Rapport de la commission d’enquête sur la drogue : révélations, débats et mise en pratique du Master Plan proposés

Arvin Boolell, Tania Diolle, Selven Govinden et Arjoon Mohit ont animé un débat mercredi, à l’Université de Maurice, autour du trafic de drogue. À l’issue de l’exercice, ils ont confié leurs attentes concernant les conclusions de la commission d’enquête sur la drogue qui seront  soumises au président de la République par intérim. 

Le rapport « accablant » de la commission d’enquête sur la drogue qui est fin prêt fait déjà l’objet de discussions. Quatre intervenants issus de divers bords politiques ont été invités par l’Association of International Students of Economy and Commerce, le mercredi 11 juillet, à animer un débat. Celui-ci était axé sur les travaux de la commission et les mesures qui seront mises en pratique après la publication du rapport. Après l’exercice qui aura duré trois heures, les participants ont livré leurs points de vue. Ils n’ont d’ailleurs pas mâché leurs mots.

Arvin Boolell souhaite que le rapport Lam Shang Leen réponde aux attentes des Mauriciens. Le mal, selon le député du Parti travailliste, est le fait que la drogue soit devenue un fléau et que le pays se soit transformé en une véritable plaque tournante du trafic de drogue. L’intervenant a indiqué qu’il s’attendait à ce que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le commissaire de police, Mario Nobin, soient auditionnés. Mais tel n’a pas été le cas, a-t-il précisé.

« Le sort du rapport Lam Shang Leen ne doit pas être semblable à celui du directeur de l’Audit. C’est-à-dire sans aucun suivi. Je m’attends à des débats parlementaires sur le rapport concernant les réformes légales qui seront adoptées et que les institutions fonctionnent comme il se doit. Il y a un gros travail, en aval et en amont, à réaliser. Ceux dont les noms seront peut-être cités ont le droit de réclamer une Judicial Review », a souligné Arvin Boolell.

Parrain des parrains

Selven Govinden,  qui représentait Jack Bizlall du Muvman Premye Me, a, pour sa part, dit qu’il n’attendait rien du rapport Lam Shang Leen, car les audiences de la commission d’enquête se sont arrêtées brusquement lorsque les noms de proches du gouvernement ont été cités. « Le rapport de la commission apportera-t-il des changements réels ? Je pense que de nouveaux noms seront cités dans le rapport. Malgré cela, la mafia de la drogue continuera d’opérer à travers le pays. C’est un fait. Il y a bel et bien un parrain des parrains à Maurice. L’identité de ce dernier ne sera jamais connue. On entendra toujours parler du no 3 ou du no 4 du trafic sans en connaître le cerveau », a-t-il indiqué.

Arjoon Mohit du Reform Party, qui représentait Roshi Bhadain, s’attend, quant à lui, à ce que le rapport Lam Shang Leen soit porteur de « révélations ». « Le fléau de la drogue doit être traité à la racine », a-t-il soutenu. Il est d’avis que le rapport doit étaler, voire identifier, les causes du fléau de la drogue. « Il est important de savoir ce qui va se passer après la soumission du rapport. What next ? Le gouvernement prendra-t-il les actions nécessaires ? Un rapport, le plus beau soit-il, n’a aucune valeur sans actions concrètes », a déclaré Arjoon Mohit.

Encadrement et prévention

« Je n’attends rien du rapport de la commission d’enquête sur la drogue vu que le président de la commission, l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, s’est abstenu de prendre en compte les suggestions par rapport à la réhabilitation et à la santé publique. L’accent a été mis sur l’aspect répression du trafic », a expliqué Tania Diolle du Mouvement Patriotique.

Elle dit s’attendre à ce que des supports en matière de réhabilitation et de prévention « visant à encadrer le consommateur de drogue soient mis en place ». Tania Diolle se dit une fois de plus en faveur d’une « commission permanente » et de l’instauration de  conditions favorables à la lutte contre le trafic de drogue.