Adapter sa nage avec une seule jambe au pied levé… C’est ce qui lui permet de vaincre toute la frustration d’être différent des autres. Actuellement, il s’entraîne pour les prochains Jeux des îles. Mais à J-3 du nouvel an, le nageur handisport, Scoody Victor (29 ans), se retrouve dans une impasse. Celle de trouver un logement social pour abriter sa famille.
Grâce à la bienfaisance et à la compréhension de son propriétaire concernant sa situation, Scoody occupe une maison à la rue Maho à Trou-d’Eau-Douce. Après six ans et en raison des héritiers réclamant leurs droits de propriété, un délai pour évacuer les lieux lui a été accordé. À l’approche du Nouvel An, le désespoir est visible sur le visage crispé de l’athlète unijambiste. Surtout qu’il a investi tout l’argent obtenu en guise de récompenses pour ses performances aux concours de natation handisport dans un compte qui lui permettrait de bénéficier d’un logement social. En vain ! Le jeune homme ne cache pas qu’il a des difficultés à subvenir aux besoins de sa famille, même s’il perçoit une pension de l’État. Sa femme Jemmysen (26 ans) fait de son mieux en cumulant de petits boulots afin d’arrondir les fins de mois tout en veillant à l’éducation de leur fille Chanelle, sept ans, qui passe en Grade 2 l’an prochain.
Se jeter à l’eau …
Scoody ne cache pas que souvent il n’a pas le choix que de se jeter à l’eau pour trouver de quoi nourrir sa famille. « Heureusement que la mer est généreuse », dit-il avec un sourire timide. Alors que tout le monde s’active pour passer un magnifique réveillon du Nouvel An autour d’un copieux repas, celui de la famille de Victor est toutefois incertain. « On fera avec ce que l’on a… comme on l’a toujours fait », indique l’athlète.
Travailler d’arrache-pied
La descente d’une allée de pierres taillées au gré du temps mène à une bicoque nichée sous de grands manguiers. Une petite brise vante les rideaux de la demeure. Dans la pénombre du salon, on trouve des sofas et un revêtement de sol quasi-abîmés par l’eau des récentes pluies lors du passage de Cilinda. Dans un coin brille un sapin doté d’une crèche. Cette mise en scène témoigne de la célébration de Noël de la famille Victor. Sur un banc, Chanelle est assise sagement. Elle suit les mouvements de son père qui fait sa séance quotidienne d’exercices de musculation. Après une quinzaine de minutes, Scoody prend une pause pour jouer avec sa fille et reprend son souffle.
Savoir nager lui a tiré d’affaire après l’amputation"
À l’aide d’une béquille, Scoody avance vers la devanture de la maison pour prendre l’air. Assis sur un perron, il livre son histoire avec un regard triste. « J’avais environ neuf ans lorsque j’ai fait une chute alors que j’étais sur ma trottinette. Après de multiples allers-retours à l’hôpital, les médecins m’ont décelé un cancer du genou. »
À 12 ans, Scoody est amputé de sa jambe gauche. Il doit abandonner l’école. Il tente de s’adapter à sa nouvelle vie et, avec le soutien de ses proches, il essaie de rester mentalement fort.
Pour ne pas perdre pied
Originaire du village de Poudre-d’Or et étant fils de pêcheur, Scoody nage dans les eaux profondes depuis son enfance. Savoir nager lui a tiré d’affaire après l’amputation de sa jambe gauche, indique-t-il. Et d’ajouter que nager à contre-courant est un moyen pour lui de surmonter son handicap. « Lorsque je suis dans l’eau, j’essaie de faire le vide, même si mes soucis sont innombrables au quotidien. J’aime faire du sport, car cela me fait un bien fou. »
En regardant la télé, Scoody est fasciné par la prouesse des athlètes paralympiques à l’étranger. Ayant bénéficié d’une prothèse, Scoody joue au basket-ball. Toutefois, il va lâcher le ballon pour passer à la natation handisport.
À la rame en se servant de ses bras et de son unique pied, il se surpasse pour exceller dans cette discipline. Au fil des années, sa persévérance le conduit vers de nouveaux horizons, voire la première place du podium où il est médaillé d’or pour des compétitions de natation handisport régionales.
Son plus grand rêve, dit-il, est de participer aux Jeux paralympiques. Entre-temps et dans l’après-midi, c’est à Mare d’Albert qu’il s’entraîne à améliorer ses records dans le cadre des prochains Jeux des îles, prévus pour juillet 2019. « On ne vit pas de ses performances faisant honneur au pays, conclut l’athlète handisport qui maintient, malgré tout, une lueur d’espoir pour de meilleurs lendemains. C’est tout un combat pour s’en sortir dans la vie… »
Appel à la solidarité
Le couple Victor a besoin de vivres, de vêtements, de couvertures, d’uniformes, de chaussures et de matériels scolaires pour sa fille Chanelle. Et de l’aide de toute personne qui pourra lui faire bénéficier d’un logement social.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !