
Les syndicats du personnel de la santé publique estiment que les réformes annoncées par le ministère restent sans effet. Ils réclament des rencontres régulières avec les cadres du ministère afin d’évoquer leurs problèmes sur le terrain et de proposer des solutions réalistes.
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Les réformes promises dans le secteur de la santé soulèvent le scepticisme et l’inquiétude des syndicats. Selon eux, les annonces gouvernementales ne se traduisent par aucune amélioration tangible. Tous appellent à des discussions franches et régulières avec les cadres du ministère afin d’exposer les défis du service public et d’apporter des solutions.
« On ne voit aucune réforme dans le service de santé public. Nous n’avons rien reçu comme plan concernant les mesures à mettre en place en vue d’une réforme », déclare le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA).
Le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA), partage cette analyse. Il plaide pour une rencontre avec toutes les parties prenantes afin de faire avancer les mesures envisagées par le ministère. Il cite en exemple le projet de E-health, testé à titre expérimental au SAJ Hospital, qui aurait pu être amélioré si les syndicats avaient été consultés en amont.
Recrutement et planification
Le président de la Ministry of Health Employees Union, Amarjeet Seetohul, déplore lui aussi l’absence de mesures concrètes. Il cite le recrutement d’infirmiers, annoncé dans le budget, qui ne sera palpable que dans trois ans, soit le temps de leur formation. Pour
Avec un secteur de la santé en pleine expansion, Amarjeet Seetohul estime que le recrutement doit impérativement accompagner l’ouverture de nouveaux services ou la construction d’hôpitaux. « Il nous faut définitivement aller vers l’expansion, mais elle doit être accompagnée du recrutement des ressources humaines nécessaires. » Il propose également de dispenser des formations supplémentaires aux Health Care Assistants pour qu’ils puissent épauler plus efficacement les infirmiers.
Pour le Dr Abeeluck, non seulement la situation ne s’améliore pas, elle se détériore. « La situation a empiré avec le manque accru de personnel. Nous avons aussi constaté que les patients sont violents envers le personnel. Certains font des vidéos live sur les réseaux sociaux. Dans celles-ci, ils insultent et dénigrent les employés du service de santé public », déplore le président de la GMDOA. Il prend pour exemple une récente vidéo montrant le proche d’une patiente s’en prenant verbalement à un médecin accusé d’erreur médicale.
« Ce genre de comportement est intolérable, car il n’y a pas eu qu’une agression verbale, mais aussi physique », poursuit-il. Il fustige également ces diffusions en direct réalisées sans le consentement du personnel ou des patients. Selon lui, les agressions verbales et physiques sont en hausse. « Le public doit savoir qu’il n’a pas le droit de faire des vidéos du personnel hospitalier et des patients sans leur approbation. »
Le Dr Abeeluck s’interroge sur la position du ministère concernant de telles situations. « Pourquoi, quand il y a des agressions contre le personnel, n’y a-t-il pas de réaction ? Pourquoi quand il s’agit de doléances des patients, les interventions sont-elles promptes ? » Il regrette qu’aucune mesure de sécurité adéquate n’ait été mise en place. Il suggère la présence accrue de policiers ou d’agents de la Special Mobile Force dans les hôpitaux. « Le personnel vient travailler pour prodiguer des soins aux patients, pas pour se faire agresser. »
Dialogue syndical
Le Dr Sewsurn abonde dans le même sens, estimant qu’aucune mesure concrète n’a été adoptée pour améliorer le service. « Il y a peut-être des annonces, mais c’est à sens unique. Il faut inclure toutes les parties prenantes et avoir les avis de tout le monde pour une approche multisectorielle », estime-t-il. Selon lui, les pratiques actuelles rappellent celles de ces dix dernières années, marquées par l’absence de rencontres entre les syndicats et les hauts cadres du ministère. « Nous avons demandé plusieurs réunions industrielles avec un agenda spécifique, mais jusqu’à présent, elles n’ont pas eu lieu », déplore le président de la MHOA. Il précise qu’une nouvelle requête est restée sans réponse.
Amarjeet Seetohul insiste également sur l’importance d’un dialogue syndical structuré. « Pour l’instant, les décisions sont prises unilatéralement, avec des conséquences pour tout le système. » Selon lui, les syndicats sont les mieux placés pour proposer des solutions, car ils sont sur le terrain et connaissent les défis du secteur.
Le Dr Abeeluck, pour sa part, est d’avis que le ministre est peut-être mal informé. « Peut-être que la vérité lui est cachée et qu’il n’a pas toutes les données. Ce n’est pas en lui disant que tout va bien que les problèmes seront résolus. » Il demande au ministre de rencontrer plus souvent les syndicats afin de connaître les réalités du terrain.
Signaux positifs
Si la plupart des syndicats dressent un tableau sombre, Krishnadev Boodia, président de la Ministry of Health Transport Workers Union, note quelques efforts. Il estime que le ministre Bachoo « a emprunté une direction assez correcte », même si des ajustements sont nécessaires. Il cite notamment le manque d’ambulances, devenu criant avec l’augmentation du nombre de patients et d’hôpitaux. « Il n’y a que quatre ambulances pour les urgences pour chaque hôpital », explique-t-il. Il préconise non seulement une augmentation de la flotte, mais aussi une formation pour les ambulanciers afin d’assurer un service de qualité.
Malgré cette légère satisfaction, la conclusion des syndicats est sans appel. Les annonces gouvernementales ne suffisent pas. Ils demandent au ministère d’organiser des discussions franches pour résoudre les problèmes de fond : recrutement, sécurité du personnel et planification des services.
En attendant une réponse du ministère, le personnel continue de faire fonctionner le système « tant bien que mal », malgré le manque aigu d’effectifs. « Nous voulons avoir une assurance et une protection quand on est sur notre lieu de travail », dit le Dr Abeeluck. Il réclame des mesures immédiates pour la sécurité et la motivation des soignants.

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