L’appel du Mouvement Ti Planter Canne a été entendu. Leaders et représentants des grands partis de l’opposition ont répondu présents au rassemblement qu’il a tenu le dimanche 22 septembre 2019 à l’auditorium Octave Wiehe. Chacun y est allé de ses promesses et de son témoignage d’empathie. Il y avait Paul Bérenger et Navin Ramgoolam qui, pour la première fois depuis la campagne électorale de 2014, se retrouvaient sur la même plateforme.
Xavier-Luc Duval n’étant pas au pays, c’est Malini Seewocksing qui a représenté le Parti mauricien social-démocrate. Pradeep Jeeha, porte-parole des petits planteurs, est celui qui a accueilli les politiciens. Kreepalloo Sunghoon, de l’Association des petits planteurs, était lui aussi présent.
L’assistance était également composée d’Ashock Jugnauth, Madan Dulloo, Navin Unoop, qui est le vice-président de la Voice of Hindu, Rajendra Ramdhean, qui est le président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, Mukeshwar Choonee, Anil Bachoo, Sheila Bunwaree, Patrick Assirvaden et Satish Faugoo, entre autres personnages politiques. Le Premier ministre Pravind Jugnauth n’était pas présent au rassemblement, n’ayant pas accepté l’invitation.
Kreepalloo Sunghoon : « Forseman enn dant zot pou vinn o pouvwar »
Kreepalloo Sunghoon de la Small Planters Association a soutenu que jusqu’à présent, toutes les portes se sont refermées devant les petits planteurs de canne. S’adressant aux représentants de l’opposition, il a déclaré : « Se enn platform ki nounn met la pou zot vinn dir nou ki zot pou donn bann ti planter kan zot pou vinn o pouvwar. Forseman enn dant zot pou vinn o pouvwar. » Il a laissé entendre que les rapports publiés jusqu’ici sur le secteur sont, pour la plupart, « bidons ». Il a réitéré qu’il est important que les petits planteurs soient rémunérés Rs 2 500 par tonne de canne.
Pradeep Jeeha : « Il faut une enquête sur le Syndicat des sucres »
Déplorant l’absence de Pravind Jugnauth, Pradeep Jeeha a remercié Paul Bérenger et Navin Ramgoolam d’être présents en leur qualité d’anciens Premiers ministres. « Enn ant sa de la kapav vinn premye minis », a lancé l’ancien mauve. Poursuivant sur sa lancée, il a réclamé une enquête sur le Syndicat des sucres. Il accuse ce syndicat d’avoir pris le dû des petits planteurs.
Il a plaidé en faveur de la rémunération de Rs 2 500 par tonne de canne que réclament les petits planteurs. « Si bizin lager tousel, nou pou lager », a-t-il lancé. Pradeep Jeeha a suggéré la mise sur pied d’un Mauritian Small Cane Planters Syndicate et d’une usine au sein de laquelle les petits planteurs seraient actionnaires si la rémunération de Rs 2500 par tonne de canne ne peut pas être versée à ces derniers.
L’ancien mauve a parlé d’esclavage moderne et de partage non-équitable des revenus de la canne. Il estime que les petits planteurs valent Rs 7 milliards à Rs 8 milliards alors qu’ils n’obtiennent que Rs 900 millions par saison. Il tient le gouvernement pour responsable de cette situation. Pradeep Jeeha a réclamé un amendement à la loi de même que l’arrêt de l’importation de sucre pour protéger les petits producteurs.
Paul Bérenger : « Il faut revoir l’industrie dans son ensemble »
« Ma présence ici est un signe de solidarité », a d’emblée déclaré Paul Bérenger leader du Mouvement militant mauricien (MMM). Pour lui, le prochain gouvernement devra faire le maximum pour offrir aux petits planteurs ce qu’ils méritent. Il s’est engagé à revoir le fonctionnement de l’industrie sucrière qui est, selon lui, mal en point.« Je ne fais jamais de promesses en l’air », a-t-il lancé. Il a ajouté que le pays ne peut pas continuer à opérer avec un gouvernement en manque d’idées alors que l’année prochaine nul ne sait ce qui adviendra aux petits planteurs.
« C’est un signe de faillite intellectuelle », a lâché le leader des mauves. Il a établi un lien entre l’industrie sucrière et la production énergétique. Selon lui, le ministre de l’Énergie tourne en rond alors que le groupe Alteo est supposé investir des milliards. Paul Bérenger a promis de venir avec une solution globale. Il a pris le soin d’expliquer le rôle de la production sucrière dans la protection de l’environnement.
Une thématique qui n’est, selon lui, pas prise au sérieux. Il a fait comprendre aux petits planteurs qu’ils auront tout à gagner avec la bagasse. Pour le leader des mauves, le gouvernement rate le coche sur le dossier de l’éthanol. Il a conclu que le MMM est en faveur de mesures pour que l’industrie ne sombre pas.
Navin Ramgoolam : « Olye Rs 2 500 par tonn kann, li pou o mwin Rs 2 800 »
La rémunération des planteurs à Rs 2 500 la tonne figurera dans le programme électoral du Parti travailliste (PTr). C’est la promesse faite par Navin Ramgoolam aux petits planteurs. « Nou finn pran langazman dan PTr – Rs 2 500 la tonn pou ti planter (…) Si fer lakoup pli tard, swat fin oktob, novam e desam e ou respekte bann kondisyon, mo garanti ou, nou kapav dir sa aster-la : ou pou gagn plis extraction. Ou kapav gagn bonus. O lye Rs 2 500 par tonn, nounn fer enn kalkil, e monn koz ek dimounn ki kone, li pou o mwin Rs 2 800 par tonn », a-t-il déclaré à l’assistance.
Fustigeant le gouvernement pour les « retards extraordinaires » qu’il aurait accumulés et les « mesures injustifiées » qu’il prendrait, selon lui, le leader des rouges a soutenu que ceux au pouvoir ne comprennent rien. Il a affirmé que les Réunionnais prennent de l’avance alors que Maurice aurait dû les devancer. Navin Ramgoolam est d’avis qu’il faut investir dans des coopératives et cibler des endroits pour se concentrer sur le bio-carburant, les sucres spéciaux. Il estime aussi qu’il faut réintroduire le compostage. Le leader du PTr a aussi parlé du Sugar Insurance Fund Board (SIFB), soulignant que cet organisme a mal fonctionné. « Il y aurait dû y avoir des techniciens sur les comités, pas des administrateurs qui ne comprennent rien. » Navin Ramgoolam a fait ressortir qu’il ne voit pas pourquoi « les petits planteurs ne bénéficient pas des mêmes avantages que les gros producteurs ».
Des gros producteurs ne paient pas la taxe alors qu’un petit planteur avec deux arpents doit la payer. Navin Ramgoolam a tenu à saluer la présence de Paul Bérenger. Il a lancé une pique à l’égard du Premier ministre et du ministre de l’Agro-industrie qui n’étaient pas présents au rassemblement. « Pravind Jugnauth so nom inn mal ekrir (référence à la polémique générée par le nom mal orthographié du Premier ministre sur un dépliant ; NdlR). Seeruthun ousi ? »
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