La viabilité du Central Electricity Board (CEB) et sa capacité à réaliser efficacement les projets énergétiques pour répondre aux besoins énergétiques du pays sont remises en question. Il a enregistré un déficit financier de plusieurs milliards.
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La performance financière du Central Electricity Board (CEB) suscite de profondes inquiétudes. Il a enregistré un déficit de Rs 32 923 307 pour l’exercice financier 2020-2021. Et le dernier rapport annuel révèle un déficit astronomique de Rs 4 196 728 028 pour l’exercice financier 2021/2022.
Les principales raisons mises en avant par le directeur général du CEB, Rajden Chowdarry, pour justifier cette situation déficitaire sont les deux périodes de confinement et le prix fioul lourd et du charbon. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine sont évoquées. Cette situation a affecté la rentabilité et les liquidités du CEB, entraînant des retards dans la réalisation de plusieurs projets. Par conséquent, plusieurs dépenses ont été revues.
Le CEB fait état des projets : Gas Insulated Switchgear Substations, Battery Energy Storage System d’une capacité de 20 mégawatts et Green Energy Solar PV Farm à Tamarind Falls, Henrietta, d’une capacité de huit mégawatts. La direction du CEB ne prévoit pas non plus une amélioration rapide de la situation financière. Rajden Chowdarry indique que la révision tarifaire approuvée par l’Utility Regulatory Authority (URA) le 1er février permet au CEB d’anticiper un redressement financier. Le CEB avance également que l’organisme reste à la merci des conditions macroéconomiques. Elles demeurent très volatiles et échappent à son contrôle. « Rester vigilant et réactif face à l’évolution constante du paysage économique mondial est impératif », ajoute Rajden Chowdarry.
Pour Khalil Elahee, chargé de cours à l’Université de Maurice et expert du dossier énergétique, il faut retenir que le CEB était déficitaire pour l’année financière 2021-22. « Depuis il y a eu une hausse de tarif qui cible une catégorie de consommateurs de 300 à 400 kWh mensuellement. Ce qui a pour conséquence une augmentation significative des revenus. Le CEB a engrangé au moins Rs 1 milliard tous les mois. »
Il estime que le CEB n’est pas dans le rouge. Il fait abstraction des différents transferts de fonds qu’il y a eu par le passé au détriment du CEB. Celui-ci subventionnait même à un moment le prix du sucre payé aux planteurs. « Aujourd’hui nous savons que le cours du sucre a atteint des sommets », fait-il remarquer. En revanche, là où la situation s’annonce plus inquiétante, c’est au niveau du déficit entre la fourniture et la demande « Il faut s’attendre à un pic maximal de la demande en jour de semaine l’été prochain. La fourniture est la prérogative du ministère et doit aussi engager tous les acteurs dans une maîtrise de la demande comme l’Energy Efficiency Management Office », ajoute-t-il.
La priorité qu’accorde le CEB au gaz naturel liquéfié l’inquiète. « C’est un investissement massif de plus de Rs 20 milliards et je ne pense pas que c’est dans l’intérêt du CEB. La solution se trouve dans les énergies renouvelables qui ont été d’un apport considérable en janvier 2022 quand il y a eu une demande maximale sur le réseau. Or, il n’est pas clair si le CEB a pour mission première et mandat prioritaire de mettre en œuvre les projets d’énergies renouvelables. Par exemple, pour le solaire domestique seulement 112 kW sur 10 MW, soit environ 1 % a été atteint en juin 2022 parce que le modèle de Gross Metering du CEB n’attire pas », explique-t-il.
La situation du CEB préoccupe l’opposition parlementaire. Le député du Parti travailliste (PTr), Patrick Assirvaden, qui préside le dossier de l’énergie chez les rouges, est inquiet. « Le ministre Lesjongard nous avait accusés de démagogie, mais le rapport annuel du CEB prouve que nous avions raison concernant la situation financière désastreuse de cet organisme. Il dénonce le démantèlement de compagnies subsidiaires du CEB : le CEB Green Energy et le CEB Facilities. Qu’a fait le ministre pour récupérer l’argent investi (Rs 1,2 milliard) investi dans les filiales qui ont été démantelées ? », demande le député. Il pointe du doigt les Rs 3,2 milliards qui ont été puisées dans les réserves du CEB et qui ont été transférés vers le consolidated fund. Pour lui, le CEB ne pourra pas remplir son rôle de facilitateur de l’économie mauricienne et être le vecteur de la transition énergétique. « C’est préoccupant en raison de la gestion du CEB et de celle de Lesjongard », déclare-t-il.
Selon lui, il est de plus en plus évident que le CEB ne pourra pas accompagner Maurice dans sa transition énergétique. « Le CEB admet désormais que tous ses projets sont en retard, et que sa situation financière l’empêche de résoudre le problème. Le ministre prétend que tout va bien, alors que le CEB coule comme le Titanic », conclut-il.
Une augmentation du tarif est peu probable
Il est peu probable que la situation déficitaire du CEB entraîne une nouvelle augmentation du tarif de l’électricité. À cause des élections générales de 2024 à l’horizon, il est peu probable que le gouvernement approuve une nouvelle hausse du tarif.
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