Dans une tentative de faire baisser le prix des produits pharmaceutiques, le Conseil des ministres a décidé de réduire l’exemption pour l’importation de produits pharmaceutiques « bonus » / gratuits de 30 % à 10 % dans le mécanisme de contrôle des prix. Cependant, cette mesure n’aura aucun impact sur les consommateurs, affirment les pharmaciens et importateurs.
Publicité
« Je ne crois pas que cette mesure va contribuer à faire baisser le prix des médicaments. Lors des accords commerciaux avec les laboratoires, ils offrent des avantages ou des produits en cadeau pour permettre aux grossistes ou importateurs de faire leur marketing, comme en proposant des échantillons aux médecins, par exemple », explique Siddique Khodabocus, président de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques. Il fait référence à la réduction de l’exemption pour l’importation de produits pharmaceutiques « bonus » / gratuits de 30 % à 10 %.
Selon lui, cette mesure peut aider à amortir les coûts des grossistes et importateurs, mais sans aucun impact positif pour les consommateurs. « Lorsque les fournisseurs produisent un lot de médicaments, le ‘costing’ est fait à la source et inclut déjà le pourcentage des produits qui seront offerts en cadeau », explique-t-il.
Un autre importateur, qui a préféré garder l’anonymat, partage cet avis. « Cette mesure ne va rien changer pour les consommateurs, car elle concerne une réduction sur les ‘free goods’. Donc cette réduction du pourcentage est absurde », affirme-t-il. Selon lui, cette décision ne bénéficiera qu’aux grossistes, qui pourraient jouer sur leur marge de profit et vendre légèrement moins cher aux détaillants, mais cela ne sera pas vraiment perceptible pour les consommateurs. Pour qu’il y ait une baisse réelle du prix des médicaments, « il faut s’attaquer au problème à la source ou envisager une subvention au niveau du fret », précise l’importateur.Siddique Khodabocus ajoute que tous les laboratoires n’accordent pas 30 % de produits en cadeau. « Les
importateurs étaient autorisés à recevoir jusqu’à 30 % de produits en cadeau, et réduire ce pourcentage à 10 % n’aura aucun impact sur le prix. Cette mesure est un leurre, car elle n’affectera pas le prix des médicaments mais compromettra la survie des pharmaciens, qui utilisaient ces produits pour leur marketing », dit-il. Selon lui, tous les laboratoires ne donnent pas des produits en cadeau, et que cela ne concerne pas tous les médicaments. « Ceux qui sont contrôlés ne sont généralement pas offerts en cadeau. Le ‘costing’ est basé sur le prix payé, pas sur les produits obtenus gratuitement », ajoute-t-il.
Ashwin Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), évoque également les gestes commerciaux comme une pratique courante dans tous les commerces. « Ce sont les grossistes qui bénéficient de telles facilités », explique-t-il.
« Aucun gouvernement ne peut contrôler le prix des médicaments, car cela ne dépend pas de lui. C’est à la source qu’il faut intervenir, car ce ne sont pas les pharmaciens qui fixent les prix des médicaments. Tout dépend des principes actifs, du coût de production des laboratoires et de la loi de l’offre et de la demande », affirme le président de la PAM.
Comme cela a été le cas avec la mise en oeuvre du « regressive mark-up », Ashwin Dookun pense que cette nouvelle mesure du gouvernement est « un coup d’épée dans l’eau » et n’aura « aucun effet positif », si ce n’est qu’une augmentation du prix des médicaments. Il propose « l’importation parallèle » comme l’une des solutions pour faire baisser les prix des médicaments. « Ouvrir le marché laissera place à plus de concurrence », conclut-il.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !