La prospérité de l’économie mondiale à partir des années 1980 ont permis aux banques de « s’engraisser », selon le gouverneur de la BoM. Ramesh Basant Roi affirme que les banques mauriciennes détiennent l’équivalent de 300 % du PIB national, ce qui rend le secteur sensible.
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« Les capitaux des banques du monde entier comparés au produit intérieur brut (PIB) (de leurs pays) sont choquants. La totalité des banques mauriciennes détiennent l’équivalent de 300 % du PIB national, c’est très sensible. Nous devons être très prudents. Le secteur financier est à Maurice aujourd’hui ce qu’était le secteur de la canne à sucre en 1968. La stabilité financière est donc primordiale ». Ce sont les propos de Ramesh Basant Roi, gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM). Il rappelle que dans les années 1980, 1990 et 2000 de nombreux événements majeurs à travers le monde, comme la chute du Mur de Berlin en 1989, puis l’avènement d’Internet et les innovations technologiques ont eu des impacts positifs sur la prospérité mondiale « et les banques ont commencé à s’engraisser ».
Incompréhension
Ramesh Basant Roi s’exprimait, le jeudi 6 avril, à la Lunch Room de l’Assemblée nationale devant un parterre de fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce extérieur. Ce ministère a organisé une conférence animée par le gouverneur de la BoM afin de sensibiliser son personnel au rôle de la Banque centrale et de la politique monétaire.
Ramesh Basant Roi estime qu’il existe une incompréhension de la part de la société, et notamment des fonctionnaires, sur le rôle de la BoM. « Le gouverneur de la BoM n’est pas élu par la population. La politique fiscale est contrôlée par des élus (ndlr : le gouvernement et notamment le ministre des Finances), mais la politique monétaire est tellement sensible qu’elle ne peut pas être contrôlée par des politiciens élus pour cinq ans. Il faut une visibilité sur le long terme. La BoM doit être indépendante, mais le gouverneur ne peut faire ce qu’il veut. Si le gouverneur n’est pas indépendant, le comité de la politique monétaire l’est. L’indépendance des banques centrales a pour objectif final de contrôler l’inflation. Avec une grande contribution de devises étrangères dans le PIB, la politique monétaire est cruciale», explique le gouverneur de la BoM.
Présent à cette conférence, Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce extérieur, n’a pas manqué de faire les éloges de Ramesh Basant Roi. « De tous les gouverneurs que la BoM ait connus, il est le seul banquier central de carrière. Il a commencé au bas de l’échelle et est aujourd’hui le meilleur. Un ministre des Finances a besoin d’un gouverneur qui a un sens de l’éthique et dont les compétences sont reconnues par les institutions internationales », lance-t-il.
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