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Rapport intérimaire de nTan: le cabinet d’audit KPMG critiqué

L’empire BAI s’est écroulé.
Les experts singapouriens n'ont pas été tendres envers l’auditeur du conglomérat BAI. Ils ont énuméré une liste d’entorses aux règles comptables. Le cabinet d’audit KPMG aurait dû alerter la Financial Services Commission (FSC) sur les entorses aux règles comptables ayant cours au sein du groupe British American Investment (BAI) en deux occasions au moins (soit en 2010 et en 2012). Et ce, en conformité avec l'article 43 de l'Insurance Act. C'est ce que souligne le consultant singapourien nTan dans un rapport intérimaire soumis à la Banque de Maurice en ce début de janvier. Il a été recruté pour effectuer un ‘forensic auditing’ des comptes des diverses sociétés du groupe BAI. La firme nTan rappelle que KPMG a audité les comptes du conglomérat depuis au moins 2004. Étant donc familier avec le groupe de Dawood Rawat, KPMG aurait dû s'assurer, selon le consultant singapourien, que les chiffres qui lui étaient présentés correspondaient à la situation financière réelle de son client. Les experts singapouriens pointent ainsi du doigt les Rs 3,6 milliards que la Banque des Mascareignes avait « virées » le temps d'une soirée sur les comptes de BA Insurance afin de faire accroire qu’elle était solvable. Ils évoquent aussi ses « related transactions » avec ses filiales, faisant que les sommes dues pouvaient difficilement être récupérées. Pour nTan, KPMG « n’a pas opéré conformément » aux International Financial Reporting Standards (IFRS).

Les reproches

Le consultant singapourien reproche notamment à KPMG d’avoir fermé les yeux sur les mouvements d'argent de la BA Insurance aux différentes sociétés du groupe BAI, même lorsque la limite permise a été largement dépassée. Tout comme lorsque la décision a été prise de créer BA Treasury Company, lors d'une réunion du Conseil d'administration du conglomérat en 2009, dans le but de contourner les nouvelles règles de l'Insurance Act de 2005 afin d'engouffrer l'argent de la BA Insurance. « It is unclear what kind of assurances or representations the management of BA Insurance could have provided to KPMG which resulted in KPMG giving an unqualified opinion on its audited financial statements for FY 2010 and FY 2012 », souligne nTan. Et de se demander : « What did KPMG do to assess issues raised? » Les experts singapouriens sont revenus sur les bilans financiers du groupe BAI pour la période 2007 à 2014. Ils soutiennent que les comptes ont été maquillés afin de diminuer les pertes. Ils notent que celles-ci représentaient en fait Rs 3,3 milliards en 2010, Rs 4,6 milliards en 2011, Rs 3,7 milliards en 2012 et Rs 3,1 milliards en 2013. Ce qui fait un total de Rs 14,7 milliards. Si le conglomérat avait mis la clé sous le paillasson en décembre 2013 et revendu ses actifs, il se serait tout de même retrouvé face à un trou de Rs 13 milliards. Mais il a continué à opérer en « transférant » Rs 17,7 milliards, obtenues de ses clients du pôle assurance et du Bramer Property Fund (BPF), vers ses différentes filiales. Le groupe BAI donnait, selon nTan, une « false image of profitability ».  C’est ainsi qu’elle a pu récolter Rs 45 milliards à travers son pôle assurance et Rs 5 milliards à travers le BPF entre 2007 et 2014. Le premier a avancé Rs 11 milliards et le second Rs 2 milliards. En scrutant les Rs 51,6 milliards récoltées à travers le plan Super Cash Back Gold, nTan indique que le conglomérat n’aurait jamais pu honorer ses promesses vu qu’il n'a généré que 3,3 % de retour sur ses investissements. Il aurait été incapable de rembourser Rs 31,2 milliards entre 2007 et 2014, n’ayant que Rs 1,6 milliard sous la main. D’où la nécessité de pousser les clients existants à continuer à investir et à trouver de nouveaux clients. Grosso modo, le conglomérat a investi Rs 7,2 milliards obtenues grâce à son pôle assurance dans ses différentes filiales : Rs 3,1 milliards dans son vaisseau amiral, Rs 2,5 milliards dans l'acquisition des biens immobiliers de l’hôpital Apollo Bramwell, Rs 250 millions dans les debentures de la Bramer Bank et Rs 1,4 milliard dans BPF et Bramer Bank.

« Technical fees »

Les experts singapouriens notent que le groupe BAI a empoché Rs 50,3 millions de BA Insurance en 2014 sous forme de « technical fees » après avoir été rappelé à l’ordre par la FSC à propos des « related transactions ». Ils disent n'avoir pu déterminer quels services le groupe a pu fournir à son pôle assurance pour justifier ce paiement. Une somme de Rs 450 millions a aussi été puisée du pôle assurance en faveur de KLAD, à travers Seaton, pour la privatisation du conglomérat. Mais l'argent n’est plus recouvrable, tout comme les Rs 236 millions en guise d'intérêt qui devaient être perçue sur cette somme.
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