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Refus de la carte bancaire dans les stations d’essence : 61 sous par litre pour les banques

Litige entre des propriétaires de stations-service et les banques.

à partir du 1er avril, la plupart des stations-service de l’île ne devraient plus accepter les paiements par carte bancaire pour les carburants. Leur argument : les frais de commission appliqués par les banques sont trop élevés. 

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Les 61 sous par litre d’essence que les banques prennent quand un client paie par carte bancaire sont excessifs, affirme Bhimraj Sunnassee, président de la Petrol Retailers Association. D’où la décision de la plupart des propriétaires de stations-service de ne plus accepter que les paiements en espèces à partir du 1er avril. « Les banques avalent 30 % de notre marge sans rien faire. Nous touchons Rs 2,07 par litre d’essence et, sur cette somme, les banques nous prennent 60 sous. Donc, il nous reste Re 1,47 par litre et on doit payer la TVA, les fournisseurs, les employés et les frais tels que l’électricité. Quelle entreprise peut travailler avec une marge de bénéfice aussi restreinte ? C’est pour cela que nous ne voulons plus accepter les cartes bancaires », explique Bhimraj Sunnassee.

Les frais bancaires appliqués aux paiements par carte sont disproportionnés, estime également Jayen Chellum, président de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim). « La Banque centrale ou le gouvernement devrait intervenir pour que les banques ajustent leurs frais. Je comprends la frustration des propriétaires de stations-service. Ils ne peuvent pas travailler pour que les banques leur piquent 3 %, car sur une facture d’essence de Rs 1 000, les banques obtiennent Rs 30 sans avoir rien fait. C’est inacceptable. »

Pour lui, un réajustement de ces frais bancaires est indispensable. « Il faut trouver une formule gagnant-gagnant pour les commerçants et les banques concernant les cartes bancaires. D’autant plus que ce sera un inconvénient pour les clients d’être obligés d’avoir de l’argent liquide sur eux. »

Pour sa part, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), soupçonne les gérants des stations-service de trouver un certain avantage au paiement en espèces. « Je me demande si ce n’est pas une façon de faire de l’évasion fiscale, car avec des paiements en cash, la Mauritius Revenue Authority n’a pas de contrôle sur les recettes réelles. »

Il souligne qu’à l’heure où l’e-commerce et l’e-payment se généralisent, « on nous oblige à payer en liquide, ce n’est pas moderne, c’est archaïque. Les consommateurs doivent avoir le choix du mode de paiement », dit-il. Le syndicaliste ajoute que « c’est de la surenchère de la part des détaillants pour faire une meilleure marge de profit, mais le timing est mauvais. »

Les banques en discussion, selon la MBA

« Nous avons pris note de l’annonce de certaines stations-service de ne plus accepter de cartes bancaires à partir du 1er avril 2022. À la Mauritius Bankers Association (MBA), nous ne pouvons discuter de questions de tarifs bancaires, à cause des lois sur la concurrence. Nous comprenons que les banques sont en discussion directe avec leurs clients afin de trouver des solutions dans la conjoncture actuelle difficile. Nous comprenons aussi que plusieurs stations-service continueront à accepter les cartes bancaires et que les clients auront quand même un choix. Enfin, nous rappelons au public que toute surcharge pour paiement par carte bancaire constitue une infraction aux règles internationales régissant l’utilisation des terminaux à cartes. Nous espérons que cette situation sera bientôt résolue, dans l’intérêt général », déclare Daniel Essoo de la MBA.

 

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