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Rashmita Chattoo, 18 ans : éleveuse de lapins et… d’indépendance

Depuis son enfance, Rashmita Chattoo entretient un lien particulier avec les lapins. Rashmita élève quatre variétés : le Lionhead, l’Angora, le New Zealand et l’English Spot. Pour Rashmita, le Lionhead se caractérise par son tempérament affectueux. Le New Zealand se distingue par son pelage robuste, tandis que l’English Spot se reconnaît à ses élégantes taches noires.

À Grand-Bois, une jeune Mauricienne a transformé sa passion pour les lapins en véritable entreprise. Portrait d’une génération qui ose suivre son cœur.

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ÀGrand-Bois, dans le sud verdoyant de l’île Maurice, une jeune fille de 18 ans a choisi un chemin de douceur et de tendresse. Là où d’autres rêvent d’un bureau ou d’un diplôme prestigieux, elle, c’est dans le regard pétillant d’un lapin qu’elle a trouvé sa voie. Rashmita Chattoo, passionnée depuis l’enfance par ces petites boules de poils, a décidé de transformer son amour pour les animaux en véritable entreprise.

Il y a des passions qui naissent avec l’âge, et d’autres qui s’imposent dès le berceau. Pour Rashmita, tout a commencé très tôt. « J’avais à peine six ans quand j’ai eu mon premier lapin », se souvient-elle en caressant doucement l’un de ses petits compagnons au pelage soyeux. Ce jour-là, sans le savoir, la petite fille qu’elle était venait de rencontrer l’amour d’une vie.

Chez les Chattoo, la maison a toujours été animée. Sa mère, sage-femme à l’hôpital, partageait ses journées entre la vie et les naissances, tandis que son père, mécanicien passionné, faisait ronronner des moteurs dans son atelier du quartier. Et au milieu de ce quotidien simple et heureux, Rashmita trouvait refuge dans le calme et la douceur des animaux. « Les lapins, c’est un peu comme les enfants, dit-elle en souriant. Ils demandent des soins, de l’attention, et beaucoup d’amour. »

Rashmita partage une connexion spéciale avec les lapins. « Quand je suis triste, ils viennent me voir, me touchent avec leur petit museau. C’est incroyable, on dirait qu’ils comprennent tout. » D’ailleurs, elle croit sincèrement que les animaux ont une forme d’intelligence émotionnelle. « Ils ressentent tout, affirme-t-elle. Si vous êtes en colère, ils s’éloignent. Si vous êtes triste, ils s’approchent. Ils absorbent nos émotions, et parfois, ils les guérissent. »

Tandis que d’autres adolescentes passaient leur temps sur les réseaux ou en ville, Rashmita préférait s’occuper de ses lapins, leur construire des abris, apprendre à les nourrir et à reconnaître leurs besoins. Aujourd’hui, dans le jardin familial, une dizaine de lapins adultes et 13 petits vivent paisiblement sous le regard attentif de leur jeune maîtresse. Rashmita connaît chacun par son nom, son caractère, et même ses habitudes.

« Lui, c’est Snowy, un New Zealand. Il adore les carottes, mais il boude si je change sa gamelle de place », dit-elle en riant. « Et celui-là, c’est Coco, un Angora, toujours curieux et câlin. » Elle élève quatre variétés : le Lionhead, au pelage autour de la tête rappelant une crinière de lion ; l’Angora, doux et soyeux comme du coton ; le New Zealand, plus robuste et sociable ; et l’English Spot, reconnaissable à ses taches noires élégantes sur fond blanc.

« Chacune de ces races a sa personnalité, explique Rashmita avec sérieux. Le Lionhead est affectueux, l’Angora est un peu capricieux, le New Zealand est très gentil avec les enfants, et l’English Spot est vif et curieux. »

À 16 ans, alors que la plupart de ses camarades pensaient à leurs examens, Rashmita, elle, songeait déjà à son avenir autrement. C’est à ce moment-là qu’elle décide de lancer son petit élevage professionnel, en aménageant un enclos, des cages propres et ventilées, et commence à accueillir ses premières portées. Peu à peu, elle se met à vendre les bébés.

En deux ans, son nom circule dans tout le sud de l’île. De Mahébourg à Surinam, en passant par Souillac, les familles viennent chercher chez elle un lapin en toute confiance.

« Je fais les livraisons moi-même, dit-elle avec fierté. Je veux que le lapin arrive dans les meilleures conditions possibles, sans stress. Et j’explique toujours comment bien s’en occuper. »

Rashmita ne se contente pas de vendre : elle éduque, conseille et accompagne. « Quand une personne adopte un lapin, je veux qu’elle soit prête à lui donner de l’amour et du temps. Ce n’est pas un jouet. »

Son approche douce et responsable lui vaut le respect des amateurs d’animaux. Elle tient un petit carnet où elle note les naissances, les adoptions et les suivis. « Je demande souvent des nouvelles, sourit-elle. Certains m’envoient des photos de leur lapin qui grandit. C’est une belle récompense. »

Sa mère, fière mais protectrice, la soutient pleinement. « Au début, j’étais un peu inquiète, confie-t-elle. Mais j’ai vu à quel point elle était sérieuse et passionnée. Elle s’occupe de ses lapins avec la même attention que j’ai pour mes patients. »

Son père l’aide à construire les enclos et à bricoler des cages solides. « Papa, c’est mon ingénieur, plaisante Rashmita. Dès que j’ai une idée, il m’aide à la réaliser. » Son frère, étudiant à l’université, l’a aidée à créer une page sur les réseaux sociaux. « Grâce à lui, j’ai eu mes premiers vrais clients », raconte-t-elle.

Chaque matin, dès 5 heures, Rashmita nettoie les cages, prépare la nourriture et vérifie la santé de chacun. Elle prépare un mélange de légumes frais, de foin et de granulés équilibrés. « Je ne me plains jamais. C’est ma passion. Quand je les vois heureux, je me sens bien aussi. »

Rashmita veille aussi à leur reproduction, en sélectionnant les couples pour maintenir des lignées saines et équilibrées. « Je ne veux pas faire de l’élevage intensif, précise-t-elle. Je veux que chaque lapin vive dans de bonnes conditions, avec de l’espace et de l’attention. »

Aujourd’hui, Rashmita a terminé ses études secondaires et se consacre pleinement à son activité. « J’ai toujours rêvé d’avoir mon propre travail. Je veux être indépendante, faire quelque chose que j’aime et qui a du sens. » Elle réinvestit tout ce qu’elle gagne dans ses installations. « J’ai acheté de meilleures cages, du matériel plus sûr, et je garde toujours une partie pour la nourriture et les soins. »

Rashmita fait partie de cette génération de jeunes Mauriciens qui refusent de suivre les chemins tracés d’avance. « Je sais que ce n’est pas facile, reconnaît-elle. Il faut du courage pour se lancer. Mais si on aime ce qu’on fait, on finit toujours par réussir. »

Dans le jardin, le soleil de fin d’après-midi dore les feuilles de canne. Rashmita s’accroupit près de ses cages. Un petit lapin blanc s’approche d’elle, curieux. Elle tend la main, il grimpe sur son bras. « Ils sont ma famille, murmure-t-elle. Grâce à eux, j’ai trouvé ma voie. »

 

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