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Réforme de la pension : La CTSP demande le gel immédiat de la mesure

Le syndicaliste Jane Ragoo s’inquiète de l’impact de cette mesure sur les femmes au foyer notamment.

La réforme de la retraite, qui repousse l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension (BRP) de 60 à 65 ans suscite une levée de boucliers dans les rangs syndicaux. La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), par la voix de sa secrétaire générale Jane Ragoo, demande le gel immédiat de cette mesure du Budget 2025-26, qu’elle juge injuste, imposée unilatéralement. Et qui, selon elle, sert avant tout les intérêts du patronat.

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« Cette réforme n’a jamais figuré dans le manifeste électoral de l’Alliance du Changement. Elle n’a donc aucune légitimité populaire. Le gouvernement doit revenir sur sa décision », tonne Jane Ragoo. Elle évoque le sentiment de trahison ressenti par ceux qui avaient voté massivement en faveur du changement, lors du 60-0 de novembre 2024, espérant tourner la page d’un passé marqué, dit-elle, par la corruption et l’insécurité. « Le peuple avait retrouvé l’espoir. Aujourd’hui, il se sent floué. »

La syndicaliste dénonce ce qu’elle considère comme un « cadeau fait au patronat », notamment à Business Mauritius. « Cette réforme bénéficie clairement aux employeurs du secteur privé, car elle leur permet de garder plus longtemps leurs employés expérimentés sans se soucier du renouvellement du personnel. Dans le secteur public, certains syndicats applaudissent la mesure. C’est une honte nationale ! » fustige-t-elle.

Jane Ragoo met en garde contre les conséquences humaines de cette réforme. Selon elle, environ 150 000 personnes seront directement affectées entre 2025 et 2026. « Beaucoup attendaient d’atteindre l’âge de 60 ans pour enfin recevoir les Rs 15 000 mensuelles de la BRP, ne serait-ce que pour leurs frais médicaux. Cette attente s’effondre. »

Elle s’alarme aussi pour les femmes au foyer, « qui ont trimé toute leur vie sans salaire, ni congé, ni allocation ». Ces femmes, souvent invisibilisées, espéraient obtenir une reconnaissance symbolique à travers la pension à 60 ans. « Leur espoir tombe à l’eau. C’est une injustice criante. »

Autre groupe durement touché : les travailleurs manuels. Du bâtiment à l’agriculture en passant par les services de nettoyage, nombre d’entre eux souffrent déjà de maladies liées à leur travail. « Aujourd’hui, certains peuvent partir à 55 ans. Demain, ils devront attendre dix ans pour percevoir leur pension. Que vont-ils faire entre-temps ? Mendier ? Voler ? »

La CTSP s’inquiète également de l’impact de la réforme sur l’emploi des jeunes. « Moins de départs à 60 ans signifie moins de postes disponibles. C’est une logique dangereuse qui risque d’encourager l’exode de notre jeunesse vers l’étranger ou de favoriser un retour précipité de la diaspora », avance Jane Ragoo.

Pour la secrétaire générale de la CTSP, le gouvernement doit urgemment geler l’application de la réforme, initier un dialogue social impliquant tous les syndicats, et écouter les préoccupations des jeunes générations.

Une réunion du mouvement syndical, convoquée par Atma Shanto, est prévue ce vendredi. La CTSP y participera activement, bien décidée à faire entendre sa voix face à ce qu’elle qualifie de « décision arbitraire et injuste ».
 

 

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