Actualités

Ramesh Basant Roi: «C’est comme si Maurice se tirait une balle dans le pied»

Ramesh Basant Roi (à g.), vendredi soir, lors d’un dîner organisé par Barclays Mauritius.
C’est un gouverneur de la Banque centrale très remonté qui s’est exprimé publiquement à deux reprises, vendredi, pour défendre la confidentialité bancaire. Ramesh Basant Roi faisait référence à l’affaire SBM-Lutchmeenaraidoo. Sortie en règle du gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) contre les personnes impliquées dans la diffusion dans les journaux des détails du crédit accordé à Vishnu Lutchmeenaraidoo par la State Bank of Mauritius (SBM). Ramesh Basant Roi s’exprimait lors d’un dîner organisé par la Barclays Bank le vendredi 18 mars, au Réduit, dans le cadre du Nouvel An chinois. Selon lui, des banques subsahariennes font face à d’énormes difficultés en raison d’un manque de crédibilité. Le gouverneur craint que l’affaire du prêt accordé à l’ancien ministre des Finances provoque les mêmes retombées à Maurice. « Des dossiers privés ne peuvent être étalés sur la place publique. C’est comme si Maurice se tirait une balle dans le pied. Les journalistes doivent faire preuve de patriotisme », fulmine Ramesh Basant Roi. Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse au siège de la Banque centrale, à Port-Louis, le gouverneur avait ciblé la direction de la SBM. Ramesh Basant Roi a expliqué qu’il a eu une discussion avec Jairaj Sonoo, Chief Executive de la SBM, au sujet de cette fuite dans la presse. Le gouverneur lui a réclamé de fermes explications et a confirmé que la SBM avait initié une enquête interne pour déterminer l’origine de la fuite. « Alors que nous voulons transformer l’île Maurice en un centre financier, certains veulent nuire à sa réputation. Il y aura des répercussions. C’est pourquoi il faut impérativement sanctionner quand il y a des fuites. La discipline doit primer au sein d’une banque, il faut protéger la confidentialité bancaire. Il y a trop de fuites, trop de fuites non fondées, trop de palabres dans la presse. J’ai reçu des appels du Fonds monétaire international (FMI) et de Moodys’, qui se demandent ce qui se passe à Maurice. Comme vous le savez, la SBM est notée par Moody’s. Et c’est moi qui dois défendre les banques, défendre Maurice contre ces diffamations. On veut créer des jobs et en même temps, on crée du désordre. Pour les services financiers, si la confiance n’existe pas, il est très difficile d’attirer les investisseurs. » Ramesh Basant Roi a aussi évoqué les difficultés rencontrées par les institutions bancaires africaines, dont la réputation est ternie pour, notamment, blanchiment d’argent. Dans un mémoire rédigé par Jean-Yves Angra, de l’Institut national polytechnique de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, on peut lire : « En Afrique, la corruption politique est d’autant plus destructrice qu’elle frappe des pays aux structures administratives peu aguerries, aux ressources limitées et aux équilibres économiques fragiles. Il ressort de ce qui précède que le blanchiment de capitaux, en plus de déstabiliser les économies africaines, pourrait ternir leurs réputations auprès des partenaires financiers internationaux. Ces derniers se garderaient donc d’investir dans des pays jugés financièrement risqués ou vulnérables. Toute chose qui, à la longue, ne favoriserait pas les efforts de réduction de la pauvreté dans ces pays ». C’est justement cette réticence des investisseurs étrangers à injecter des fonds à Maurice que Ramesh Basant Roi souhaite éviter à tout prix.
Publicité
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !