Economie

Rapport du PRB: 85000 fonctionnaires dans l’attente

Le prochain rapport du Pay Research Bureau est attendu avec impatience par les fonctionnaires. Le dernier rapport remonte à 2013. Le PRB revoit les salaires et conditions de travail dans la Fonction publique. C’est le vendredi 9 octobre 2015 que le Conseil des ministres avait décidéque le rapport du Pay Research Bureau (PRB) sera publié en début 2016. Ce document concerne environ 85 000 fonctionnaires. Auparavant, un rapport était émis tous les cinq ans. Depuis 2013, le gouvernement a décidé que le rapport sera publié tous les trois ans. Cette année, c’est le premier rapport du cycle de trois ans qui sera présenté.
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/div> Le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrisna Sadien, explique, dans une interview à notre confrère, News on Sunday, que le rapport est attendu vers la fin de mars 2016, avec les recommandations appliquées avec effet rétroactif à partir de janvier 2016. C’est la première fois que le PRB prépare un rapport seulement trois ans après un précédent rapport. Radhakrishna Sadien veut un salaire décent pour les travailleurs, et il préconise aussi de mieux équiper les travailleurs et de leur donner la formation nécessaire, quel que soit leur statut ou hiérarchie. « Avec chaque rapport du PRB, on note que le fossé se creuse davantage entre le salaire du ‘Senior Chief Executive’ et le ‘General Worker’. C’est injuste, car ceux en haut de la hiérarchie bénéficient d’autres avantages que ceux au bas n’obtiennent pas. Le présent rapport doit saisir l’occasion pour rehausser les conditions de ceux au bas, afin d’attirer et de retenir des professionnels », explique-t-il. Le syndicaliste recommande aussi la mise sur pied d’une National Employment Agency pour gérer le recrutement du personnel au sein des ministères. « La délégation du pouvoir pour le recrutement dans le secteur public doit être interdite. Tous les postes vacants, même pour les ‘General Workers’ ou ‘Attendants’, doivent être publiés et la sélection faite de manière transparente.»

Le Civil Service College

Le ‘Civil Service College’ est enfin une réalité sous la férule du présent ministre de la Fonction publique, Alain Wong. Après la nomination du directeur général, le collège est en train de recruter le personnel nécessaire pour pouvoir fonctionner. En attendant, les cours de formation ont déjà débuté au sein de plusieurs ministères.

Public Service Bill

L’introduction d’un ‘Public Service Bill’ est opportune, selon Radhakrishna Sadien, car une telle loi apportera un soulagement dans la Fonction publique. « Il y aura toujours des hauts cadres du secteur public qui, pour leur intérêt personnel, feront tout pour plaire à un ministre. Ceux qui résistent savent à quoi s’attendre. Réalisez-vous que même en 2016, un ministre intervient dans l’exercice de transfert du personnel ? C’est pourquoi nous demandons que les postes comme le ‘Head of Civil Service’, ‘Senior Chief Executive’, ‘Financial Secretary’, entre autres, ne doivent pas être sur une base contractuelle. Les ‘Advisers’ et ‘Senior Advisers’, qui sont payés avec les fonds publics, doivent également être ramenés sous le ‘Public Service Bill’. »

