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Réforme éducative : la disparition des classes prévoc inquiète

2018 verra la fin des classes de la filière prévocationnelle. Les élèves ayant des difficultés d’apprentissage auront droit aux mêmes cours que ceux admis en Grade 7. Cette situation inquiète les enseignants.

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Avec l’introduction de la Nine Year Continous Basic Education, la filière Prevoc n’a plus sa raison d’être. Cette filière destinée aux élèves ayant échoué aux examens du Certifictae of Primary Education (CPE) sera remplacée par des classes de l’Extended Stream. Avec la réforme, les élèves qui n’auront pas réussi le Primary School Achievement Certificate (PSAC) en octobre prochain, auront droit aux mêmes cours que tous ceux qui passeront en Grade 7. Toutefois, ces derniers pourront compléter les Grade 7-9 sur quatre ans, au lieu de trois.

Inquiétudes

Depuis l’annonce de ce changement, les enseignants ont, à maintes reprises, fait entendre leur voix. Brian Pitchen, enseignant du Prevoc, s’inquiète pour ceux travaillant dans ce secteur. Il cherche une assurance du ministre de l’Éducation pour ceux employés dans ce secteur. « Les enseignants du Prevoc ont été formés pour travailler avec des élèves ayant des difficultés d’apprentissage avec un programme d’étude différent du Mainstream. Qu’adviendra-t-il de ces enseignants s’il n’y a plus de classes de Prevoc ? Que feront ceux n’ayant pas le niveau après les trois années d’étude en Lower Secondary ? » Autant de questions que se pose Brian Pitchen. 

Lysie Ribot, présidente de la Secondary and Preparatory School Teachers and other Staff  Union (SPSTSU) abonde dans le même sens. Elle dit ne pas comprendre pourquoi il faut séparer les élèves qui doivent compléter le même programme d’étude. « Si les élèves seront dans les classes différentes avec d’un côté ceux qui compléteront le programme en trois ans et de l’autre ceux qui le compléteront en quatre ans, quelle est la différence entre le présent système et celui qui sera en vigueur en 2018 ? »

Trop chargé

« Les élèves ayant des difficultés d’apprentissage ont besoin d’un programme adapté à leurs besoins », martèle Dass, enseignant d’un collège d’État. Il avance que le programme actuel du Prevoc est déjà difficile pour bon nombre d’étudiants.

Le nouveau programme d’étude, le National Certificate of Education (NCE) comprend 13 matières. Neuf matières principales : English, French, Maths, Science (Chemistry, Physics, Biology and Environment), Social and Modern Studies (History, Geography and Sociology), Business and Entrepreneur Education (Economics, Accounting, Business/Entreprise), Technology Studies (DT and Food and Textile), ICT, Art and Design et plusieurs ‘non-core subjects’ : Performing Art (Music or Drama or Dance), Physical Education, Life Skills and Values et le Communication Skills qui sera enseigné à travers les autres matières. Les élèves auront droit à une matière optionnelle au choix entre le Kreol, une langue asiatique, l’Arabe ou une langue étrangère.

Les enseignants estiment que ce n’est pas un programme trop chargé pour ces enfants. « Cela risque de décourager bon nombre d’entre eux », prévient Lysie Ribot.

Conclusion d’un rapport de 2016

Un rapport de la Prevocational Unit du ministère de l’Éducation en date de 2016 souligne les difficultés des élèves du Prevoc. Il est ainsi écrit : « They had been found, through a screening exercise, to display poor functional literacy and numeracy skills. They are unable to cope with language skills and the medium of instruction. They suffer from learning disorders, developmental and intellectual delays. » Cette situation perdure depuis une quinzaine d’années. Il est aussi indiqué qu’en 2014, un millier d’élèves sur 1 900 n’ont pas décroché le Certificate of Prevocational Education.

Éclairage

La réforme éducative ne laisse aucun enfant sur la touche. Leela Devi Dookun-Luchoomun répète qu’il y a de la place pour tous les enfants dans le secteur éducatif mauricien. C’est ainsi qu’une classe spéciale est prévue pour les élèves avec des difficultés d’apprentissage. Cette classe comprendra un nombre réduit d’élèves et sera aménagée dans chaque école secondaire régionale. Elles accueilleront les élèves ayant démontré des difficultés d’apprentissage persistantes depuis le primaire. Ces derniers suivront un programme d’étude adapté à leurs besoins, sur quatre ans au lieu de trois ans.

Le but de l’Extended Stream est de permettre aux élèves de rattraper tout retard, en utilisant des pédagogies novatrices et adaptées et aussi un ‘syllabus’ étendu et des ressources additionnelles pour leur venir en aide. L’accent est placé sur le literacy, numeracy et les life skills and values.

Le Mauritius Institute of Education (MIE) a la responsabilité de la formation et de l’élaboration des outils et matériels requis. Tous les enseignants qui seront appelés à enseigner en Grade 7 en 2018, que ce soit dans le Mainstream ou l’Extended Stream recevront une formation spéciale du MIE.

La formation dispensée par le MIE tient en compte les multiples faiblesses notées depuis des années chez les élèves ayant des difficultés d’apprentissage et les formations sont destinées à répondre à ces faiblesses.

L’Extended Stream sera introduit graduellement : en Grade 7 en 2018, en Grade 8 en 2019 et ainsi de suite. Parallèlement, le Prevoc sera éliminé, en G7 en 2018, Grade 8 en 2019 et ainsi de suite.

Tout aussi important, les enseignants de la filière prévocationnelle, estimant avoir besoin d’une formation spéciale ou additionnelle, peuvent faire connaître leur intention au MIE.

Assurance

Vikash Ramdonnee soutient, pour sa part, avoir eu l’assurance de la ministre de l’Éducation qu’avec l’élimination des classes prévocationnelles, aucun enseignant ne perdra son emploi. Le président de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU) affirme que ce sont eux qui travailleront avec les élèves qui se trouveront dans les extended classes.


En chiffres

En 2016, 114 collèges offraient des cours du Prevoc  (107 à Maurice et 7 à Rodrigues). Le personnel enseignant comprenait 1 005 personnes dont 612 femmes. Le nombre d’élèves était comme suit : à Maurice, 9 311 élèves (6 127 garçons et 3 184 filles) dans 67 collèges privés subventionnés et 40 collèges État.


S. Sawminaden : «Les enseignants doivent donner le meilleur d’eux-mêmes»

L’association des recteurs et des assistants recteurs insiste qu’il faut donner une deuxième chance aux enfants avec des difficultés d’apprentissage. Soondress Sawminaden fait ressortir que « les enseignants doivent s’efforcer de donner le meilleur d’eux-mêmes pour le progrès de leurs élèves. » Ayant exercé comme enseignant pendant de longues années dans des collèges d’État, le recteur soutient qu’il préfère travailler avec les enfants ayant des difficultés. « Tout enseignant qui se respecte doit pouvoir travailler avec les élèves difficiles », dit-il.

 

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