
Le syndicaliste Reaz Chuttoo du CTSP estime que certaines mesures prises dans le Budget s’apparentent à un démantèlement de notre État providence. C’est ce qu’il a avancé le vendredi 6 juin dans l’émission Au cœur de l’info animée par Ashna Nuckcheddy-Rabot. Le consultant Fareed Jaunbocus et le député de la majorité Roshan Jhummun étaient aussi sur le plateau.
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Reaz Chuttoo est catégorique dans son analyse. « Les fonds pour la Basic Retirement Pension (BRP) proviennent du Consolidated Fund et quand on parle de la fin de la Contribution sociale généralisée (CSG), c’est qu’on est en train de démanteler l’État providence. L’élimination graduelle du paiement des frais du School Certificate, du Higher School Certificate et de l’université. Seules les familles qui sont dans le Social Register of Mauritius (SRM) seront subventionnées.
Il ajoute que la CTSP demande de consolider l’État providence depuis 2008. Il y avait même un rapport allant dans ce sens et que constatons-nous aujourd’hui ? Une dépopulation, nos jeunes s’en vont. En fait, ce Budget réintroduit le concept de Means Test qui ne concernerait que les 7 000 personnes qui sont enregistrées dans le SRM.
Il fait observer que les femmes de ménage qui représentent 45 % de notre population comptaient sur la BRP à l’âge de 60 ans et maintenant on leur dit d’attendre. Il estime que c’est injuste envers elles. Dans la même foulée, le syndicaliste fait ressortir que le gouvernement dit que c’est par compassion qu’il conserve certaines allocations. Il adopte une approche ciblée, comme le Means Test.
Sur le plan macroéconomique, Reaz Chuttoo s’insurge contre le fait que le gouvernement encourage le secteur privé à investir. En contrepartie, celui-ci a des exigences comme investir dans les services essentiels pour s’assurer un retour et des profits. Il veut avoir la flexibilité de recruter et de licencier et souhaite que le red tape soit éliminée et moins d’ingérence de l’État. Pour lui, le Budget est « un tissu de mensonge » et il évoque les promesses non tenues.
Roshan Jhummun défend sa chapelle
« Le pays n’est pas au bord, mais au fond d’un précipice financier à cause du régime sortant et ce n’est pas par plaisir que le ministre des Finances a pris certaines mesures importantes pour le redressement de notre économie. »
C’est ce qu’a mis en avant le député du gouvernement Roshan Jhummun. Il vante les mérites de Navin Ramgoolam. “Le ministre des Finances a eu le courage de présenter un Budget ki pa fer la bouss dou. Car pour avoir du solide, il faut un bon soubassement”.
Il ajoute que le plan de redressement du présent gouvernement est basé sur trois ans et qu’il y a des mesures pour la protection du pouvoir d’achat. Rs 2 milliards seront injectées en ce sens et l’importation parallèle de certains produits va créer de la concurrence. La TVA a été abolie sur pas mal de produits, dont ceux pour les bébés. La taxe directe a été supprimée pour plus de 80 % des travailleurs. Selon le député, le gouvernement a hérité d’une situation économique catastrophique “mais par compassion, le PM a conservé certaines allocations importantes pour bon nombre de Mauriciens”.
Fareed Jaunbocus : « Pension: c'est une tendance mondiale »
Plus posé sur la question, le consultant Fareed Jaunbocus a toutefois commencé son intervention en disant : « Parol dan meeting na pas ranpli marmit dan lakaz ».
Pour lui, il y a trois aspects qu’il faut tenir compte : le ton pour expliquer la situation politique du budget ; l’appel émotionnel et la crédibilité des chiffres. “ Le grand argentier s’est adressé aux différentes couches de la population. Il a parlé d’un renouveau économique avec l’utilisation de l’intelligence artificielle et la numérisation. Le nouvel ordre social comprend l’éducation, le social et la réforme fiscale. « Il a ciblé son auditoire tout en critiquant le gouvernement sortant », note le consultant.
Fareed Jaunbocus estime que la pension et la retraite sont des sujets sensibles et repousser l’âge de la retraite de 60 à 65 ans ne passe pas bien. Bien que c’est la tendance mondiale. Il ajoute qu’il faut prendre en considération « que nous avons une population vieillissante et que la mesure de 65 ans touche beaucoup de Mauriciens ».
Pour ce qui est de la stabilisation de la roupie, Fareed Jaunbocus avance que “notre capacité à produire de la richesse a diminué. Nos secteurs traditionnels : le tourisme, le secteur financier et des services sont menacés. Il n’y a pour l’heure aucun nouveau pilier sur lequel compter. Notre déficit commercial est énorme et nous perdons des devises. Nos jeunes volent vers d’autres horizons. Pour conclure, le consultant a dit que tant que la biomasse sera payée Rs 3,50 la tonne par le Central Electricity Board, aucun planteur ne sera intéressé à se lancer dans cette direction.

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