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Référendum au Royaume-Uni - Brexit: causes et conséquences

Ce jeudi, les Britanniques décideront si leur pays doit quitter l’Union européenne (Brexit) ou pas. Certains veulent que la Grande-Bretagne retrouve sa souveraineté et sa liberté. Mais des prix Nobel d’économie, des économistes et de hautes personnalités prévoient le pire pour la Grande-Bretagne et, par extension, pour l’Europe en cas de Brexit.

Pour les europhobes, l’UE est un frein

Un sondage récent montre que 43 % des électeurs voient d’abord dans le retrait de l’Union européenne (UE) un moyen de redonner les commandes au Royaume-Uni. Les europhobes britanniques veulent rendre leur pays plus libre et plus prospère car l’appartenance à l’UE, autrefois considérée comme une porte ouverte sur la prospérité, fait aujourd’hui figure de frein à la réussite économique. Ils se plaignent de l’état « déplorable » de l’économie en Europe. Les autres pays de l’UE sont, en moyenne, distancés par le Royaume-Uni. Ils veulent que leur pays soit libéré du joug de Bruxelles afin qu’il soit à nouveau un phare de la liberté dans le monde, respecté par la Chine, lié aux États-Unis par une « relation spéciale » bilatérale, tout en conservant des liens de bonne entente commerciale avec le continent européen. Pour eux, un Brexit arracherait le Royaume-Uni des « griffes de la bureaucratie européenne » et mettrait un terme à « l’hémorragie de capitaux extorqués au contribuable britannique et qui profitent à d’autres pays ». Ils estiment aussi que le Brexit sera un rempart pour le Royaume-Uni contre « d’incontrôlable flux migratoire », contre le terrorisme importé et contre des lois dictées par des étrangers qui n’ont de la culture britannique ni la connaissance ni la compréhension requises.  
 

Les europhiles craignent la chute de l’économie britannique

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19540","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-33671","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"288","alt":"Brexit"}}]]Nouriel Roubini, l’économiste qui avait prédit l’effondrement du marché boursier en 2008, a averti le Royaume-Uni des conséquences néfastes d’un Brexit, dans une série de tweets. Selon lui, un Brexit pourrait bloquer l’économie britannique et la faire basculer dans une récession en raison du sévère choc de confiance pour les entreprises et les consommateurs. « Le Royaume-Uni est bien mieux dans l’Union européenne », affirme-t-il. Pour le prix Nobel en économie, Michael Spence, d’un point de vue strictement économique, les conséquences du Brexit seraient presque exclusivement défavorables au Royaume-Uni et au reste de l’UE. « Certains Britanniques aspirent encore à ce que les générations futures se considèrent comme européennes, et sont prêts à concéder une chance supplémentaire à la réforme des structures de gouvernance de l’Europe. Ceux-là ont raison de penser que le monde sera meilleur si se tient encore debout une Europe démocratique et unie, puissante et garante à la fois de stabilité et de changement », précise-t-il. Roderick Abbott, ancien directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévient qu’une sortie de l’UE signifierait pour le Royaume-Uni quitter l’Union douanière de l’UE, qui sous-tend le libre-échange à travers les frontières des 28 États membres de l’UE et qui fixe un tarif extérieur commun vis-à-vis des pays tiers. Cela signifierait aussi quitter le marché unique et ainsi, les exportations britanniques s’exposeraient à des droits de douane plus élevés que ceux imposés à ses anciens partenaires de l’UE dans ces pays tiers.

Menaces pour la livre Sterling

Philippe Legrain, ancien conseiller économique auprès du président de la Commission européenne, prévoit des coûts économiques considérables pour le Royaume-Uni :
  • Une diminution des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE, qui pourrait atteindre jusqu’à 9,5 % du PIB.
  • Le déclin des investissements étrangers qui pourrait coûter 3,4 % du PIB du Royaume-Uni.
  • Le moindre accord autour d’une nouvelle relation économique avec le Royaume-Uni exigerait l’unanimité parmi les 27 membres restants de l’UE.
  • Il appartiendrait également au Royaume-Uni de renégocier – en repartant de zéro – plus de 50 accords commerciaux conclus entre l’UE et d’autres États.
  • La livre sterling s’effondrerait.

Une puissance moyenne

Barry Eichengreen, professeur d’économie à l’université de Californie, tire également la sonnette d’alarme.
  • Un Brexit nuirait à la compétitivité des exportations du Royaume-Uni.
  • La City ne pourra pas attirer les talents étrangers car un Brexit empêcherait les travailleurs de l’UE se déplaçant au Royaume-Uni de conserver leur droit à la pension, et éliminerait les avantages d’un marché du travail unique.
  • Un Royaume-Uni seul redeviendrait une puissance moyenne avec une influence militaire et diplomatique limitée à l’échelle mondiale.

En position de faiblesse

Simon Johnson, ancien Chief Economist au Fonds monétaire international (FMI), note que le Royaume-Uni sera isolé dans les négociations du plus grand accord commercial entre les États-Unis et l’UE, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). « Ces accords commerciaux méga-régionaux sont complexes. Le TTIP ira très probablement de l’avant après l’élection présidentielle américaine, et il est certainement de la plus grande importance pour la Grande-Bretagne d’être à la table des négociations », explique-t-il.

Attiser les braises du nationalisme

Javier Solana, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Espagne et ancien secrétaire général de l’Otan, craint que le Brexit suscite une montée du nationalisme en Europe. « Le Brexit risque d’attiser les braises du nationalisme en Europe. Avec la tenue l’an prochain des élections présidentielles en France et des élections fédérales en Allemagne, la probable ascension politique des forces anti-européennes aurait de graves conséquences à long terme. Les récentes élections régionales en Allemagne devraient servir d’avertissement », fait-il ressortir.  
 

L’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown: «Que le Royaume-Uni soit le moteur de l’Europe»

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19541","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-33672","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"360","alt":"Gordon Brown"}}]]Gordon Brown, ancien Premier ministre britannique, soutient que la Grande-Bretagne ne devrait pas choisir entre deux extrêmes. C’est-à-dire entre l’autonomie totale, qui sous-estimerait la nécessité de coopérer avec les voisins les plus proches, et l’intégration complète dans un super-État européen, qui ne tiendrait pas compte de l’importance qu’ont encore les identités nationales et le processus de décision. À son avis, le Royaume-Uni ne peut rater l’occasion de présider l’UE en 2017. « Nous pouvons aussi mettre à profit ce moment où nous présiderons l’UE pour promouvoir une approche plus coopérative du développement international et de la résolution des conflits, de laquelle participerait un plan Marshall moderne à l’initiative de l’Europe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient », explique-t-il. L’occasion s’offre à la Grande-Bretagne, selon lui, de se mettre en première ligne pour décider de ce que sera la prochaine étape du développement de l’Europe. « Par un engagement actif au sein de l’Europe, nous pouvons montrer que nous sommes plus qu’une moitié de la relation spéciale qui nous lie à l’Amérique, plus que l’un des 28 États de l’Alliance atlantique, et beaucoup plus qu’un simple membre d’une Union européenne qui ne cesse de se développer », lance-t-il. Ainsi, il croit dur comme fer que l’avenir de la Grande-Bretagne se construira en conduisant l’UE et non en la quittant.
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