L’accès au Morne est ouvert au public, depuis le 24 juillet dernier. Cette montagne, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, culmine à plus de 550 mètres d’altitude et l’arrivée au sommet offre une vue imprenable sur la partie sud-ouest du pays. Nous nous y sommes rendus.
11h30. Nous arrivons enfin sur le site à la fois riche en émotion et en histoire. Sur place, on nous demande de laisser nos coordonnées dans un cahier. C’est probablement le moyen que les autorités ont trouvé pour connaître l’influence des visiteurs à la montagne Le Morne Brabant. Empruntant un sentier en pente et rocailleux, l’aventure peut enfin commencer. C’est parti pour 3,5 kilomètres. Marchant à notre aise, nous engloutissons les deux premiers kilomètres à l’ombre d’arbres gigantesques.
Il a beau être midi, et pourtant aucun rayon du soleil n’arrive à se frayer un passage dans cette végétation dense. Ce qui ne nous arrange guère, car il commence à faire froid. Cependant, la température n’allait pas tarder à grimper au fur et à mesure de notre ascension. Et pour cause, les choses commencent à se compliquer. La fatigue, s’invitant aux jambes et aux mollets, nous force bien malgré nous à avoir une respiration haletante. Mais qu’à cela ne tienne, nous avons encore de jus dans les jambes et la volonté pour avancer.
Une belle expérience
En route, nous croisons Jean-Baptiste et Laure Juchault-Montana qui, eux, sont déjà sur le chemin du retour. Ces touristes venus de France se sont fait un devoir de faire l’ascension de cette montagne. « Cela en vaut le détour ! La vue pendant toute la montée est magnifique. Il faut, certes, être en bonne condition physique pour s’attaquer à cette randonnée ; surtout lors des derniers mètres qui demandent une petite notion en escalade. Mais sinon, cela s’est très bien passé pour nous », soulignent-ils.
Des touristes, nous en croiserons plus d’une vingtaine pendant l’ascension. Certains s’y sont même rendus avec leurs enfants, à l’instar d’Arnaud Loulier. « Je suis venu avec mon épouse et mes deux enfants. Les petites n’ont pas pu monter jusqu’au sommet parce c’est un peu compliqué. Elles sont donc restées avant leur mère pendant que moi, je montais. Maintenant, je suis avec elles pendant que mon épouse converge vers le sommet. En tout cas, c’est une très belle expérience. »
Les Mauriciens n’ont également pas hésité à faire le déplacement. Nous rencontrons Savishen Ramsamy avec quelques amis. « Nous avons pris un jour de congé spécialement pour venir faire l’ascension de cette montagne. C’est un peu dur. Mais, nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin », nous confie cet habitant de Mahébourg, sous le regard de ses amis visiblement essoufflés. Et au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers le sommet, la végétation commence à se faire rare, tout comme l’oxygène d’ailleurs.
Place à l’escalade. Ce versant de la montagne est tellement abrupt qu’il est presque impossible de continuer sans une corde. Heureusement que les autorités en ont placé dans les endroits qui sont difficiles d’accès. Les jambes et les mollets en compote, nous devons maintenant affronter le vent, qui prend de vraies allures de bourrasques à 300 mètres d’altitude. À ce stade de l’ascension, le corps ne carbure qu’à la force mentale.
Sentiment de fierté
Les cheveux hirsutes, nous arrivons enfin au bout d’une heure et 40 minutes sur le toit du... Morne. Il y fait un froid de canard. Le vent parfois violent n’arrange en rien la situation. Le premier réflexe est de nous mettre sur un petit rocher pour respirer un bon coup, avant de sourire et se dire : « Nous l’avons fait ! ». Reprenant petit à petit nos esprits, nous décidons de puiser dans nos dernières réserves d’énergie pour aller à la rencontre d’un groupe d’amis.
Aurélie Chong se propose comme la porte-parole. « C’est une aventure que nous avons tenue à vivre entre amis. L’ascension a été très dure, mais nous sommes très contents d’y être arrivés. » S’adonnant à un petit pique-nique sur le sommet de la montagne, les sœurs Hannah et Kelly-Ann Lam redoutent maintenant la descente. « L’ascension n’a pas été une sinécure. Mais nous sommes en haut, il va bien falloir redescendre », lancent-elles avec le sourire.
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