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Rapport intérimaire sur les courses hippiques : la suite se jouera en Cour

La plupart des protagonistes cités dans le rapport préliminaire sur les courses hippiques, déposé à l’Assemblée nationale, mardi, par Xavier-Luc Duval, ont fait part de leur intention de contester le document en Cour. Ils sont cités par les Britanniques Parry, Gunn et Scotney comme étant à l’origine des principales activités criminelles dans l’industrie.

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Paul Foo Kune, ancien Stable Manager, ancien bookmaker et ancien propriétaire de chevaux ; Budheswar Gujadhur, ancien entraîneur et copropriétaire du coursier Hard Day’s Night ; Gilbert Merven, ancien président du Mauritius Turf Club ; et Ian Paterson, ancien Chief Stipe du Mauritius Turf Club (MTC), ont tous fait part de leur intention d’aller en Cour après que leurs noms aient été cités dans le rapport intérimaire sur les courses hippiques.

Ce rapport, rédigé par Rick Parry (président), Ben Gunn et Paul Scotney (assesseurs), qui date de 2015, avait mystérieusement disparu du Bureau du Premier ministre, avant que Xavier-Luc Duval ne dépose une copie au Parlement mardi. Un cinquième protagoniste, Alain Salva, clerc de bookmaker, a exprimé sa surprise de figurer dans ce document, mais ne compte pas donner suite à l’affaire.

Foo Kune, Merven, Paterson, Salva et Bud Gujadhur sont des noms connus dans le giron hippique. Ils sont blâmés par les experts britanniques, qui les décrivent comme étant « those who are orchestrating the criminal activity».    

Enquête approfondie

Ces personnes doivent être, selon le rapport, les « principal targets » de toute investigation serrée. Selon Parry et ses assesseurs, ces acteurs du monde hippique sont les principaux suspects de « courses arrangées », en utilisant, à la fois, les marchés des paris légaux et illégaux.

Les experts britanniques préconisent la création d’une équipe d’enquêteurs qualifiés pour des enquêtes approfondies sur des cas suspects. L’escouade devrait être constituée principalement de policiers ayant une expérience d’enquêtes criminelles, des spécialistes des cas de fraude et d’évasion fiscale issus de la Financial Intelligence Unit (FIU), de l’Independant Commission Against Corruption (Icac) et de la Mauritius Revenue Authority (MRA). Ils soulignent, par ailleurs, que les investigations menées par les commissaires des courses et les membres de la Police des Jeux manquent de rigueur. Pour eux, il y a un manque de connaissances pouvant mener à la collecte de preuves pour traîner les magouilleurs devant la justice. « Des jockeys ont été suspendus et d’autres interrogés par la Police des Jeux. Il faudrait élargir le champ d’action et s’intéresser à d’autres acteurs de l’industrie », précise le rapport intérimaire. De plus, Parry, Gunn et Scotney mettent en garde contre les personnes qui doivent faire l’objet d’enquêtes. Elles ont, disent-ils, des « rapports privilégiés au sein du gouvernement et du judiciaire ».

Par ailleurs, le rapport fait mention de sept courses suspectes, courues entre 2012 et 2014, et citent les sanctions y relatives ; notamment au jockey irlandais Robbie Burke (12 semaines, Bandido Caballero) ; le Brésilien Fausto Durso (20 semaines, Gemmayze Street) ; le Mauricien Vijay Anand Bundhoo (3 mois, Man Of His Word) ; les Mauriciens Swapneel Rama, Nishal Teeha, Jean-Roland Boutanive et Dinesh Sooful pour des périodes allant de 2 à 18 semaines de suspension pour la course remportée par Zip It en 2013 ; le Mauricien Jeannot Bardottier (7 semaines, Monsieurnando) ; l’Italien Gregorio Arena (6 mois, Saziwayo) ; et le Mauricien Roby Bheekary (disqualification de 5 ans, Isipho).

En conclusion, la commission d’enquête sur les courses hippiques fait ressortir que les problèmes soulignés dans le rapport intérimaire sont « symptomatiques d’un malaise plus profond qui touche l’organisation, la gestion et la supervision des courses hippiques à Maurice. »


Recommandations du rapport Parry

Le rapport final de la commission d’enquête sur les courses avait été rendu public en 2015. Le président Rick Parry et les assesseurs Ben Gunn et Paul Scotney avaient fait 23 recommandations pour améliorer l’organisation et le contrôle des courses hippiques à Maurice. Les voici :

• Le retrait des ‘regulatory and governance functions’ du MTC, qui seront placées sous une « new independent Sports’ Governing Body called The Mauritius Horseracing Authority (MHA) ».

• La mise en place d’une structure spécifique pour la nouvelle MHA et de son ‘Integrity Unit’.

• Le MTC devra s’occuper uniquement des ‘Race Planning and Race-day operations’.

• Considérer le changement de statut du MTC de celui de « club privé » à une compagnie « with limited by shares and subject to Company Law ».

• Considérer la possibilité d’allouer une Sports Betting Licence au MTC pour lui permettre d’avoir sa propre compagnie de Totalisator (Tote).

• Voir comment on peut aider le MTC à « create and develop a commercial facility to enhance income generation ».

• La Gambling Regulatory Authority (GRA) doit avoir : 1) Un nouveau  président dynamique ; 2) un « clear strategic plan » ; 3) des ressources humaines adéquates avec l’expérience voulue et « fit for purpose » ; 4) le support technique avec un « complete upgrading of the Gambling Regulatory Authority Betting Control System (GRABCS) ».

• La Police des Jeux devra : 1) traiter les cas des paris illégaux en priorité ; 2) améliorer les ressources humaines qui devront avoir « the appropriate skills in betting and sports-related crime » ; 3) améliorer le support technique ; 4) s’assurer de meilleures « inter-agency cooperation and working practices » avec le MTC et la GRA, entre autres.

• La MRA devra aussi avoir une meilleure « inter-agency cooperation » avec le MTC, la GRA et la Police des Jeux, entre autres. Il faudra aussi considérer la mise en place d’un Memorandum of Understanding (MoU) pour améliorer tout cela.

• La Financial Intelligence Unit (FIU) doit prendre note de l’importance des informations concernant les « racing/betting offences » et elle devra améliorer son « inter-agency cooperation » dans ces domaines.

• Tout en notant les limites du champ d’action de l’Icac au sujet des « horse racing/betting matters », la commission propose que la Prevention of Corruption Act 2002 soit amendée pour pouvoir enquêter sur la « horse racing/betting corruption ».

• Que la MHA facilite les procédures pour l’obtention des licences des propriétaires et entraîneurs, tout en faisant les vérifications nécessaires dans les deux cas.

• L’abolition des postes de ‘Stable Manager’ et ‘Nominator’ avec seulement un entraîneur qui sera responsable de ses coursiers.

• Que la MHA facilite les procédures pour l’obtention des licences des jockeys en faisant les vérifications nécessaires. Elle doit s’assurer que les contrats de travail soient entre les jockeys et le MTC et non pas avec les entraîneurs. Des mesures doivent être mises en place pour surveiller le comportement des jockeys. La MHA devra aussi s’assurer du paiement d’un ‘proper living wage’, surtout aux jockeys mauriciens, et revoir le nombre de licences des jockeys mauriciens par rapport à la demande.

• L’adoption des procédures suivantes pour l’acquisition d’un nouveau coursier : 1) savoir le nom des propriétaires pour tous les chevaux importés ; 2) savoir les sources de financements de ces acquisitions ; 3) améliorer les procédures pour savoir le prix réel de tout nouveau coursier.

• Que la MHA soit responsable des services vétérinaires et des vétérinaires traitant les chevaux de courses.

• Que la MHA réfère les futurs cas de dopages de chevaux à la Police des Jeux. 

• Il faudra revoir certaines sections des ‘Rules of Racing’.

• Plus d’efforts de la part de la Police des Jeux pour combattre les paris clandestins.

• Avoir un système qui permettra des « debit betting facilities » chez les bookmakers ou les Totalisators, soit en personne ou en utilisant des « remote devices ».

• Plus de marge de manœuvres aux bookmakers pour l’introduction de nouveaux types de paris avec l’approbation de la GRA.

• Le MTC et la MHA ne devront pas avoir le pouvoir pour le ‘licencing’ des bookmakers.

Le coût revu à la baisse en deux ans

Différents chiffres circulent. Mardi, lors de la PNQ du leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a affirmé que £ 123 635, soit Rs 6 231 600, avaient été payées à Paul Scotney, Benn  Gunn et Rick Parry pour leur travail comme membres de la commission d’enquête.

Mais, le 24 février 2015, le chef du gouvernement d’alors, sir Anerood Jugnauth, avait révélé que les membres avaient reçu Rs 4 790 773,98 et qu’une « somme finale d’environ Rs 3 008 348 devra être déboursée à la réception du rapport final. » Cette dernière somme représentait les honoraires et dépenses pour le déplacement de deux commissionnaires vers Hong-Kong pour les besoins de l’enquête. Le rapport a été soumis en mars 2015. Selon la version du 24 février 2015, on parle donc de plus de Rs 7,8 millions.

