Après la Banque mondiale, c’est au tour du Fonds Monétaire International d’élaborer sur les couacs du système de pensions à Maurice.
Ils étaient 243 452 retraités à Maurice à toucher la pension de vieillesse, selon les chiffres de juin 2022 publiés par Statistics Mauritius. À décembre 2021, Maurice comptait une population de 1 219 187 habitants.
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Avec le nombre de retraités recensés à travers l’île, l’économiste Vinaye Ancharaz affirme que tous les gouvernements utilisent le Basic Retirement Pension (BRP) comme un atout. « Les retraités représentent environ 25 % de la population. C’est tout à fait compréhensible que les gouvernements, surtout l’actuel, misent sur les retraités. En général, les retraités votent les gouvernements qui vont leur accorder la meilleure pension », explique Vinaye Ancharaz.
C’est néanmoins une politique qui n’est pas sans conséquence sur l’économie. D’ailleurs, les institutions, comme la Banque mondiale, ou plus récemment le Fonds Monétaire International (FMI), ont soulevé le revers d’une pension laxiste. Pour le FMI, la réforme du système de retraite reste une étape essentielle pour soutenir la viabilité budgétaire. « Tout plan d'assainissement budgétaire devra s'attaquer à la disparité entre les dépenses et les recettes de retraite, qui devrait s'accentuer avec l'entrée en vigueur de nouvelles prestations au cours de l'exercice 2023/24, ce qui portera les dépenses de retraite à 8,1 % du PIB. Pour rendre le système viable, il faudra combiner des réductions de dépenses et des augmentations de recettes », est-il indiqué dans le rapport Article IV de l’institution.
La pension compte un coût de renonciation. À en croire Vinaye Ancharaz, chaque pays a une limite à ne pas franchir en matière de montant de la pension de retraite. Or, selon la Banque mondiale, Maurice figure parmi les pays dont les prestations universelles sont les mieux payées au monde par rapport au salaire moyen. Avec les ajustements du Budget 2022-23, l’État devra, selon Vinaye Ancharaz, débourser plus de Rs 25 milliards par an pour la pension. Un actuaire précise qu’avec la Contribution Sociale Généralisée (CSG), le système de pension est loin d’être soutenable à Maurice. « Nous avons raté l’opportunité de dire que la BRP de Rs 9 000 sera proposée aux 60 ans et les Rs 4 500 aux 65 ans », déplore l’actuaire.Quel impact sur le monde du travail ? C’est la classe travailleur qui subit les répercussions du système de pension tel qu’il est. Au sein du secteur privé, l’on concède que la Basic Retirement Pension encourage la retraite anticipée. « Certains employés arrêtent de travailler à 60 ans, alors que l’âge de la retraite est à 65 ans. C’est cinq ans de vie inactive où d’autres travailleurs contribuent pour eux. Business Mauritius a d’ailleurs contesté la constitutionnalité de la CSG en cour. Toutefois, la réforme de la pension reste un sujet tabou à Maurice », affirme l’intervenant du privé.
La population vieillissante ne va pas arranger les choses. Vinaye Ancharaz soutient que la proportion entre les retraités et les contribuables sera défavorable. « Il faudra augmenter la cotisation à la CSG à l’avenir », dit l’économiste. Quant à l’actuaire, il ne voit d’autres solutions que de hausser les recettes fiscales de l’État et d’introduire le ciblage afin de réduire les dépenses et d’utiliser l’argent pour d’autres investissements productifs.
Quelques points de l’Article IV
- Le système de retraite de Maurice n'est pas viable sur la base des politiques actuelles.
- La Basic Retirement Pension, à plus de Rs 9 000 par mois, place déjà Maurice parmi les pays dont les prestations universelles sont les mieux payées au monde par rapport au salaire moyen (Banque mondiale, 2021).
- La BRP, qui représente actuellement plus de 50 % des dépenses de retraite, crée des incitations négatives sur le marché du travail.
- La BRP n'est pas favorable aux pauvres car le montant per capita reçu ne diminue pas avec le revenu avant impôt du bénéficiaire.
- La BRP encourage la retraite anticipée et a un effet négatif sur la participation à la vie active.
- Solutions préconisées par le FMI
- Augmenter progressivement l'âge d'éligibilité à la BRP de 60 à 65 ans.
- Maintenir la prestation de la BRP au niveau actuel de Rs 9 000 jusqu'à ce qu'elle atteigne 20 % du salaire moyen.
- Limiter le ciblage de la BRP en ne l'offrant qu'à un sous-ensemble de personnes âgées qui en ont le plus besoin
- Réformer le système contributif de la CSG de manière à ce qu'il collecte les cotisations des travailleurs et ne verse des prestations qu'aux cotisants.
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