marges tout en payant l’augmentation des salaires et les autres frais de fonctionnement ? » se demande le président de la PAM. Pour lui, le rapport commandé par l’association est très révélateur. Il espère ainsi une compensation afin que les pharmaciens puissent rééquilibrer leur budget.

Initialement, le « mark-up » était de 35 %, dont 21,6 % pour les pharmacies de détail et 11 % pour les grossistes. Cependant, depuis le 1er juin, les choses ont changé avec l’introduction du « regressive mark-up » variant entre 26 et 35 % en fonction du montant. Cette marge de 26 à 35 % concerne huit catégories de produits pharmaceutiques : antidiabétiques, antihypertensifs, produits biologiques, cardiovasculaires, inhalateurs et vaccins. Les autres catégories ont une marge de 30 % : analgésiques, anthelminthiques et antifongiques.

Lors de l’enquête, un échantillon de 92 officines réparties dans diverses régions de l’île a été retenu, en fonction de leur taille et de leurs revenus. L’analyse a révélé que 70 de ces pharmacies généraient des revenus annuels allant de Rs 2,5 millions à Rs 25 millions. Parmi elles, 31 (soit 34 %) se situaient dans une tranche de revenus allant de Rs 10 millions à Rs 25 millions, tandis que 24 (soit 26 %) se trouvaient dans la fourchette de Rs 5 millions à Rs 10 millions. 

En appliquant le « regressive mark-up », les revenus totaux des 92 pharmacies connaîtraient une baisse de Rs 35,7 millions, selon le rapport de KPMG. Cela signifie que la marge moyenne de profit des pharmacies diminuerait/ Ainsi, sur les 92 pharmacies, 69 pourraient fermer leurs portes.

En extrapolant ce chiffre, Chetan Dookun est d’avis que c’est plus de la moitié des 417 pharmacies qui mettront la clé sous le paillasson, entraînant alors de nombreuses pertes d’emploi. « L’étude est basée sur 92 pharmacies, ce qui équivaut à une moyenne d’une officine sur quatre à Maurice. Si l’on multiplie 69 par 4, cela fait donc 276 pharmacies qui risquent de fermer », explique-t-il. De la même manière, en multipliant le nombre d’employés par les 69 pharmacies, soit 354, c’est environ 1 416 emplois qui sont menacés par le « regressive mark-up », précise-t-il.

Le président de la PAM entrevoit la disparition des petites pharmacies de quartier, au profit de celles installées dans les centres commerciaux. Selon lui, il n’y aura plus cette proximité qui a démontré son efficacité durant la période de la Covid-19. « Le ‘regressive mark-up’ va anéantir la profession de pharmacien et privera certains de la possibilité d’avoir leur propre officine, les contraignant à travailler pour de grandes entreprises », déplore Chetan Dookun.

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