
Le Reform Party dénonce une réforme injuste des retraites, qui pénalise surtout les femmes au foyer et les travailleurs informels. Il met en garde contre des conséquences sociales sérieuses, et critique l’opacité des mesures fiscales qui aggraveraient le coût de la vie.
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Le Reform Party ne décolère pas. Après un examen minutieux des annexes du Budget 2024–2025, présenté par le gouvernement de l’Alliance du Changement, le jeudi 5 juin, l’état-major du parti tire la sonnette d’alarme. Pour le secrétaire general du parti, Ryad Subratty, le constat est sans appel : certaines vérités ont été soigneusement dissimulées. Et en première ligne, la réforme du régime de retraite, qui selon lui, pénalise lourdement l’ensemble des Mauriciens… en particulier les femmes au foyer.
« C’est le pire timing pour annoncer ce genre de réforme, surtout quand le gouvernement n’a pas tenu ses promesses électorales de soulager la population », fustige Ryad Subratty. À ses yeux, retarder l’âge d’accès au Basic Retirement Pension (BRP) ne fera qu’amplifier les inégalités sociales et créer un déséquilibre profond. Il pointe du doigt une mesure qui, sous couvert de rationalisation budgétaire, va impacter de plein fouet les plus vulnérables.
Dès septembre 2025, l’âge de départ effectif à la retraite va progressivement glisser de 60 à 65 ans. Ceux nés à partir du 1er septembre 1965 devront ainsi patienter une, deux, voire cinq années supplémentaires avant de toucher leur pension de base. Un manque à gagner évalué à plusieurs centaines de milliers de roupies pour chaque citoyen concerné (voir tableau). « Une femme au foyer née en 1971, ayant consacré sa vie à sa famille, devra attendre 2035 pour recevoir sa pension. Soit à 65 ans », illustre Ryad Subratty.
Et de poursuivre : « Ces femmes accomplissent un travail admirable, souvent invisible. Elles sont les dernières à manger, les dernières à penser à elles. Aujourd’hui, on les prive de cinq années de pension. C’est un vol institutionnalisé. »
L’argument économique ne suffit pas à justifier, selon lui, un tel recul social. D’autant plus que l’espérance de vie à Maurice plafonne à 74 ans. « Le gouvernement leur enlève un tiers de leur retraite. Cela ne reflète en rien le thème du Budget From Abyss to Prosperity. On est très loin de la prospérité promise. »
Une réforme injuste et opaque, selon le Reform Party. Si certains analystes estiment que cette réforme était inévitable, Ryad Subratty rappelle que l’ancien gouvernement, lui, avait fait financer ses promesses autour du BRP par le secteur privé en 2019. Pour le membre du Reform Party, toute réforme doit être accompagnée de mesures fiscales équitables, capables de générer les fonds nécessaires sans asphyxier les PME. « Ce gouvernement, lui, fait payer encore une fois le secteur privé, tout en annulant le BRP pour une large tranche de la population. » Combien seront touchés ? « Selon les chiffres du Bureau des statistiques, environ 250 000 Mauriciens sur cinq ans », avance-t-il.
CSG sur la sellette, un NPF encore flou
Autre point de tension : la suppression de la Contribution sociale généralisée (CSG) prévue pour 2027, au profit d’une nouvelle version du National Pensions Fund (NPF). Mais l’opacité de cette transition inquiète. « Jusqu’en 2027, le secteur privé continuera à financer cette taxe injuste. Les contributions passeront de Rs 13 milliards à Rs 20 milliards. Soit Rs 7 milliards supplémentaires. Mais à quoi servira cet argent ? Personne ne le sait », déplore-t-il.
Les fonds de la CSG étant directement versés dans le Consolidated Fund, rien ne garantit, selon lui, qu’ils soient réellement utilisés pour financer les pensions. « Les allocations CSG diminuent, mais les cotisations augmentent. Où va l’argent ? »
Selon le secrétaire général du Reform Party, le modèle économique du gouvernement repose désormais, en grande partie, sur le Social Register of Mauritius (SRM) pour cibler les aides, soit environ 7 000 bénéficiaires. « Gérer un pays ne revient pas à faire du Robin des Bois inversé. Aujourd’hui, les familles à revenu moyen sont celles qui souffrent le plus, avec l’effet cumulé de l’inflation et des taux bancaires élevés. »
Sur le plan fiscal, le Reform Party dénonce aussi la hausse attendue des recettes liées à la TVA, estimées à Rs 77 milliards entre 2025 et 2027. L’abaissement du seuil d’enregistrement à la MRA pour les PME – de Rs 6 millions à Rs 3 millions de chiffre d’affaires – est, selon Ryad Subratty, une bombe à retardement. « Cela touche directement les petits commerçants. Une hausse de 15 % des prix est inévitable. Un marchand de biryani qui vend sa portion à Rs 175 devra la proposer à Rs 200, rien que pour couvrir la TVA. »
Une mesure intenable, selon lui, qui va non seulement alourdir la facture des consommateurs, mais aussi étrangler les petits commerces. Et au final, accentuer le coût de la vie.
Des pertes financières considérables pour les futurs retraités

La réforme du BRP, qui prévoit un relèvement progressif de l’âge d’éligibilité à la pension, entraînera un manque à gagner important pour les Mauriciens nés à partir de septembre 1965, souligne Ryad Subratty, qui a calculé les pertes financières selon la date de naissance et les nouvelles règles annoncées par le ministère des Finances. Selon ses projections, si l’on suppose que la pension mensuelle continue à augmenter de Rs 1 000 par an, les pertes cumulées peuvent atteindre des sommets. « Ces pertes ne concernent pas seulement les salariés, mais aussi les femmes au foyer ou travailleurs informels qui n’ont pas de revenus de substitution. Ce décalage a des conséquences sociales très sérieuses », avertit-il.

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