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Recours excessif aux turbines à gaz : la mise en garde de Khalil Elahee 

« Jusqu’ici, nous n’avons jamais eu de black-out, ni même un sérieux délestage programmé lié à un déficit entre la fourniture et la demande (load-shedding) », souligne l’expert en énergie Khalil Elahee. Mais si le CEB a, selon lui, su jusqu’à présent gérer les situations difficiles pour garantir un approvisionnement constant, il met en garde contre le recours apparemment permanent aux turbines à gaz de Nicolay : « Non seulement leur coût est élevé et leur impact environnemental important, mais elles étaient censées servir uniquement en cas d’urgence. »

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Khalil Elahee suggère que la sécheresse actuelle pourrait accentuer la pression sur les centrales hydroélectriques, rendant l’utilisation des turbines à gaz incontournable. « Que faut-il faire ? D’abord, il faut avoir accès aux chiffres et aux faits », estime-t-il.

L’expert insiste sur la nécessité d’une communication plus claire du CEB concernant la « capacity margin » – soit la marge de sécurité entre la demande maximale et l’offre disponible. « Elle doit être d’au moins 5 % pour assurer la stabilité du réseau », précise-t-il. « Nous ne savons pas comment évoluera cette marge avec un pic de la demande pouvant atteindre 560 MW dans les jours ou semaines à venir. » 

Khalil Elahee recommande un suivi quasi horaire de cette capacité, comme cela se fait pour la météo : « Il nous faut prendre en compte les heures de forte chaleur, la disponibilité des moteurs, la réserve hydroélectrique et la consommation industrielle et commerciale en temps réel. »

Selon lui, le solaire pourrait jouer un rôle clé : « Quand il fait une chaleur torride, les panneaux solaires produisent davantage, mais nous n’en avons pas assez. Et, surtout, le pic de la demande survient souvent en soirée, vers 21 heures, quand le soleil est couché. »

Khalil Elahee met en avant un autre facteur essentiel : la maîtrise de la demande. Pour limiter la consommation aux heures critiques, il préconise des campagnes de sensibilisation à grande échelle. 

L’expert met en garde contre des réponses précipitées à la situation actuelle : « Si nous souffrons déjà de l’usage permanent des turbines à gaz, pourquoi envisager d’en installer de nouvelles, même plus efficaces ? » De même, il questionne la pertinence de prolonger la durée de vie des moteurs du CEB ou des installations des IPP à coups de pièces de rechange, alors qu’il serait préférable de chercher des solutions à long terme.

L’expert insiste sur la relance des énergies renouvelables comme élément central de la transition énergétique : « Les énergies renouvelables sont indissociables de la maîtrise de la demande. Mais nous devons aussi moderniser notre réseau. Il faut intégrer le concept de ‘smart-grids’ pour garantir une distribution plus efficace et résiliente. »

Khalil Elahee rappelle, par ailleurs, que le pays possède des dizaines de MW sous forme de groupes électrogènes dans les grandes entreprises, hôpitaux et bâtiments administratifs. « Nous pourrions les utiliser de manière coordonnée dans un programme national de gestion de l’énergie. Idéalement, ces structures devraient pouvoir générer et stocker de l’énergie solaire », recommande-t-il.

Pour Khalil Elahee, la crise actuelle est une alerte qui doit pousser à une refonte structurelle du modèle énergétique mauricien : « Une approche systémique est essentielle pour notre avenir, au-delà de nos défis conjoncturels. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons assurer un approvisionnement énergétique stable et durable. »

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