Injustice

S’il y a une forme d’injustice en ce qui concerne les privilèges dont jouit un fonctionnaire, c’est bien le remboursement des droits de douane sur une voiture achetée ‘Duty Free’ lorsque l’officier quitte la Fonction publique. C’est un facteur qui concerne des centaines d’ex-fonctionnaires ayant décidé de se joindre à la Fonction publique. Alors que les parlementaires, qui obtiennent des facilités hors-taxes sur une voiture, ne sont pas tenus de rembourser après avoir essuyé une défaite électorale, les ex-fonctionnaires, eux, ne sont pas traités de la même façon. Plusieurs d’entre eux se battent contre cette injustice. Ils arguent que ce privilège est accordé à la personne, et non pas à la fonction, car le ‘Duty Free car’ est utilisé pour des besoins privés. Même s’ils quittent la Fonction publique pour travailler dans le secteur privé, la voiture est toujours utilisée pour le même ‘purpose’, c’est-à-dire véhiculer sa famille. « D’ailleurs, quand les facilités de ‘Duty Free’ sont accordées, la lettre officielle ne définit pas le ‘purpose’ exact de l’usage du véhicule. L’officier n’est même pas informé au préalable qu’il doit rembourser le montant de droit de douane exempté s’il quitte le service », explique un ancien fonctionnaire, qui souhaite que le prochain rapport corrige cette injustice, avec effet rétroactif.

Public vs Privé

À Maurice, nous avons un ministère de la Fonction publique pour 85 000 fonctionnaires et un ministère du Travail pour plus de 500 000 travailleurs du secteur privé. Alors que les salaires et conditions de travail dans le secteur public sont régis par le PRB, ceux du secteur privé sont déterminés par le National Remuneration Board (NRB), à travers des Remuneration Orders. À noter que tous les métiers du privé ne sont pas nécessairement couverts par les Remuneration Orders (RO). Les employés de la Fonction publique, dépendant de leur statut et rang dans la hiérarchie, sont aussi éligibles à d’autres bénéfices comme l’exemption des droits de douane sur une voiture (duty free car), passage benefits, etc. Dans la pratique, il y a une grande disparité entre les salaires du secteur public et ceux du privé. Dans une récente déclaration sur Radio Plus, l’ancien directeur du PRB, Beejaye Coomar Appanah, a dit que les hauts cadres du secteur privé sont mieux lotis que ceux du secteur public. Par contre, les employés au bas de l’échelle dans le privé sont bien moins lotis que leurs compères du secteur public. Il attribue ce problème à la tendance des firmes du privé à calquer les salaires sur les Remuneration Orders, qui n’indiquent que les salaires minimaux, alors que les compagnies auraient pu toujours payer plus.  
   

Arvind Nilmadhub: «Éliminer les disparités public-privé»

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13890","attributes":{"class":"media-image alignleft size-full wp-image-23123","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"467","alt":"Arvind Nilmadhub"}}]]L’économiste Arvind Nilmadhub propose que le gouvernement introduise un nouveau système de détermination de salaires et conditions de travail qui englobent à la fois le PRB et le NRB. « À un moment où l’on parle de salaire minimal, il faut penser autrement. Nous avons deux systèmes, et nous notons d’énormes disparités entre les secteurs public et privé. Il est temps de venir avec un système uniforme pour tous les Mauriciens indistinctement, qu’ils travaillent dans les secteurs public ou privé. Si les bénéfices doivent être partagés équitablement, même les sacrifices en temps de crise doivent également être partagés par tous », dit-il. « Par exemple, un cadre du secteur privé ne bénéficie pas des facilités hors-taxes sur une voiture, alors qu’il contribue également à l’économie. Dans le privé, les travailleurs sont tenus de respecter les ‘deadlines’, quitte à travailler jusqu’à fort tard ou pendant les week-ends, alors que dans la Fonction publique, si un dossier n’est pas terminé, le public doit attendre longuement pour avoir son permis, etc. Pour améliorer les services dans le secteur public, il faut imposer des délais, comme dans le cas du ‘Building and Land Use Permit’, où le délai prescrit pour traiter un dossier complet est de 15 jours. Évidemment, il faut alors donner les ressources nécessaires en termes de personnel, équipements, etc., afin que les délais soient respectés. En outre, chaque institution publique doit venir avec des ‘Guidelines’ élaborés, accompagnés des ‘Flow Charts’ expliquant la procédure exacte et le délai d’exécution, pour mieux informer le public. Cela éliminera les risques et tentatives de corruption et protégera les officiers. »
 

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