Economie

Ramesh Basant Roi: «Le détournement de fonds est à la base des prêts non productifs»

Ramesh Basant Roi en compagnie de Pierre Guy Noël (MCB) et Kee Chong Li Kwong Wing (SBM).
Rehausser le niveau de vigilance. Empêcher des emprunteurs rusés de profiter des failles du système bancaire pour détourner des fonds à des fins non commerciales. Ce qui risque de mettre en péril la stabilité financière du pays, estime le gouverneur de la Banque centrale. « L’une des raisons-clés expliquant la hausse de prêts en souffrance et de prêts improductifs, c’est parceque des emprunteurs détournent les fonds de la principale activité à laquelle cet argent est destiné », a affirmé Ramesh Basant Roi, ce vendredi 27 novembre, lors du dîner annuel de la Banque de Maurice pour les principaux opérateurs économiques. « La facilité avec laquelle un client ayant du retard ouvre un compte auprès d’une nouvelle banque (avec pour objectif de détourner l’argent pour financer des activités non commerciales) est une préoccupation majeure d’un point de vue de stabilité financière ». Maurice dispose d’un système financier centré sur les banques. Les actifs des banques représentent le triple du produit intérieur brut. Donc, on ne peut sous-estimer l’importance de ces institutions. Au pays, les principales enseignes bancaires sont la MCB, SBM, Barclays, Bank One, HSBC et National Commercial Bank, entre autres, d’une liste de 23 institutions ayant un permis d’opération du régulateur. Les banques sont regroupées au sein de la Mauritius Bankers’ Association.

Efficacité

Au 31 août, le montant total des emprunts et facilités bancaires a été de Rs 279,7 milliards. Cela représente une hausse de 5,5% par rapport à août 2014, selon les données de la Banque de Maurice. De ce montant, Rs 29,7 milliards ont été octroyées à des particuliers, en baisse sur les 12 derniers mois. Force est de constater que la hausse dans le crédit est attribuée aux prêts et facilités accordés au secteur privé. « Il n’y a aucun doute que c’est le devoir de l’industrie bancaire de mettre fin à de tel détournement de fonds », fait ressortir Ramesh Basant Roi. « Une association de banques, bien intentionnée et compétente, avec l’objectif de promouvoir une industrie bancaire solide, aurait déjà dû résoudre cette situation », indique-t-il. Pendant une heure, dans un silence quasi religieux, en présence de plus de 200 invités, le gouverneur de la Banque de Maurice s’est appesanti sur la nécessité de mettre fin à toute influence politique dans la réglementation des banques.

Influence politique

« La réglementation et la supervision des banques relèvent de la Banque de Maurice et ne peuvent être prises à la légère. Les politiciens doivent rester à l’écart des instances de régulation et de supervision », a-t-il déclaré, se référant à l’octroi de permis d’opération à des institutions financières. Un exercice qui ne peut être soumis, en aucun cas, à l’influence politique. Notons qu’en 46 ans, cinq permis ont été retirés. Cette année, début avril, la BoM a révoqué le permis de l’ex-Bramer Banking Corporation Ltd. Il y a fait référence sans pour autant en mentionner le nom. « Pas un seul officier de carrière de la Banque de Maurice ne ressent un quelconque plaisir sadique à la révocation d’un permis d’opération d’une banque, car l’arrière-goût est connu pour être très désagréable. La BoM détient le permis de tuer une banque en difficulté, comme on l’a fait comprendre à beaucoup d’entre vous. Le pouvoir de révoquer un permis d’opération d’une banque ne doit pas être interprété comme le doigt chatouilleux d’un homme déprimé sur la gâchette d’un pistolet chargé », devait affirmer Ramesh Basant Roi.
Publicité
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !