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Recueilli par un couple français quand il était enfant : il conteste la révocation de son adoption

Yann Selon Yann, les autorités mauriciennes devraient assurer un suivi concernant les cas d’adoption par des étrangers.

Yann R., 19 ans, a été abandonné à sa naissance par sa mère. Mais quelques années plus tard, le destin semblait enfin lui sourire, puisqu’il a été adopté par un riche couple français. Les choses se sont cependant compliquées et ses parents adoptifs l’ont renvoyé à Maurice. Si lui affirme qu’il était maltraité dans l’Hexagone, un préposé d’un des refuges qui l’ont accueilli à son retour au pays souligne que c’était un enfant difficile.

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« J’ai subi une violence psychologique et physique »

C’est l’histoire d’un jeune Mauricien qui conteste l’annulation de son adoption. Elle commence il y a 19 ans quand une jeune fille met au monde un garçon à l’hôpital de Souillac. La mère, encore mineure, décide d’abandonner le nourrisson. Quant au père de celui-ci, accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, il n’a pas le droit de s’approcher d’elle. Il écopera d’ailleurs d’une peine de prison pour ce délit. Le bébé, pris en charge par l’État, est confié à la crèche de Quatre-Bornes.

La vie de Jean Yann R. n’a pas débuté sous les meilleurs auspices. Cependant, en 2008, sa vie prend une autre tournure quand un riche couple français d’une quarantaine d’années décide de l’adopter. Après les formalités nécessaires, le voilà qui s’envole avec ses nouveaux parents pour la France.

Mais, très vite, les choses vont se compliquer, selon les dires de Yann. « Au début, j’étais très proche de mon père adoptif, mais ma mère adoptive ne le supportait pas. Petit à petit, l’attitude du mari a commencé à changer  », raconte-t-il. « J’ai été battu, martyrisé et réduit au silence. On m’enfermait toute la nuit dans ma chambre. J’ai subi une violence psychologique et physique. »
Yann ajoute qu’il se rendait régulièrement à l’école couvert de bleus. « À tel point que l’infirmière de l’établissement scolaire situé à Nancy a rapporté le cas aux autorités. Un représentant de la justice est venu à l’école et je me suis confié à lui », indique le jeune homme.

Face aux gendarmes, dit-il, son père adoptif a nié toute accusation de maltraitance. « Il a réussi à convaincre la justice que ni son épouse ni lui ne me maltraitaient. Il m’a forcé à revenir sur mes aveux. Puis, il a pris la décision de me renvoyer à Maurice », relate-t-il.

Forcé de retourner à Maurice

Le 13 février 2013, Yann, retourne à Maurice. Il est accompagné par son père adoptif. L’enfant âgéde 13 ans est placé au Foyer Père Laval, où il avait déjà vécu avant son adoption. « Mon père adoptif avait confisqué mon passeport pour que je ne puisse retourner en France »,  avance-t-il.

Yann dit n’avoir jamais pu s’adapter à la vie au foyer. C’est la raison pour laquelle, quelque temps après, il est parti habiter chez une tante. Ensuite, il a de nouveau était pris en charge par la Child Development Unit (CDU), qui a référé le cas à la justice comme étant un « abandon international ».

La rédaction a cherché à vérifier les dires de Yann auprès du ministre de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille. Mais au moment où nous mettions sous presse nous  n’avions pas encore obtenu les renseignements relatifs à ce cas.

Outre le Foyer Père Laval (voir hors-texte), Yann est passé par divers refuges pour mineurs, dont celui de Don Bosco, à Baie-du-Tombeau. « Au bout d’une année, j’ai commencé à déprimer. C’est alors que j’ai été chez l’Association pour les handicapés de Malherbes, mais cela n’a pas duré », dit-il. Au bout d’un an, il a une nouvelle fois changé d’adresse. Cette fois, Yann a atterri chez ses grand-parents, à Britannia, son lieu de résidence actuelle.

Pourquoi a-t-il choisi de se confier après toutes ces années ? Yann répond qu’il n’accepte pas la décision de ses parents adoptifs de révoquer son adoption. « Comme j’ai passé plusieurs années en France, je souhaite aussi obtenir la nationalité française. De plus, je voudrais lancer un appel aux autorités pour qu’elles fassent un suivi dans les cas d’adoption par des étrangers », affirme le jeune homme.


Sa mère biologique  tuée

Yann nous a aussi parlé de sa mère biologique. Il a pu la rencontrer, quand il était au Foyer Père Laval, grâce à l’aide du directeur du foyer. Selon lui, les retrouvailles ont été « très difficiles sur le plan émotionnel ».

Il explique que sa mère vivait dans une pièce d’à peine deux mètres carrés et qu’elle était traitée comme une esclave par son concubin. « Ce dernier a fini par la tuer en avril 2018», ajoute-t-il.


Le Foyer Père Laval : « Ses parents adoptifs n’en pouvaient plus »

Le Foyer Père Laval : « Yann était si turbulent »

Si l’histoire de Yann est émouvante, elle semble avoir une face cachée. Du moins, si l’on en croit la version donnée par le Foyer Père Laval. En effet, durant les contrevérifications faites par la rédaction, nous avons découvert que le cas de Yann était « difficile ».

Selon une source fiable, Yann en faisait voir de toutes les couleurs à sa famille adoptive. Celle-ci, lasse de la situation, a décidé de se séparer de lui. « Après son retour, il est revenu chez nous, mais il était si turbulent que nous avons fait appel à la CDU pour qu’il soit placé ailleurs. Vous pouvez le vérifier, il a pratiquement fait le tour de tous les shelters de l’île », a-t-elle souligné.

  • LDMG

 

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