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Réforme électorale : le gouvernement disposé à revoir sa copie

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Alors que les partis d’opposition font bloc contre la proposition de repêchage des candidats battus par les leaders, le gouvernement indique que le projet de réforme électorale présenté donnera le coup d’envoi des discussions pour aboutir à une proposition qui puisse rassembler une majorité.

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L’ébauche de réforme électorale qui devrait être présentée ce vendredi 21 septembre ne sera pas une fin en soi. C’est ce qu’affirme une source à l’Hôtel du gouvernement. La raison : l’alliance gouvernementale seule ne dispose pas de la majorité de 52 voix requise pour faire passer ce projet de loi au Parlement.

Or, les leaders des partis de l’opposition siégeant au Parlement ont signifié leur intention de ne pas voter ce que propose le gouvernement dans sa forme actuelle. Cela ne signifie pas pour autant que ce projet de réforme électorale connaîtra le même sort que les précédents. Le gouvernement se dit prêt à se montrer flexible pour obtenir la majorité requise et parvenir à un consensus. « Le Premier ministre (PM) a la responsabilité de proposer quelque chose. C’est ce qu’il fait », explique notre source. La proposition initiale devrait servir de base de travail. « Le PM sera à l’écoute de toutes les propositions. Il ne s’agit que du début de la phase de discussions entre les acteurs concernés pour aboutir à une réforme électorale », souligne cette source.

Point de discorde

Toutefois, la tâche ne sera pas aisée, avec les désaccords de part et d’autre malgré le consensus sur la nécessité d’une réforme. La proposition qui fâche le plus porte sur le système de repêchage des candidats battus par les leaders politiques. L’idée est de se débarrasser de la déclaration de l’appartenance ethnique pour être candidat aux élections et éligible à un siège de Best Loser.

Le gouvernement propose de laisser aux leaders politiques le soin de rééquilibrer les choses en repêchant eux-mêmes entre huit et dix candidats battus. La formule, d’abord acceptée par le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti travailliste (PTr) en alliance en 2014, est aujourd’hui mal acceptée par certains acteurs de l’époque.

Le député du PTr, Shakeel Mohamed, est sans équivoque : « On ne peut confier une telle responsabilité à un leader politique ! » Même s’il admet avoir fait partie d’une alliance qui avait proposé la formule, en 2014, il souligne aujourd’hui que cette proposition a été rejetée par l’électorat. L’élu de la circonscription no 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est) plaide pour la suppression du Best Loser System (BLS) et de toute notion communale de la Constitution. « Lorsque le BLS a été introduit, cela visait à rassurer les communautés. Cela signifie-t-il pour autant que la discrimination raciale n’existe plus à Maurice ? » lâche l’ancien ministre du Travail.

L’élu rouge propose un recensement ethnique dépolitisé pour remplacer le BLS comme rempart contre la discrimination raciale. « Cette idée déplaît certes à plusieurs politiciens, mais cette pratique est en cours dans plusieurs pays. Un tel outil peut s’avérer dangereux s’il est utilisé à des fins politiques. Ce que je propose c’est d’utiliser le recensement ethnique pour déterminer dans quels secteurs la discrimination ethnique est plus présente. »

Le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) estime, lui, que la réforme électorale ne pourra pas aboutir tant qu’on ne procédera pas à un redécoupage électoral. Raison pour laquelle les bleus soumettront des propositions lundi prochain à l’Electoral Boundaries Commission, qui soumettra son prochain rapport en 2019. Ce rapport est rédigé tous les dix ans. La commission doit considérer les changements dans la composition de la population de chaque circonscription et amender les frontières en conséquence. Le rapport devra être adopté in toto ou rejeté. Il l’a toujours été depuis l’Indépendance.

Au-delà des partis, le repêchage des candidats battus par les leaders politiques déplaît aussi aux indépendants, à l’instar de Kavi Ramano. Il suggère d’augmenter le nombre de candidats élus à la proportionnelle pour rendre caduc le BLS. Le chiffre jusqu’ici proposé par le gouvernement est de 12. « Un chiffre dérisoire », selon l’élu du no 18. « Il faudrait l’augmenter à 20. Cette formule viendrait rassurer les communautés minoritaires. Cela devrait se faire à travers la liste de candidats qui sera présentée par les leaders. Cette liste devra refléter l’unité nationale. »

Même son de cloche pour le Mouvement patriotique (MP). Le député du no 14 (Savanne/Rivière-Noire), Alan Ganoo, comme Kavi Ramano, alors membre du MMM quand ce parti avait accepté la formule en 2014, qualifie de « rétrograde » la mesure de repêchage des candidats battus. « Si le gouvernement va de l’avant avec cette formule, ce sera un retour au Moyen-Âge. » Il se réjouit que tous les leaders politiques de l’opposition se soient alignés sur la même position, notamment le MMM qui s’est exprimé « contre » mercredi.

Élimination de la déclaration d’appartenance ethnique

La déclaration de l’appartenance ethnique sera chose du passé aux prochaines élections générales. C’est une autre proposition phare du comité ministériel. Cette mesure sera un tournant dans l’histoire politique mauricienne, même si un premier pas avait été fait par le PTr aux dernières élections générales. Les candidats avaient le choix de ne pas déclarer leur appartenance ethnique, même si certains politiciens avaient choisi de le faire, à l’instar de Paul Bérenger.

 

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