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Ramesh Teelanah: contrôleur, cet observateur avisé de nos mœurs

Ramesh Teelanah
C’est à lui que vous tendez votre ticket de bus, le  « Ticket Examiner», qu’on appelle aussi « Traffic Officer ». Ce poste de responsabilité à la CNT, Ramesh Teelanah l’assume aujourd’hui après 30 ans de service. À quelques années de la retraite, il parle des contraintes qui ont jalonné sa carrière, mais aussi d’un job qui lui a permis de faire vivre décemment sa famille. Il en a vu de toutes les couleurs durant sa longue carrière. Du policier avec lequel il s’est battu parce qu’il ne voulait pas payer son ticket, jusqu’aux adolescents turbulents et menaçants originaires de certaines localités précises. « Ce sont des situations très tendues où on est mis à rude épreuve. Durant trois ans, j’ai travaillé comme contrôleur « relief » et jusqu’à 2009, j’ai été affecté au service de nuit sur le trajet de Port-Louis à Curepipe. Cela vous forge un moral d’acier », explique Ramesh Teelanah, 57 ans, marié et père de 3 enfants. Depuis ses premiers jours à la CNT jusqu’aujourd’hui, cet habitant de Terre-Rouge a été aux premières loges pour observer les mutations comportementales de la société mauricienne. « Dans un autobus, on voit chaque jour comment les mêmes personnes changent. Quand je faisais le service de nuit, c’était une autre attitude, je pouvais deviner si un individu a passé, ou non, une bonne journée. » L’autobus est surtout un lieu privilégié d’observation de l’évolution vestimentaire, explique Ramesh Teelanah. Mais, les tendances varient d’une ligne à une autre, selon les professions. « Aujourd’hui, on note que les femmes sont beaucoup mieux habillées, parce qu’il y a une diversité dans leurs vêtements, et aussi, elles font plus attention au physique. Mais, il n’est pas toujours facile de faire la différence entre les employées de bureau et des caissières ou salesgirls, par exemple. Elles s’habillent toutes de la même façon. »  

Les jeunes assis au fond

Ce qui, en revanche, préoccupe Ramesh Teelanah et l’ensemble des employés du transport en commun, c’est le comportement de certains collégiens. Mais, selon notre interlocuteur, ici encore, il ne faut pas les stigmatiser tous. « Le personnel des autobus connaît ces localités où les problèmes sont récurrents, où la confrontation est souvent proche entre jeunes et receveurs. Nous savons que les collégiens qui choisissent de s’asseoir au fond des bus sont ceux-là mêmes qui occasionnent des problèmes.» Comment réagir face à ces épreuves de force, lorsqu’elles interviennent durant les heures de pointe ? « Ces jeunes-là savent qu’on n’ira pas au poste de police, parce que les passagers doivent se rendre au travail. Ils jouent là-dessus », explique Ramesh Teelanah. Mais les chauffeurs et receveurs sont-ils au-dessus de toute critique ? « Non, s’empresse-t-il de répondre. Moi-même, j’ai fait des rapports sur certains travailleurs, et des sanctions ont été prises lorsque la faute a été établie. On sait que certains bus ne s’arrêtent pas pour prendre des personnes âgées. Mais, je m’efforce de convaincre les chauffeurs et receveurs que leur métier est leur avenir. » Aujourd’hui, poursuit Ramesh Teelanah, le transport en commun est confronté à des mutations de la société, en raison du développement foncier, de l’apparition de nouvelles zones d’habitation, mais aussi de la sophistication de certaines catégories professionnelles. « Les voitures sont devenues un ‘must’ pour certaines familles, elles caractérisent leur statut social, mais elles représentent un budget. C’est pourquoi l’autobus reste le moyen idéal et pas cher pour la majorité des Mauriciens. Mais, il faut moderniser notre flotte et former le personnel afin de rehausser le niveau du service. » Cette nouvelle image du transport qu’il appelle de ses vœux doit impliquer l’ensemble des opérateurs du transport en commun. « Il faut une volonté politique pour mettre au pas les opérateurs individuels, lesquels, souvent, ne respectent pas les règlements », conclut Ramesh Teelanah.
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