Paul Foo Kune : Au centre de plusieurs polémiques

Homme d’affaires, ancien bookmaker, propriétaire de chevaux, Stable Manager et ex-propriétaire de Bet On Line et Play On Line, Paul Foo Kune a souvent été au centre de polémiques.

Paul Foo Kune  a été au centre d’un énorme scandale de courses truquées en 2000. Eric Chelin, un jockey sud-africain, alors sous contrat avec l’entraîneur Serge Henry, avait vendu les chances du coursier Main Beauty en assurant que le coursier allait perdre la course dans laquelle il était engagé. Paul Foo Kune, alors bookmaker, avait alors accepté de gros paris sur ce cheval. Sauf que Main Beauty avait gagné. Paul Foo Kune avait voulu récupérer son argent du jockey, mais toute l’affaire a éclaté. Eric Chelin est passé aux aveux et le Board des Commissaires administratifs avait, après enquête, disqualifié Paul Foo Kune pour une période de cinq ans.

L’homme d’affaires effectuera son retour en 2005, intégrant la défunte écurie Fok en tant que propriétaire de chevaux. Et, en 2011, il obtiendra sa licence de Stable Manager, et engage Budeshwar Gujadhur comme entraîneur. Paul Foo Kune fonde, entre-temps, les compagnies de paris Bet On Line (courses hippiques) et Play on Line (football). Il se retirera cependant de ces entreprises en raison de son engagement officiel avec le MTC.

L’écurie Paul Foo Kune sera sacrée championne en 2014. Année qui verra aussi l’éclatement du scandale Gemmayze Street. Ce coursier, doublure de l’écurie, sous la monte du jockey brésilien Fausto Durso, se lance dans une course suicide contre Albert Mooney aux avant-postes. Résultat des courses : Captain Firth, porte-drapeau de l’établissement Foo Kune, remporte la course.  Le mardi 2 juillet 2014, à l’issue de l’enquête des commissaires des courses, Fausto Durso écopera de 20 semaines de suspension. Le lendemain, il prend l’avion pour l’Afrique du Sud avant de rallier son pays natal.

Cela, après avoir obtenu le ‘clearance’ de la MRA pour quitter Maurice et sans avoir été inquiété par la police. C’est ce scandale qui sera le détonateur pour l’institution d’une commission d’enquête sur les courses hippiques. Paul Foo Kune se retrouvera aussi au centre d’une affaire l’opposant à Michel Lee Shim, dans laquelle des accusations de « trafic d’influence » ont été proférées, contre lui et qui a éclaboussé le judiciaire à la suite des arrestations des secrétaires des juges. Paul Foo Kune sera inquiété dans l’affaire de voitures importées sous le  Returning Resident Scheme. Début de la saison 2016. Le MTC décide de ne pas renouveler son enregistrement comme propriétaire. Depuis, les anciens chevaux de Paul Foo Yune courent sous le nom de ses deux, Bryan et Joey.

Accusé de paris illégaux

Paul Foo Kune et neuf autres individus ont comparu devant le tribunal de Rose-Hill le mercredi 5 avril 2017. Ils sont tous provisoirement accusés d’avoir joué au poker pour de l’argent, sans détenir un permis émis par la Gambling Regulatory Authority (GRA). Ils ont recouvré la liberté conditionnelle après avoir fourni chacun une caution de Rs 10 000 et signé un engagement de dette de Rs 100 000. Une interdiction de quitter le pays pèse aussi sur eux. Paul Foo Kune et ses amis ont été interpellés dns la nuit du mardi 4 avril, à Quatre-Bornes, par la Police des Jeux. Lors de cette perquisition, une somme d’environ Rs 1,5 million a été saisie.

Il défie Pravind Jugnauth

Son nom « a été jeté en pâture » à l’Assemblée nationale mardi dernier quand le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a, dans une réponse à Rajesh Bhagwan, déclaré ceci : « You were the Minister of Finance (allusion est faite à Paul Bérenger qui était ministre des Finances) and you gave the licence to Paul Foo Kune at that time. Bann mafia ! Ti pe finanss zot lerla. Mafia ! ».  Paul Foo Kune a réagi le même jour en lançant un défi au Premier ministre, Pravind Jugnauth : « Qu’il vienne dire combien de fois il m’a sollicité pour une aide financière ? Et qu’il rende public ce qu’il m’a dit dans le bureau de Rakesh Gooljaury à Quatre-Bornes en 2016. »

Gilbert Merven : Six fois président du MTC

Âgé de 65 ans, Gilbert Merven a été le président du MTC en six occasions, soit en 2007, 2008, 2009, 2012, 2013 et 2014. Il a aussi été membre du Board des Administrateurs en 2006, 2010 et 2011. Il travaille dans le privé en tant que consultant. 

