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Réforme électorale : arguments et contre-arguments

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Vendredi et samedi, 17 orateurs se sont succédés au Parlement pour émettre leur avis sur la réforme électorale. Lundi, les débats continuent avec une vingtaine d’orateurs en attente. Voici les arguments de ceux qui ont déjà pris la parole.

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Pravind Jugnauth : rétablir la balance

  • Plus de stabilité politique et sociale : présentant le texte de loi, le Premier ministre Pravind Jugnauth soutient qu’en éliminant le Best Loser System (BLS) et en introduisant une dose de proportionnelle et une clause anti-transfuge, la réforme sera garante de stabilité.
  • Représentation féminine : en obligeant les leaders politiques à choisir leurs candidats en prenant compte que, par circonscription, un tiers doit être d’un sexe différent, l’on vient combattre une injustice faite aux femmes depuis longtemps.
  • Rétablir l’équilibre : la formule proposée par le gouvernement en remplacement du BLS permettra de mettre fin à un communalisme rampant.

Adrien Duval : maintien du Best Loser System

  • Best Loser System : le député PMSD plaide pour le maintien de ce système, car il assure une représentativité des minorités. Il rappelle que, dans son programme électoral, l’alians Lepep avait promis de le maintenir.
  • Oui à un tiers de sièges au minimum pour les femmes.
  • Loi anti-transfuge : c’est « acceptable », même si c’est « half-baked ».
  • Non à davantage de députés : « Relever le nombre de députés de 70 à 85 %, soit un pourcentage de 21 %, est sans doute une proposition non pertinente. En Angleterre, ils ont un député pour 100 000 habitants, ici nous en avons trois pour 25 000. »
  • Revoir les circonscriptions : Adrien Duval estime qu’il est plus que temps de redécouper les circonscriptions et annonce que le PMSD portera l’affaire en Cour Suprême.

Paul Bérenger : un comité parlementaire

  • Représentation proportionnelle : pour le leader du MMM, ce que propose le gouvernement n’a pas de sens. D’une part, il vient avec un système proportionnel pour corriger le First Past the Post, mais « ensuite, on présente un machin pour corriger la proportionnelle ». Il est d’avis qu’il ne faudrait pas se cacher derrière des prétextes pour ne pas présenter une bonne réforme.
  • Best Loser System : « Dossier épineux », reconnaît Paul Bérenger. Le rôle d’un leader, c’est de rassurer ceux qui ont peur. « Les propositions de l’alliance MMM/PTr étaient meilleures. Je ne dis pas qu’elles étaient parfaites, mais c’était mieux. »
  • Comité parlementaire : Paul Bérenger soutient que le prochain gouvernement nommera un comité parlementaire pour formuler une réforme complète du système électoral.
  • Deux Party lists. Le patron des mauves affirme qu’il faudrait deux Party lists et que les deux doivent être rendues publiques avant les élections. La première contiendrait une liste par ordre de priorité pour entrer au Parlement à travers la proportionnelle dans l’ordre prescrit par la liste. « Ensuite, il faudrait une deuxième liste, où le leader pourrait choisir des gens au cas où une communauté serait sous-représentée. »

SAJ : non à un recensement ethnique

  • Accusations contre le PMSD : le ministre mentor a été très sévère  à l’encontre du PMSD. Il l’accuse d’avoir « poignardé » l’île Maurice à trois reprises en étant contre l’Indépendance, puis contre l’accession au statut de République et maintenant contre la réforme électorale.
  • Non à un recensement ethnique : faire un nouveau recensement serait « néfaste » pour le tissu social. Il condamne le PMSD, qui demande un nouvel exercice.
  • Pas d’abolition du BLS : c’est faux de croire que le BLS sera amendé. « Les critiques ne sont pas justifiées. Ce sont les leaders qui choisiront et ce sont déjà eux qui choisissent les candidats pour les élections. »

Etienne Sinatambou : réflexe communal

  • Critiques envers le MMM : le MMM ne fait que chercher des prétextes pour ne pas avaliser cette réforme électorale, car les deux partis sont « sur la même longueur d’ondes » et parlent le même langage concernant ces modifications. Ce serait « malhonnête de ne pas voter en faveur de cette réforme ».
  • BLS : le BLS est « une machine de réflexe communal extrême ». Il blâme le député travailliste pour avoir été contre le BLS en 2012, mais pour avoir ensuite changé de position pour des raisons bassement politiques.
  • Proportionnelle : le gouvernement propose une dose de 12 élus à travers la proportionnelle et le MMM 14. Ce serait une preuve de mauvaise foi de la part du MMM de rejeter ce texte de loi pour une si petite différence de nombre.
  • Représentation des femmes : un tiers de candidats par circonscription qui ne sont pas du même sexe. C’est « le bon ratio ».

