Live News

Réforme des pensions : entre impératif économique et colère sociale

Ashna Nuckcheddy-Rabot et ses invités Ram Etwareea, député de la majorité, et Toolsyraj Benydin, ancien parlementaire et syndicaliste.

Alors que le gouvernement justifie la réforme des pensions par la situation économique du pays, la contestation ne faiblit pas. Sur le plateau d’Au Cœur de l’Info, élus, syndicalistes et observateurs ont débattu de l’avenir des réformes face à la mobilisation populaire.

La réforme de la pension de vieillesse continue de cristalliser les tensions et inquiétudes. En toile de fond : une situation économique jugée préoccupante par le gouvernement et une colère populaire grandissante. L’émission Au Cœur de l’Info est revenue sur les enjeux de cette réforme controversée. Les invités d’Ashna Nuckcheddy-Rabot étaient Ram Etwareea, député de la majorité, Toolsyraj Benydin, ancien parlementaire et syndicaliste, Nanda Armoogum, ancien directeur de l’information à la MBC, et Arvind Bhojun, représentant de la plateforme syndicale.

Publicité

Pour Ram Etwareea, les réformes sont indispensables : « Gouverner, c’est prévoir. » Selon lui, les fondements mêmes du pays ont changé, avec notamment le vieillissement de la population, les bouleversements climatiques, la globalisation et les conflits internationaux. « La Covid-19 a transformé notre quotidien. Nous devons adapter notre modèle », a-t-il argué.

Face à un déficit budgétaire important et un service de la dette atteignant Rs 21 milliards, il a insisté sur l’urgence d’agir : « Nous devons prendre des mesures aujourd’hui pour éviter une dégradation de notre notation par Moody’s », a-t-il fait comprendre. Il a réfuté par ailleurs les accusations de dépenses excessives, affirmant que le Premier ministre utilise le même véhicule que son prédécesseur, contrairement aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux.

Rejet des syndicats

De son côté, Toolsyraj Benydin s’est montré intransigeant. Pour lui, la réforme n’a pas été discutée ni annoncée dans le manifeste électoral, ce qui fragilise la légitimité du projet. Il appelle au dialogue social à travers le tripartisme. « Il faut des tables rondes pour construire ensemble », a-t-il fait comprendre.

 \Nanda Armoogum, ancien journaliste et chargé de cours en communication, estime que la réforme, bien que nécessaire, a souffert d’un manque de communication. « Il y a eu un fossé qui s’est installé entre le gouvernement et la population », a-t-il soutenu. Selon lui, le moment était mal choisi, notamment en ce qui concerne l’ajustement des allocations pour certains membres du gouvernement. « Même si certains ajustements étaient justifiés, le timing a été mal perçu », a-t-il ajouté. Il a toutefois souligné la volonté du gouvernement d’ajuster le tir en créant deux comités pour proposer des aménagements. « Il faut attendre leurs recommandations mais aussi écouter les plus vulnérables », a-t-il dit.

Toolsyraj Benydin regrette l’absence de mesures d’accompagnement pour les personnes fragiles, notamment pour l’achat de médicaments. Il dénonce aussi les hausses récentes sur les véhicules ou les denrées de base qui pèsent sur le pouvoir d’achat.

Pour Arvind Bhojun, la réforme a été prise dans la précipitation. « Le gouvernement n’a pas suffisamment consulté », a-t-il estimé. Il rappelle que de précédents gouvernements, même en période de crise, avaient évité de toucher à la pension. Il espère que le Premier ministre reviendra à de meilleurs sentiments. « Nous ne sommes pas contre la réforme, mais contre la manière dont elle est menée », a-t-il fait comprendre.

Pour Ram Etwareea, il ne s’agit pas d’un choix entre popularité et impopularité, mais d’assurer l’avenir du pays. « Le budget jette les jalons pour demain. Personne ne sera laissé au bord de la route », a-t-il affirmé. Il a rappelé également que le pouvoir d’achat a été protégé en n’augmentant pas la TVA, préférant taxer les grandes entreprises. Diverses mesures ont été prises également pour booster l’économie, selon lui, notamment à travers le secteur de la pêche et l’agriculture.

Mais pour Toolsyraj Benydin, le bon sens collectif doit primer. « Si sacrifices il doit y avoir, ils doivent concerner tout le monde, pas uniquement les citoyens », a-t-il souligné.

À l’heure où la mobilisation syndicale se durcit et où les comités d’évaluation sont en cours de travail, l’équilibre entre réforme nécessaire et justice sociale s’annonce comme un défi politique majeur pour le gouvernement.

  • Nou Lacaz

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !