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Réforme de la pension : Business Mauritius s’en va en guerre contre la CSG

Kevin Ramkaloan et Renganaden Padayachy Kevin Ramkaloan et Renganaden Padayachy
  • 81 % des entreprises paieront moins avec ce nouveau système de pension, estime le ministre Padayachy

La Contribution sociale généralisée (CSG) continue à diviser le gouvernement et le secteur privé. D’un côté, Business Mauritius estime qu’il faut à tout prix revoir ce nouveau système de pension et mène actuellement une campagne nationale à cet effet. De l’autre, le ministre des Finances insiste que les PME et les secteurs en difficulté paieront moins et que cette réforme apporte un rééquilibrage entre les petites et les grandes compagnies. 

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Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius : «La CSG est une injustice envers le secteur privé»

kevin« Il est regrettable que la réforme du système de pension ait été faite de manière unilatérale, sans consultation avec toutes les parties prenantes », déplore Kevin Ramkaloan par le biais d’un communiqué de presse émis vendredi. Pour le CEO de Business Mauritius, la Contribution sociale généralisée (CSG), dans sa forme actuelle, « n’est pas viable » et se « présente davantage comme une injustice pour le secteur privé ». 

Selon Business Mauritius, les employeurs et employés du secteur privé sont les grands perdants de ce nouveau système de pension. « Et les décaissements de la CSG, à partir de juillet 2023, augmenteront les inégalités entre les retraités du privé et ceux de la fonction publique. Ceux ayant travaillé dans le privé ne percevront que la pension universelle et la CSG après 65 ans. »

La fédération patronale déplore que la CSG soit une taxe qui vise uniquement à payer la pension. « L’argent n’est pas investi et ce système ne génère donc pas des revenus additionnels », ajoute-t-elle. Pour Business Mauritius, cette réforme intervient à un moment où l’économie mauricienne est lourdement impactée par la crise sanitaire, dont les effets devraient perdurer encore plusieurs mois. « Notre monnaie a d’ores et déjà été dépréciée alors que l’activité économique a considérablement ralenti. Dans ce contexte, cette charge est un poids supplémentaire pour de nombreuses entreprises », avance-t-elle.

Pour elle, la CSG aura également des répercussions sur le plus long terme. « Lorsque les contribuables d’aujourd’hui partiront à la retraite, le poids que représentera leur pension sera encore lourd et celui-ci devra être porté par les générations futures », fait ressortir la fédération. Le phénomène de vieillissement de la population impactera aussi sur les contribuables. Par exemple, le nombre de retraités étant en hausse et celui de la population active en baisse, le risque que le taux de contribution à la pension prenne l’ascenseur est inévitable. Selon Statistics Mauritius, en 2014, il y avait 4,6 personnes actives contribuant pour la pension d’un retraité. Selon les prévisions, ce taux passera à 2,4 personnes en 2034, et à 1,6 en 2054. De plus, les augmentations de la pension universelle ont mis les finances de l’État sous pression. 

De ce fait, les entrepreneurs locaux auront plus de difficultés à recruter, voire à retenir de jeunes talents. « La CSG pourrait être un frein au développement économique, peut réduire notre compétitivité et être une source de frustration pour les salariés du privé. »

Business Mauritius est conscient que le système de pension doit être réformé. Mais il souhaite qu’elle soit « pensée et réalisée avec toutes les parties prenantes, pour qu’elle soit juste et pérenne sur le long terme ».

Renganaden Padayachy, ministre des Finances : «81 % des compagnies paieront moins avec la CSG» 

Padayachy« J’ai entendu beaucoup de choses sur la CSG. Or, la très grande majorité des entreprises, soit 81 % des compagnies, paieront moins avec la CSG comparativement au National Pensions Fund », soutient Renganaden Padayachy. Le ministre des Finances a une nouvelle fois défendu la Contribution sociale généralisée. Lors d’une conférence de presse vendredi dernier, mais aussi sur sa page Facebook ce week-end, 

Pour Renganaden Padayachy, une grande majorité de PME vont ainsi se retrouver avec une meilleure compétitivité. « Ces entreprises ne se plaignent pas », fait-il ressortir. 

Ce sont les grandes entreprises, notamment celles évoluant dans le secteur financier, qui vont devoir payer plus, ajoute-t-il. « Dans cette catégorie de compagnies qui ont un chiffre d’affaires supérieur à Rs 1 milliard, plus de 60 % d’entre elles devront payer davantage », indique-t-il.  

Pour le ministre des Finances, la philosophie du gouvernement a toujours été de prendre « un peu avec ceux qui en ont les moyens pour aider les plus vulnérables ». « Le tourisme, le secteur d’exportation, l’industrie sucrière paieront moins. C’est une mesure qui permet un rééquilibrage de charges par rapport à la compétitivité des PME et des grandes entreprises. Notre priorité est d’aider les PME qui sont plus vulnérables que les grandes entreprises », soutient-il. 

Renganaden Padayachy a aussi déclaré qu’il continue à analyser les données sur la CSG. « J’ai demandé une liste pour savoir quelles compagnies sont touchées par la CSG. Nous suivons la situation avec beaucoup d’attention. Mais, pour pouvoir apporter l’aide massive que nous accordons aux entreprises privées, nous devons avoir des revenus nous permettant de rééquilibrer nos comptes publics. Les revenus que nous percevrons avec la CSG sont une cotisation sociale et patronale, qui sera injectée dans le Consolidated Fund pour nous permettre d’équilibrer le Budget », a-t-il conclu.

Campagne pour sensibiliser la population sur les enjeux

Tansion nou pansion ! Pas tous égaux face à la pension ! Pa met fardo pansion lor zanfan ! Ensemble, repensons la pension ! Anou koz pansion ! Ces affiches informatives font partie d’une campagne d’information lancée par Business Mauritius le dimanche 25 octobre sur les enjeux de la Contribution sociale généralisée. Il y a aussi des vidéos interactives. Son objectif est de sensibiliser la population dans son ensemble sur le nouveau système de pension : la Contribution sociale généralisée, qui est venue remplacer le National Pension Fund depuis le 1er septembre 2020. La campagne est menée également sur Facebook : @dialoguemauritius. « Toute réforme doit se faire dans la consultation. Il est dommage que l’introduction de la Contribution sociale généralisée ait été faite de manière unilatérale par le gouvernement. Il n’est pas trop tard pour en parler », peut-on y lire sur la page Facebook. D’où la mise en place de cet espace pour permettre aux Mauriciens de s’exprimer, mais aussi de se « sentir écoutés, entendus, compris ».

Trois exemples qui démontrent « l’injustice » de cette réforme

Tous les Mauriciens ne sont pas égaux vis-à-vis de la pension, clame Business Mauritius. Bien qu’elle fasse baisser les cotisations dans un premier temps pour ceux touchant moins de Rs 50 000, la CSG ne serait pas pour autant juste. 

Exemple I 

Un messenger touchant un salaire mensuel de Rs 10 000 contribuera à hauteur de Rs 150 chaque mois, alors qu’un ministre n’y contribuera pas.

Exemple II 

Un médecin travaillant à la clinique avec un salaire mensuel de Rs 100 000, contribuera Rs 3 000, alors que son confrère, qui est à son compte, paiera uniquement Rs 150 même s’il touche dans les Rs 200 000 par mois.

Exemple III

La CSG verse le même montant à tous les retraités, et ce, que la personne ait contribué Rs 3 000 ou de Rs 150 par mois durant sa carrière. Une fois qu’elle a atteint 65 ans, elle touchera Rs 4 500.

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