Gilbert Merven a aidé l’industrie des courses à faire un bond en avant lors de ses mandats avec l’augmentation du nombre de journées, de chevaux et de ‘stakes money’ aux propriétaires. C’est sous sa gouvernance qu’il y a eu plusieurs améliorations au niveau de la piste, de l’organisation des courses, sans oublier le lancement du Week-end international. Mais, sa réputation prendra un grand coup, une première fois, avec l’affaire du « déjeuner dansant » à Chamarel, au Domaine Saint-Denis, le dimanche 5 juin 2012. Des photos de jockeys, entraîneurs, propriétaires, officiels du MTC et un ‘clerc’ de bookmaker faisant la fête avaient été publiées dans la presse. Gilbert Merven est cloué au pilori dans le rapport Parry en 2015.

Il a tenté son come-back au sein du Board des Administrateurs, en se portant candidat en février 2017. Il ne sera pas élu, ne recueillant que 239 voix pour terminer en troisième position derrière Frantz Merven (324) et Kamal Taposeea (321).

Ian Paterson : L’ex-Chief Stipe critiqué pour ses fréquentations

Ian Paterson débute sa carrière en 1976 à Newcastle, en Australie. Il a été Chief Stipe dans neuf pays. Après avoir officié dans son pays d’origine, il mettra le cap sur Macao, où il passera huit ans. Il avait fait une pige à Maurice en 2005 pendant quelques journées de courses. Il avait, en outre, sanctionné le jockey Jeffrey Lloyd.

Ian Paterson endossera ensuite la veste de Director of Racing et Chief Stipe du Mauritius Turf Club de 2008 à 2010 avant de passer deux années au Qatar Racing and Equestrian Club. Il effectue son retour au MTC pour prendre le poste de Chairman of Racing Stewards en 2013. En 2014, l’Australien tente l’aventure chinoise. Il est actuellement Chief Stipe au Nicosia Race Club en Chypre.   On lui reproche d’être un proche de Gilbert Merven et surtout le fait de s’être rendu à un dîner d’anniversaire de la fille de propriétaires de chevaux, à savoir les Buttié, le samedi 22 juin. Des jockeys étaient aussi présents ce jour-là.

Budeswhar Gujadhur : L’entraîneur le plus lourdement sanctionné

Budheswar (Bud) Gujadhur, qui a fait ses débuts d’entraîneur en 1984, a écopé d’une suspension de 20 journées et de Rs 200 000 d’amende à l’issue de l’enquête sur la course de Gemmayze Street en 2014. Le Comité d’appel avait annulé les sanctions prises à son encontre en tenant compte du jugement prononcé précédemment dans le cas du jockey Fausto Durso. La tenue d’une enquête de novo n’étant plus possible après le décès de Durso, l’arrêt des procédures a aussi été prononcé. Budeshwar Gujadhur a été l’entraîneur de l’écurie Guy Fok pendant de longues années. Cette aventure s’est arrêtée en 2010 avec 432 victoires au compteur. Il est revenu à la charge en 2011 en tant qu’entraîneur de la défunte écurie Foo Kune et il a passé la barre des 500 victoires en octobre 2013. Il a été sacré champion en 2014, mais sa licence d’entraîneur n’a pas été renouvelée par le MTC depuis 2015.
Bud Gujadhur a travaillé pendant 31 ans à la Banque de Maurice, de 1967 à 1998, et avait atteint le poste de Chief Manager et Managing Director. Il a ensuite rejoint Rogers Investment Finance Ltd. Il est actuellement Chief Treasury & Monetary Affairs Advisor au sein du CIM Group.

Alain Salva : L’ex-footballeur devenu employé de bookmaker

Il fêtera ses 42 ans dans les semaines à venir. Alain Salva est employé en tant que ‘clerc’ de bookmaker pour le compte de son épouse Martine qui détient un permis depuis 2008.

Alain Salva a connu une belle carrière de footballeur avant de raccrocher en 2008. Il a évolué au centre national de formation. Cet ancien avant-centre a été champion de D2 avec Pamplemousses SC en 2006. Et, ses nombreux buts marqués ont contribué au sacre de cette équipe en tant que champion de Maurice en 2008. 

Originaire du Ward IV, il a vécu à la cité Batterie-Cassée. Il habite Baie-du-Tombeau avec son épouse et ses deux filles âgées de 18 et 15 ans. Très pieux, il ne rate jamais la messe de 10 heures le dimanche dans sa paroisse.

 

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