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Réforme de la pension de retraite : le prix controversé de la pérennité

L’âge de la retraite à 65 ans avait été fixé en 2008.

C’est un tournant social majeur que le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a annoncé dans le Budget 2025-26 : l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension (BRP) passera progressivement de 60 à 65 ans. Une mesure aux allures techniques, mais aux répercussions très concrètes pour des milliers de Mauriciens. Derrière cette réforme, un double enjeu : garantir la pérennité du système des retraites et corriger un désalignement vieux de plus de 15 ans.

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Retour en arrière. En 2008, le ministre des Finances de l’époque, Rama Sithanen, avait déjà fait voter le passage de l’âge légal de la retraite à 65 ans. Mais pour des raisons politiques, le versement de la BRP était resté fixé à 60 ans. Résultat : un système hybride, où l’on pouvait percevoir une pension tout en continuant à travailler. 

Ce compromis a un coût : la BRP absorbe désormais à elle seule 26 % du budget national. En 2024-2025, pas moins de Rs 65,38 milliards ont été consacrées aux pensions. Et ce chiffre ne fera qu’augmenter : Rs 68,42 milliards en 2025-2026, puis Rs 68,91 milliards en 2027-2028, avant de décroître avec la réforme annoncée. 

Pour le gouvernement, il fallait agir. Le relèvement progressif de l’âge de perception de la pension vient donc harmoniser le système, tout en générant des économies.

Mais cette réforme ne touche pas seulement aux finances. Elle questionne le modèle social mauricien tout entier. La BRP est l’un des piliers de la solidarité nationale : universelle, non contributive, elle est la principale source de revenu pour une large part des personnes âgées. Allonger l’attente avant son versement, c’est aussi exposer une tranche de la population à de nouvelles fragilités.

Dans ce débat, une autre pièce du puzzle refait surface : la Contribution sociale généralisée (CSG). Mise en place par le précédent gouvernement pour remplacer le National Pensions Fund (NPF) en septembre 2020, la CSG est aujourd’hui au cœur des critiques. Le Premier ministre n’a pas mâché ses mots : selon lui, « la CSG est une menace sérieuse pour la viabilité budgétaire globale et l’équité sociale ».

Car en réalité, a-t-il souligné, les fonds de la CSG n’ont pas été utilisés pour financer les retraites. Ils ont été versés au Consolidated Fund, le budget général de l’État, et entièrement dépensés. Résultat : une dette publique alourdie de Rs 9 milliards pour l’exercice en cours, et aucune réserve pour les pensions de demain.

Face à cette impasse, le Premier ministre propose une double approche : un ajustement immédiat de l’âge d’éligibilité à la BRP et une réforme structurelle du système de retraite.

Le mécanisme sera mis en œuvre de manière échelonnée à partir de 2025.Les personnes nées entre le 1er septembre 1965 et le 31 août 1966 vont percevoir leur pension à partir de 61 ans, soit dès le 1er septembre 2026 (voir tableau).

Sur le second volet, une Commission d’experts sera instituée pour proposer une refonte globale des piliers de notre système de retraite. L’objectif est de remplacer la CSG par une nouvelle version du NPF d’ici deux ans. Le Premier ministre présidera personnellement un comité de pilotage chargé d’évaluer les recommandations de la commission et de superviser leur mise en œuvre.

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