La concrétisation de l’alliance entre le PTr, le MMM et le PMSD a été confirmée par les trois leaders. Leur objectif, dit-il, est de redonner espoir aux jeunes, tout en veillant à ce que Pravind Jugnauth quitte la tête du pays.
«Il est devenu crucial de débarrasser le pays de ce gouvernement mafieux. Les Mauriciens doivent retrouver leur liberté et respirer. » Déclaration du leader du Parti travailliste (PTr), Navin Ramgoolam, face à la presse, samedi. La concrétisation de l’alliance entre le PTr, le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) a été officiellement annoncée par les trois leaders.
« Je peux confirmer que nous irons ensemble aux prochaines élections. Nous nous sommes rencontrés le mercredi 12 juillet avec quatre membres de chaque parti pour deux raisons. D’abord, pour peaufiner le programme commun et, deuxièmement, afin de fixer les dates où nous allons descendre sur le terrain pour des congrès à travers le pays », a annoncé l’ancien Premier ministre.
Un premier congrès a ainsi été fixé pour le 28 juillet prochain dans la région de Mare-d’Albert pour les circonscriptions nos 11, 12 et 13. Par la suite, un autre congrès se tiendra au mois d’août dans les circonscriptions nos 15, 16 et 17.
Le leader des rouges fait un constat alarmant de la situation à Maurice. « C’est la première fois depuis 1968 que nous sommes en train de témoigner d’une situation pareille. Partou kot gete katastrof : la corruption, la drogue, l’état de l’économie, la répression, le népotisme, la situation du law and order ainsi que nos institutions. La liste est longue », ajoute-t-il. Le leader du PTr fait également état de la passivité des autorités mauriciennes face à de nombreux délits.
Concernant la situation au Parlement, Navin Ramgoolam rappelle qu’auparavant, il était rare qu’un député soit expulsé ou suspendu. Aujourd’hui, déplore-t-il, c’est devenu la norme.
Le leader du PMSD Xavier-Luc Duval affirme, lui, que la concrétisation de cette alliance permettra à l’opposition parlementaire d’être sur le terrain « pour aller à la rencontre de l’île Maurice profonde ». « Ensemble, nous allons apporter un discours fédérateur », assure-t-il.
Il se dit également très préoccupé par l’exode des Mauriciens : « Je me demande même si j’ai eu raison d’insister auprès de mes trois enfants pour qu’ils retournent à Maurice. Ceux qui sont en train de revenir se demandent aujourd’hui s’il y a un avenir à Maurice. Il y a les raisons économiques, la qualité de la vie, la confiance dans les institutions, ainsi que la situation de la drogue. »
Xavier-Luc Duval déplore aussi les conditions dans lesquelles le Finance Bill sera présenté au Parlement mardi. Selon lui, ce projet de loi comprend plusieurs clauses qui n’ont pas été évoquées dans le budget : « Il nous faut examiner chaque ligne de ce Finance Bill pour comprendre où il peut y avoir des ‘trucages’. » Selon lui, des amendements seront apportés afin, notamment, de permettre au gouvernement de prendre le contrôle du Medical Council et du Dental Council. Il salue, dans la foulée, la démission de Raj Nuckcheddy du Medical Negligence Standing Committee. « Il a démissionné parce que Jagutpal a menti au Parlement », allègue-t-il.
Commentant, lui aussi, la situation au Parlement, le leader du MMM s’est montré très critique à l’encontre du Premier ministre Pravind Jugnauth. « Se bann zafer san presedan », ajoute-t-il en réaction aux multiples expulsions. « C’est le seul Parlement au monde où il y a de telles choses. » Pour Paul Bérenger, avec la tenue prochaine des élections générales, ce sera l’occasion de reprendre la vie du pays en main.
À l’heure des questions
Qu’en est-il de la répartition des tickets ?
Ramgoolam : Ce sont des choses secondaires.
Quels sont les grands points sur lesquels repose cette alliance ?
Ramgoolam : Nous sommes aujourd’hui dans une situation sans précédent. Regardez le cas de la syndicaliste Yogita Baboo, qui a été suspendue parce qu’elle a parlé sur une radio. Le PTr, le MMM et le PMSD s’unissent pour sauver le pays. La répression est partout.
Lors des prochaines élections, nous aurons d’un côté Pravind Jugnauth ek so bann Franklin, Sobrinho… et de l’autre côté de vrais patriotes qui veulent relancer l’économie. Il nous faut en finir avec les barons de la drogue. Nous représentons l’espoir pour un vrai changement. Il nous faut relever les défis. Nous sommes une équipe expérimentée et nous accueillerons également des jeunes talents.
Nous lançons aussi l’appel pour qu’il n’y ait pas de division. Il faut rassembler autour de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Bizin fou zot deor enn fwa pour toutes. Il faut savoir voter. Il faut faire de sorte que le parrain et ses tontons Macoute deor pou touzour.
Bérenger : Il nous faut réfléchir à un autre système électoral. L’actuel est enn vre malediksyon pou Moris. L’alliance PTr-MMM-PMSD est ouverte au dialogue avec l’opposition extra-parlementaire. Lorsqu’on présente des candidats partout, cela favorise le MSM. Dans ma propre circonscription, Deven Nagalingum et moi avons été élus. Enn madam (NdlR : Jenny Adebiro) pann eli parski ti ena enn kandida extraparlmanter ki finn gagn 2 000 vwa e sa finn fer Collendavelloo rantre. Il ne faut pas faire le jeu de Pravind Jugnauth.
Duval : Le Parlement sera un vaste chantier législatif. Nous devons travailler sur plusieurs thèmes : le système électoral, le fonctionnement du Parlement, où il faut revoir les standing Orders, la manière de procéder aux nominations dans les institutions, la prolifération de la drogue, la refonte de la police, la lutte contre la corruption, le système de Public Procurement, le changement climatique, le fonctionnement de la Banque de Maurice...
La porte est-elle ouverte aux partis extra-parlementaires ?
Bérenger : Nous pouvons discuter avec ceux qui veulent des tickets. Mais pas n’importe qui et pas n’importe comment.
Ramgoolam : Nous sommes ouverts au dialogue. J’ai déjà parlé à Rezistans ek Alternativ, mais pas n’importe qui.
Qu’en est-il de la composition du Front Bench ?
Ramgoolam : Le PTr sera la locomotive. Mais nous ne parlerons pas du Front Bench. Il nous faut parler du programme et faire partir Pravind Jugnauth comme Premier ministre.
Quel est votre message aux jeunes pour qu’ils retrouvent espoir ?
Ramgoolam : Ce que nous pouvons dire à jeunesse, c’est que nous allons redonner l’espoir. Aujourd’hui, il n’y a plus de méritocratie, il faut aujourd’hui être proche de lakwizinn.
Bérenger : Le viol de la méritocratie désespère beaucoup de jeunes. Ils sont nombreux à avoir témoigné des sacrifices de leurs familles et n’ont pas droit à un travail qu’ils méritent, car la méritocratie est violée. Il nous faut éliminer toutes les atteintes à la démocratie et à la méritocratie. C’est l’une de nos priorités pour sauver Maurice.
Duval : Nous avons aujourd’hui 40 000 Mauriciens qui sont qualifiés, mais qui doivent se contenter de travailler dans des call centers. Le devoir du prochain gouvernement sera de réformer notre économie.
Ramgoolam : En termes de nominations, il faut revoir le système. Il nous faut un système similaire à celui des États-Unis, où les candidats doivent se présenter devant un comité de sélection afin de déterminer leur éligibilité.
Comptez-vous proposer des changements à la Constitution ?
Ramgoolam : Nous parlerons de cela plus tard. Mais il faut aussi revoir la manière de nommer le Speaker.
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