Danielle Selvon : un référendum nécessaire

  • Maintenir le BLS : la députée indépendante se prononce très clairement en faveur du maintien du BLS, car c’est une garantie de stabilité pour les minorités. Les droits de ces derniers  doivent être mieux protégés.
  • Trop de députés : la réforme propose d’ajouter 23 nouveaux députés « dont 22 échappent au choix populaire ». C’est autant de salaires, allocations et autres avantages en plus de ce qui existe déjà.
  • Référendum : un tel projet de loi ne peut être adopté sans référendum ou sans passer par des élections générales.

Fazila Jeewa-Daureeawoo : rôle des femmes

  • Représentation des femmes : la no 4 du gouvernement affirme que Maurice s’est engagée, à travers une multitude de conventions internationales, à augmenter la représentation des femmes au Parlement. C’est ce qui est proposé à travers ces amendements à la Constitution.
  • Déclaration de l’appartenance ethnique : biffer l’obligation de déclarer son appartenance ethnique pour pouvoir être candidat aux élections générales est une excellente chose, trouve Fazila Jeewa- Daureeawoo. « Notre peuple a développé une mauritian way of life, qui dépasse les communautés. »

Jean-Claude Barbier : une injustice tangible

  • Non à la réforme : « Les propositions ne répondent pas à la demande de nombreux Mauriciens. Elles sont inacceptables. »
  • Pas de changement dans le rapport de forces : la réforme électorale proposée ne permettra pas de corriger le résultat des urnes. « Le problème de rapport de forces ne sera pas résolu. »
  • Redécouper les circonscriptions : la délimitation des circonscriptions joue en défaveur des minorités. Cela a « favorisé une surreprésentation de la majorité, plus une injustice tangible ».
  • BLS : Abolir ce système sans avoir une formule qui garantira l’équilibre ethnique serait une grosse erreur.

Arvin Boolell : la représentation ethnique

  • Occasion ratée : c’était une opportunité en or d’établir le dialogue, selon le député travailliste.
  • Biffer le texte : Arvin Boolell lance un appel au Premier ministre pour enlever le texte de loi de l’agenda.
  • La voix du peuple : il insiste pour qu’il y ait un référendum.
  • Justice électorale : le député du no 11 souhaite qu’il y ait un système respectant la représentation ethnique. « Un leader ne peut avoir un pouvoir excessif. »

Ivan Collendavelloo : un esprit de consensus

  • Le numéro 2 du gouvernement, Ivan Collendavelloo, a demandé à l’opposition, notamment à son ancien parti, le MMM, de suivre la réforme, dans un esprit de consensus. Il a demandé aux mauves de suivre les pas du Muvman Liberater en donnant leurs votes pour la nouvelle réforme.
  • Ivan Collendavelloo se dit favorable à une part de représentativité proportionnelle.
  • Selon le leader du Muvman Liberater (ML), le Best Loser System serait maintenu, selon les recommandations du rapport Sach. Il a rappelé que, dans le passé, le communalisme était pratique courante dans le système politique.
  • Ivan Collendavelloo dit espérer que la jeune génération de politiques ne pensent plus en termes de communauté. « Nous sommes tous d’accord pour qu’il y ait une dose de proportionnelle. »

Shakeel Mohammed : un système qui divise

  • « L’idéal serait un système indifférent aux appartenances de communauté ». Le chef de file du PTr au Parlement a fait état de sa préférence pour un système ne donnant pas un sentiment d’exclusion aux minorités. Le député rouge explique que Maurice ne veut pas d’un système qui divise, mais il a dénoncé l’hypocrisie de certains.
  • Best Loser System : les leaders ne peuvent se substituer aux votes de la population.
  • Il a aussi fustigé le ministre Husnoo, qui avait fait campagne pour le maintien du Best Loser System.
  • Shakeel Mohamed a blâmé, lors de son discours, le Mouvement Liberater, en affirmant qu’il n’avait pas présenté une seule candidate femme en 2014.

Maneesh Gobin : pas de ‘pity politics’

  • Human Rights Committee : L’Attorney General a affirmé qu’il était temps de joindre le geste à la parole. Le temps des rapports d’experts et des Select Committees est révolu, dit-il. L’histoire s’écrit maintenant.  
  • La liste des Best Loser Seats : « Il ne faut pas faire de pity politics. Certains nous critiquent et affirment que ce projet de loi est anti-démocratique en raison du pouvoir accordé à un leader de choisir les candidats. Mais c’est absurde. Cela est déjà écrit dans la Constitution. »

Salim Abbas Mamode : représentativité

  • Best Loser System : le député bleu a souligné que la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo n’avait fait que suivre les instructions de son leader et de son colistier. « Elle a axé sa campagne sur le maintien de ce système. » Idem pour le ministre Anwar Husnoo, qui s’est prononcé contre l’élimination du Best Loser System. Il a déclaré qu’il ne voterait pas la réforme électorale.
  • Députés additionnels : il trouve déplorable que ce projet de loi augmentera le nombre de députés à l’Assemblée. Selon lui, de nouveaux postes devront être créés. « Cela créera une mauvaise gestion. »
  • Représentation féminine : Salim Abbas Mamode se dit être sur la même longueur d’onde pour une meilleure représentativité dans l’hémicycle.

Yogida Sawmynaden : consolider l’harmonie

  • Best Loser System : ce projet de loi sera un pas en avant. Le député Shakeel Mohamed ne peut évoquer les minorités sans évoquer la campagne infecte de son leader vis-à-vis de Paul Bérenger. « Cet amendement rendra notre système encore meilleur. Il consolidera l’harmonie dans le pays. Nous devons faire évoluer notre système. Le PMSD a manqué son rendez-vous avec l’histoire en deux occasions. Voter pour la réforme électorale sera une chance pour le parti de se racheter. » Yogida Sawmynaden a lancé un appel aux anciens du MMM et aux députés mauves pour qu’ils ne ratent pas ce rendez-vous avec l’histoire.

Veda Baloomoody : des lois différentes

  • Electoral Supervisory Commission : il est clair, selon le député mauve, que les propositions du gouvernement vont à l’encontre du comité Sachs et du Select Committee mis sur pied par le gouvernement MSM/MMM d’alors. Il demande au gouvernement de rendre publiques les conclusions du rapport de l’Electoral Supervisory Commission sur la réforme électorale, s’il n’a rien à cacher à la population.
  • Représentativité féminine : Selon le député mauve, le gouvernement aurait dû venir de l’avant avec une loi séparée pour la représentativité féminine.
  • Transfugisme : il réclame également une loi séparée. « Trois élus sous la bannière PTr/MMM ont quitté le MMM et ont rejoint les rangs du gouvernement. Deux ont été élus, alors que le troisième a été repêché par le BLS. »

Zouberr Joomaye : le BLS a fait son temps

  • Best Loser System : le Best Loser System a fait son temps, pour le député du MSM, qui déclare qu’il n’y a pas de système parfait, mais que ce projet de loi est le moins imparfait. « Nous devons cesser notre hypocrisie. Le système de repêchage doit être amélioré et nous proposons un meilleur système aujourd’hui. Le MMM et le PMSD ont été toujours du mauvais côté de l’histoire. »
  • La liste des Best Loser Seats : « Ces politiciens et partis politiques peuvent rejeter cette proposition, car certains n’auront même pas de membres élus lors des législatives. »

Vers un échec, sauf si…

À la mi-semaine, le gouvernement nourrissait des espoirs que sa réforme électorale pourrait atteindre les 52 voix nécessaires au Parlement pour adopter le Constitution (Amendment) Bill. Cependant, il lui manque sept votes.

Des contacts avaient été pris avec le Mouvement Patriotique (MP), Kavi Ramano, et le MMM. Ceux-ci se montraient ouverts, à condition d’introduire quelques amendements tels que d’augmenter le nombre de députés à la proportionnelle. Même la députée indépendante Danielle Selvon était « open » sur la réforme.

Mais le discours du Premier ministre Pravind Jugnauth et celui du ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, ont fermé la porte avec force. à samedi soir, tous ceux qui étaient sensibles à la démarche gouvernementale ont signifié qu’ils n’étaient plus partants.

Alors que les mauves s’attendaient à ce que le chef du gouvernement annonce un amendement pour faire passer le nombre d’élus pour la représentation proportionnelle de 12 à 14 voire 16, tel n’a pas été le cas. De plus, vendredi, le MMM avait déjà convoqué les membres de son comité central pour une réunion spéciale samedi après-midi. Le but était de discuter de l’adoption de cette réforme. Cependant, samedi matin, les membres de cette instance ont été informés que la réunion était annulée.

Les deux députés du MP et Danielle Selvon ont aussi tourné le dos au gouvernement sur ce projet de loi. Après une rencontre avec le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, celle-ci s’est alignée complètement sur la position du PMSD. Samedi, au Parlement, Jean-Claude Barbier, du MP, a abondé dans le même sens.

Pour l’heure, le gouvernement reste avec ses 45 voix. Toutefois, il ne ferme toujours pas la porte à des contre-propositions de la part de l’opposition. « Jusqu’ici, on n’a pas entendu des propositions claires. Si le MMM veut 14 ou 16 députés pour la proportionnelle, qu’ils le disent clairement. Leurs représentants au Parlement ne l’ont pas encore fait », confie-t-on à l’hôtel du gouvernement.

 

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